Actu

Utile ou pas, un double master en droit ?

Par Dominique Perez, publié le 04 novembre 2014
1 min

Prolonger ses études en préparant un deuxième master juridique, est-ce l'assurance de trouver plus facilement le job de ses rêves ? Oui, à certaines conditions…

Droit : code civil, code pénal. Édition Dalloz //© AlcelVision - Fotolia.comAvoir deux M2 sur votre CV : pourquoi pas si vous pouvez justifier votre stratégie de formation face à un recruteur. // © AlcelVision - Fotolia.com.

Peur de ne pas s'insérer avec un seul diplôme, désir de se réorienter ou de se spécialiser... il n'est pas toujours facile pour les diplômés d'un M2 (master 2) de droit de plonger directement dans le grand bain. Alors, nombre d'entre eux affichent deux masters 2 sur leur CV. Est-ce conseillé ou non ? Pour les recruteurs, tout est possible ou presque à condition que ce choix corresponde à une vraie stratégie.

Montrez que votre parcours de formation a du sens

"Certains étudiants qui ne trouvent pas d'emploi après leur master pensent qu'il leur manque des compétences académiques", constate Béatrice Piazza-Paruch, directrice du BAIP (bureau d'aide à l'insertion professionnelle) de Paris 1. Ils s'accordent une période de transition en préparant un deuxième master. "Sans suffisamment se poser la question de la pertinence de leur candidature", poursuit Béatrice Piazza-Paruch. Or le risque est d'estimer que n'importe quel master fera l'affaire. Et de laisser croire – à tort – qu'on recule le moment d'entrer dans la vie active.

Tout est question de cohérence quand on se retrouve face à un recruteur, qui va juger le parcours d'après le projet professionnel du diplômé, et les apports de sa formation. "Quand on a un premier master très généraliste, par exemple en droit des affaires, et que l'on veut se spécialiser dans le domaine bancaire, on peut préparer un master 2 en droit bancaire et financier, cela a du sens. Si on souhaite s'orienter vers la fiscalité, et que l'on a déjà un master 2 incluant la fiscalité, je ne vois pas l'intérêt d'en obtenir un autre !" souligne Janick Pascal, responsable des ressources humaines de Taylor Wessing.

Un moyen d'approfondir une spécialité


Le double master se justifie si vous souhaitez approfondir une spécialité particulière – que vous avez découverte lors d'un stage par ­exemple –, ou si cette double formation vous permet de vous immerger dans un autre univers. "Choisir de préparer un master de droit des affaires après un master de droit européen peut montrer une volonté de conforter ses choix", estime Géraldine Raynaud, responsable de recrutement de Norton Rose. "Après un master en droit de l'urbanisme, par exemple, on peut souhaiter préparer un master dans un domaine complémentaire, en géographie par exemple", indique Béatrice Piazza-Paruch.
 

Attention à  bien considérer deux autres critères déterminants d'embauche, qui restent les meilleures portes d'entrée : les stages et le niveau de langue
 

Mais on peut également choisir de suivre un double master pour ajouter sur son CV le cachet d'une grande école de commerce ou de management, qui, pour nombre d'entre elles, ont une offre de masters adaptés aux besoins des cabinets juridiques. Les recruteurs apprécient les doubles compétences en droit des affaires et fiscalité par exemple, ou finance, ou management... acquises dans cet univers. HEC et Paris 1 l'ont bien compris, qui se sont associés pour proposer un double diplôme grande école-master droit des affaires et fiscalité de la Sorbonne.

Ne négligez pas l'anglais


Bien des étudiants, préparant un master dans une grande école après en avoir obtenu un premier à l'université, viennent ­d'abord décrocher le "label" qui va valoriser leur CV. "Dans certains domaines, les recruteurs vont rechercher plus que de simples diplômés en droit, reconnaît Denis Simon, responsable relations entreprises et carrières des facultés de droit de l'Université catholique de Lille. Les grands cabinets d'avocats d'affaires français ou anglo-saxons ont tendance à recruter des ­diplômés en droit qui ont effectué soit un parcours de grande école qu'ils ont intégré en master 2, soit un mastère spécialisé. C'est rassurant pour eux, notamment parce que les cours sont à 60 ou 70 % en anglais. Même si les bonnes facultés de droit font du droit des affaires depuis bien longtemps !"

Ce choix assure, dans certains cabinets juridiques, une rémunération supérieure aux universitaires, mais il n'est pas non plus le sésame absolu. Attention à bien considérer les deux autres critères déterminants d'embauche, qui restent les meilleures portes d'entrée : les stages – ils peuvent aussi apporter une complémentarité – et le niveau de langue.

"Je préfère un candidat qui a un très bon niveau d'anglais et un seul master, plutôt qu'un candidat disposant de deux masters mais dont le niveau en anglais est insuffisant", résume Stéphanie Plé, responsable de recrutement de Taj. Une formation complémentaire peut s'acquérir par une expérience concrète en cabinet ou un séjour à l'étranger, avec autant de sens ­parfois qu'un double master. 

Vous aimerez aussi

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !