Décryptage

Université : une place en master vous est-elle garantie ?

adobe place master
Depuis la mise en place de la sélection à l’entrée en master en 2017, un droit à la poursuite d’études a été créé. © Monkey Business/Adobe Stock
Par Amélie Petitdemange, publié le 21 avril 2022
7 min

Depuis la mise en place de la sélection à l’entrée en master en 2017, un droit à la poursuite d’études a été créé. Pourtant, de nombreux titulaires de licence se retrouvent sans master en raison de places insuffisantes.

Chaque année, de nombreux diplômés de licence n’obtiennent pas de master. En cause : une sélection accrue et un manque de places dans les filières très demandées, comme le droit, les STAPS ou la psychologie.

Pourtant, un droit à la poursuite d’études a été mis en place en même temps que la sélection. Concrètement, si vous demandez un master pour lequel vous n’avez pas le niveau requis, l’université peut vous refuser. Mais en l’absence de propositions, le rectorat doit vous proposer trois masters dans le cadre du droit à la poursuite d'études.

Une sélection pour mieux orienter les étudiants vers le master

Mais, une place en master vous est-elle garantie à l'issue de votre licence ? "C’est un vrai débat que je mène devant les juridictions. Si on croit les textes votés, oui. La sélection n’a pas pour objet de filtrer ni de diminuer le nombre d’étudiants mais de mieux les orienter", explique Rémy Dandan, avocat spécialisé dans le droit des étudiants.

En pratique, le droit à la poursuite d’études n’est pas correctement appliqué, pointe l'avocat. "Certains étudiants ne reçoivent pas de proposition d’admission car il n’y a pas suffisamment de places. Cette situation est liée à un manque de moyens et à un déni de réalité du ministère".

Des étudiants créent Vitemonmaster

L’année dernière, le mouvement des #EtudiantsSansMaster a mis un coup de projecteur sur la situation de ces jeunes laissés sans solution. Même avec un diplôme de licence validée, de nombreux étudiants ont témoigné des refus qu'ils ont reçus de nombreux masters.

Cette année, des étudiants en troisième année de licence ont créé la plateforme participative Vitemonmaster, qui recense le nombre de places dans les formations. A ce jour, environ 750 masters sont recensés, avec le nombre de places disponibles en 2021 et en 2022. L’initiative est encore à ses débuts mais la tendance est pour l’instant à la diminution du nombre de places. Les chiffres sont donnés par des étudiants ou par des syndicats.

Si les données ne peuvent pas être vérifiées, le co-créateur du site, Loup Bensoam, affirme qu’elles sont publiées uniquement si elles sont confirmées par plusieurs personnes. "Le but, c’est d’avoir beaucoup de participation pour aller vers les chiffres les plus probables. Nous avons aussi un filtre pour empêcher la même personne de publier un trop grand nombre de fois", explique l’étudiant en troisième année à Sciences po.

Mieux informer sur le nombre de places en master dans les universités

Il a lancé Vitemonmaster avec quatre amis en troisième année d’université pour informer et rassurer les étudiants. "On ne sait pas si les places supplémentaires annoncées par le gouvernement ont vraiment été créées [La ministre de l’Enseignement supérieur avait annoncé la création de 3.000 à 4.000 places à la rentrée 2021. Les masters concernés n’ont jamais été précisés, NDLR]. L’objectif du site, c’est de voir la dynamique globale par master, de savoir si la formation visée est en tension et si ça va s’aggraver", explique Loup.

La plateforme du gouvernement Trouvermonmaster est en effet trop imprécise selon l’étudiant. "Il y a le nombre de places cette année mais pas celui de l’année dernière. Cela donne très peu d’information. Quand on est angoissé par cette situation, ce n’est pas un site qui vous rassure". Trouvermonmaster a été enrichi à la rentrée 2022 avec les attendus et le taux de succès, mais certaines fiches sont encore incomplètes à ce jour.

Selon Loup, savoir qu’une filière est en tension permet de relativiser l’angoisse d’être refusé. "Quand on sait que les places n’augmentent pas dans une filière en tension, le refus n’est pas vu comme un échec individuel, un manque d’investissement ou de travail". Cette initiative permet aussi de réaliser que d’autres étudiants sont dans la même situation. "Un étudiant est seul pour déposer sa candidature, seul face au refus, et souvent il n’en parle pas car il a honte. Pourtant, on est tous dans le même bateau", témoigne Loup.

Des recours sont possibles pour obtenir une inscription en master

Lorsqu’un étudiant n’a pas de place en master après avoir obtenu sa licence, deux solutions s’offrent à lui. Si les modalités de sélection du directeur de master sont illégales, il peut contester le refus. Un recours qui peut s’avérer compliqué, car il faut connaitre les critères qui autorisent la sélection et trouver la délibération qui concerne votre sélection. "Certaines universités sélectionnent uniquement sur le niveau puis écartent l’étudiant en invoquant un manque de place", illustre Maître Dandan.

Le deuxième recours, plus connu, consiste à faire valoir son droit à la poursuite d’étude auprès du rectorat afin de recevoir des propositions d’admission. Pour cela, vous devez remplir plusieurs conditions : avoir obtenu votre licence il y a moins de trois ans, n’avoir reçu aucune réponse positive à vos candidatures en master, avoir effectué au moins cinq candidatures dans des masters compatibles avec votre licence, dont au moins deux mentions de master distinctes dans au moins deux établissements d’enseignement supérieur.

Si le rectorat ne vous fait pas de propositions, comme l’a évoqué Rémy Dandan, vous pouvez demander au tribunal administratif de l’enjoindre de le faire. "Je dois défendre énormément d’étudiants qui n’ont pas de master, raconte Rémy Dandan. Cela rajoute de l’injustice à l’injustice, car des étudiants ont les moyens de se payer un avocat et d’autres non".

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