Thèse : le témoignage de Clélia, qui cherche le meilleur thème
On peut dire que Clélia n’a pas choisi son sujet de thèse professionnelle à la légère. Myriam Greuter relate son expérience dans Bien rédiger son mémoire ou son rapport de stage, publié aux éditions l’Etudiant. Extraits.
Pour clore son mastère spécialisé (niveau bac+6) en intelligence scientifique, technique et économique, l'étudiante de l'ESIEE (École supérieure d'ingénieurs en électronique et électrotechnique, en Seine-Saint-Denis) avait trois exigences : elle voulait travailler sur un sujet de terrain, utile à l'entreprise où elle effectuerait son stage, et qui puisse lui servir dans sa carrière à venir.
Pour parvenir à ses fins, Clélia a préféré patienter, et même refuser les sujets qu'on lui proposait. Fière de la problématique qu'elle a finalement traitée, Clélia nous montre qu'il vaut parfois mieux bien réfléchir et attendre de trouver « le » bon objet d'étude, plutôt que de s'engager sur de fausses pistes, ou de rendre un travail banal.
Préparer le terrain
En explorant le plus tôt possible les pistes de sujets potentiels, on augmente d'autant ses chances de trouver le thème de ses rêves.
Réfléchir à son sujet à l'avance
« Je n'avais pas pensé aux sujets avant de commencer mon stage, raconte Clélia. Pendant le début de l'année, nous avions été pressés comme des citrons, accaparés par les cours et de multiples projets qui nous prenaient jusqu'à onze ou douze heures par jour.
Mais surtout, je n'ai pas voulu cogiter sur mon futur sujet de thèse car j'avais décidé qu'il serait lié à l'entreprise dans laquelle je ferais mon stage. Or j'étais parisienne, et mon stage se déroulait dans le Sud : je ne pouvais donc pas connaître à l'avance les possibilités d'enquête sur place (bibliothèques et spécialistes de l'intelligence économique auprès de qui trouver de l'aide).
Les intervenants de notre mastère avaient probablement raison quand ils nous encourageaient à réfléchir assez tôt à notre futur sujet : lorsque c'est possible, il vaut mieux y penser avant le stage. »
Ne pas écouter les pessimistes
Quand on cherche un sujet ambitieux, mieux vaut ne pas trop prêter l'oreille à certaines remarques décourageantes. Étudiante en mastère, Clélia en témoigne.
« Après presque trois mois, se souvient-elle, j'étais la seule étudiante de ma promo à ne pas encore avoir défini mon sujet. "Tu ne trouveras jamais", "Tu vas te retrouver avec un thème pourri", me prédisaient certains élèves. Bien sûr, j'étais un peu stressée, mais je ne me suis pas laissée démoraliser – et finalement, j'ai rédigé un mémoire bien plus intéressant que certains étudiants qui avaient opté pour un sujet depuis près de deux mois ! »
« Lorsque je suis arrivée dans le groupe de défense où j'allais passer six mois, poursuit Clélia, mon maître de stage ne savait pas que je devais rédiger une thèse. J'aurais dû le lui préciser, pour qu'il cherche plus tôt des pistes de sujets. Le mémoire que je devais rendre n'a en effet rien à voir avec un compte-rendu de stage, comme on peut en faire en licence.
La thèse professionnelle est un travail de recherche appliquée, d'une centaine de pages, à mi-chemin entre un mémoire et une thèse. L'analyse des tâches à accomplir au quotidien dans mon stage ne pouvait donc donner lieu à une étude comme celle que l'on me demandait. »
Ne pas s'arrêter au premier sujet venu
Avant de trouver le sujet de ses rêves, Clélia a refusé une, puis deux problématiques qu'on lui suggérait. Une attitude ambitieuse... et finalement payante.
Refuser les sujets inadaptés ou insipides
« Au bout d'un mois dans l'entreprise, se souvient l'étudiante, mon maître de stage m'a proposé de réaliser une analyse en vue de choisir un meilleur outil informatique. Or, j'avais envie d'un travail de terrain, sur les ressources humaines... et non logicielles ! Je souhaitais aussi que l'objet de ma thèse soit assez vaste et général pour me servir ensuite dans ma recherche d'emploi. Bref, le sujet qu'on me proposait ne m'intéressait pas.
La proposition de mon maître de stage n'était de toute manière qu'une simple suggestion de sa part. Nos rapports étaient cordiaux, et il souhaitait avant tout que je m'attelle à un sujet qui me motive, pour lequel j'obtiendrais certainement de meilleurs résultats. J'ai donc tout simplement répondu que la piste qu'il avait envisagée était trop limitée, et que je ne pourrais remplir qu'une vingtaine de pages (au lieu de la centaine qu'on me demandait).
Environ deux semaines après ce premier refus, le directeur de mon mastère m'a de son côté suggéré de choisir dans la région un tuteur de thèse compétent en intelligence économique. Or, la personne que j'ai trouvée, déjà très occupée, m'a proposé, sans grande conviction, la première idée qui lui passait par la tête – un sujet à mes yeux insipide. Non merci ! J'ai dit que je réfléchirais, et nous ne nous sommes jamais revus. »
Choisir un sujet ambitieux (ou pas ?)
« Quand on refuse des propositions de sujets, constate Clélia, il faut assurer deux fois plus derrière. Je conseillerais de voir ces refus comme des challenges. Pour ma part en tout cas, j'avais envie de montrer de quoi j'étais capable. Je voulais trouver un sujet à la fois ample et original, apporter du nouveau, et être utile au plus grand nombre dans l'entreprise. Bref, je voulais réussir mon intégration dans la structure et marquer un peu les esprits.
C'est une question de tempérament : dans ma promo, plusieurs étudiants considéraient le mémoire comme une simple obligation scolaire. Moi j'y voyais un tremplin pour une future carrière. Pour l'heure je galérais, mais je savais que je trouverais un sujet qui m'intéresserait... et finalement, je n'ai pas regretté mon choix. »
Choisir le bon tuteur pour définir un bon sujet
Le choix du tuteur de mémoire influencera généralement beaucoup votre travail, et ce, dès la définition du sujet.
« J'avais envie de retravailler sous la direction d'un consultant qui était intervenu durant mon mastère, se souvient Clélia. J'avais pu mesurer ses compétences, et je savais qu'il saurait m'encadrer si je me frottais, comme je le désirais, à un sujet de terrain. À l'inverse, si j'avais souhaité traiter une problématique plus théorique, j'aurais certainement choisi d'être supervisée par un universitaire.
C'est ce consultant qui m'a incitée à opter pour mon sujet de thèse professionnelle. Par la suite, il a su recadrer mon travail, vérifier les questionnaires que je m'apprêtais à envoyer, examiner les conclusions que je tirais après mes entretiens. Même lorsque mon maître de stage et le directeur de mon mastère ont jugé mon sujet "peu réaliste", je ne me suis pas découragée : j'ai écouté mon tuteur de thèse, qui, lui, savait de quoi il parlait. Et tout s'est finalement bien passé. »
Limiter son sujet
Que l'on s'attelle à une problématique particulièrement vaste ou ardue, plus l'on est audacieux dans le choix de son sujet, plus il faut circonscrire l'objet de son étude – pour éviter de se noyer.
Enfin une piste passionnante !
« C'est finalement presque trois mois après les autres élèves, grâce au professionnel qui allait devenir mon tuteur de thèse, que j'ai découvert un sujet enthousiasmant, reprend Clélia. Au bout de deux mois et demi de stage, j'ai en effet repris contact avec un intervenant de mon mastère que j'avais beaucoup apprécié. J'avais bien songé à réaliser un audit de la veille stratégique dans mon entreprise, mais l'idée était restée vague.
Au téléphone, mon futur tuteur de thèse m'a montré les avantages de ce sujet, notamment toutes les rencontres que j'allais faire au sein de la hiérarchie. J'étais emballée. L'intérêt du sujet explique que je me sois autant investie dans ma thèse : j'ai parfois passé cinq heures pour réaliser un entretien ! »
Restreindre son champ de recherche
« Mon tuteur m'avait toutefois prévenue : "Vu qu'il ne te reste que trois mois pour mener ton étude et rédiger ta thèse, ce sera chaud", m'a-t-il dit. J'ai tenu compte du manque de temps, et restreint mon champ de recherche, explique Clélia. J'ai listé la petite vingtaine d'interlocuteurs indispensables (j'aurais pu en interroger davantage, mais j'aurais manqué de temps pour soigner mon analyse).
J'ai également évoqué plus rapidement certains aspects, comme les brevets – laissant la porte ouverte à d'autres études ultérieures. On ne peut pas tout étudier, pas plus dans un audit que dans un mémoire ! En fait, à vouloir tout traiter, on finirait par survoler.
Quand on définit son sujet, il faut donc penser à poser des limites à sa problématique, sans oublier de compter assez de temps pour rédiger au calme, peaufiner la présentation et préparer sa soutenance. Tous ces éléments compteront en effet beaucoup dans l'appréciation finale... quand bien même l'étudiant aurait trouvé le plus beau sujet du monde ! »
Ne pas confondre le sujet et le titre du mémoire !
Peu importe si l'objet de votre étude n'a pas encore de titre définitif : « Il ne faut pas confondre sujet et titre du mémoire, souligne Clélia. Pour mon mastère, j'ai mis trois mois à trouver le sujet de ma thèse professionnelle.
Le titre exact de mon travail (« Comment optimiser la veille stratégique dans l'entreprise XY ? Vers quelles évolutions ? »), je ne l'ai en revanche formulé qu'à la toute fin de la rédaction, juste avant la soutenance. Comme une bonne introduction de dissertation, le titre s'écrit en effet à la fin. Et quand on a bien cerné et bien traité son sujet, il vient naturellement ! »
À lire, aux éditions de l'Etudiant
Bien rédiger son mémoire ou son rapport de stage, de Myriam Greuter
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