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A. Goudey, DGA numérique de Neoma : "Nos étudiants d’aujourd’hui utiliseront demain l'IA dans l’entreprise"

Voici 5 conseils pour bien utiliser l'intelligence artificielle
Voici 5 conseils pour bien utiliser l'intelligence artificielle © Supatman/Adobe Stock
Par Ariane Despierres-Féry, publié le 26 juin 2024
1 min

L’intelligence artificielle est entrée dans nos vies avec l’arrivée de Chat GPT. Devant la déferlante, autant avoir les bons réflexes pour une bonne utilisation de l’IA. Alain Goudey, directeur général adjoint en charge du numérique de Neoma Business School, vous donne cinq règles d’or pour bien utiliser l'IA.

Vous utilisez quotidiennement l’IA ou n’avez pas encore sauté le pas ? Vous vous demandez comment bien vous servir de l’intelligence artificielle dite générative, afin que celle qui écrit et crée pour vous ne pense pas pour vous ?

Nous avons recueilli les conseils d'un expert sur les usages de l’IA, Alain Goudey, directeur général adjoint en charge du numérique de Neoma Business School, qui a déjà formé 6.000 étudiants et ses personnels.

Alain Goudey, Directeur général adjoint en charge du numérique chez Neoma
Alain Goudey, Directeur général adjoint en charge du numérique chez Neoma © David Morganti/Neoma BS

Cinq règles d’or pour bien utiliser l’IA

  • Règle N°1 : Se former à l’IA

  • Règle N°2 : Repérer les "hallucinations" de l’IA

  • Règle N°3 : Avoir conscience des stéréotypes véhiculés par l’IA

  • Règle N°4 : Se méfier de la désinformation propagée par l’IA

  • Règle N°5 : Ne pas considérer l’IA comme un outil magique

Vous insistez sur le fait qu’il est indispensable de se former à l’IA, pourquoi ?

Certains étudiants sont très curieux, ils explorent, testent, se forment efficacement aux nouveaux outils. Quand d’autres voient l’IA uniquement comme un levier pour faire les choses à leur place et minimiser leur temps sur leurs devoirs. Pour éviter cet usage simpliste se résumant au "copier-coller", une seule solution : se former, s’informer, tester plusieurs outils. Car chaque entreprise d’IA dira qu’elle a le meilleur outil.

Nos étudiants d’aujourd’hui utiliseront demain l'IA dans l’entreprise. S'ils n’ont pas été formés pour développer des pratiques construites et réfléchies, ils ne pourront pas les utiliser en tant que professionnels… et les conséquences d’un "copier-coller" en entreprise, sans réflexion ou vérification, peuvent être très problématiques (mauvaises décisions, conséquences graves, etc.).

Attention, la formation ne se limite pas à identifier les outils qui vous conviennent, bien les utiliser, bien écrire les prompts (une instruction, que l’on envoie à un algorithme d’intelligence artificielle), il s’agit aussi de comprendre les limites et dérives possibles de l’IA, et l’importance de cadrer vos propres usages

Justement, on parle d’"hallucinations" concernant l’IA, que sont-elles et comment les repérer ?

L’IA dite générative génère du contenu à partir d’un modèle de langage. Elle peut répondre à une infinité de prompts, les questions que vous lui posez, les commandes que vous lui adressez. Sa spécificité est d’être entraînée sur des données (données d’entraînement), puis, en continu par ses créateurs (renforcement humain) et également en se nourrissant des données que nous lui fournissons en l’interrogeant.

Si l’IA générative commet une erreur ou invente une information à un moment dans la construction statistique de sa réponse, l’erreur va se propager et s’amplifier dans la réponse générée, c’est structurel aux modèles de langage (LLM). Elle peut ainsi produire une réponse fausse ou trompeuse présentée de manière "factuelle" et "affirmée". On parle alors d’hallucination de l’IA. 

L’assertion peut être discrète voire pernicieuse, ce peut être une date, un chiffre par exemple. Si on automatise une tache via une IA, on comprend aisément comment une erreur s’amplifie. D’où l’importance de ne jamais copier-coller la réponse d’une IA sans l’avoir relue et validée, dans le moindre détail.

Vous soulignez également l’importance de prendre conscience que les IA propagent des stéréotypes culturels et des biais ?

Les résultats d’une IA dépendent de ses données d’entraînement et de ses modèles de langage pour l’IA générative. Certains modèles peuvent comporter des biais selon la manière dont ils ont été conçus. Par exemple, dans MidJourney (IA permettant de générer des images, NDLR), si vous demandez à visualiser un chef d'entreprise, il apparaît comme un homme blanc de 40 ans, quand une secrétaire est une jeune femme dans une tenue affriolante…

À cela s’ajoute le fait que les modèles de langage sont naturellement imprégnés de culture, donc d’une certaine vision du monde. Lorsque l’on sait que les modèles dominants d’IA sont à ce jour américains, on comprend comment ils peuvent propager des stéréotypes, des idées, une culture venue des États-Unis. Les IA chinoises sont, elles aussi, en train de monter en puissance. 

L’important est donc d’en avoir conscience pour prendre le recul nécessaire par rapport aux réponses que vous apportent les IA.

Chat GPT, N°1 des IA génératives
Des usages
90%

On parle beaucoup de désinformation véhiculée par les IA, là encore comment s’en prémunir ?

Quand certains dénoncent l’IA comme un danger, une technologie qui va remplacer les humains, voire détruire l’humanité, d’autres l’ont parfaitement intégrée comme canal de désinformation.

Là encore, la seule manière de dépasser les fausses idées et les pièges de l’IA est de tester, se former pour se faire sa propre opinion et apprendre à repérer les deepfakes. Il faut s’efforcer de dépasser le bruit ambiant propagé par l’IA.

Vous appelez aussi à ne pas considérer l’IA comme un outil magique ?

Dans son état actuel, l’IA ne fera pas demain tout à la place de l’humain. N’en faisons pas un fantasme. Elle reste un outil à l’usage des humains, utilisé sous leur supervision et leur impulsion. 

L’IA n’est pas créative. Ce n’est pas un défaut, tout simplement, elle n’a pas été créée pour l’être. Les IA ont été créées pour générer du contenu, pas en inventer.

Autre chose :  en dépit de recherche ou de tests sur les agents IA, les IA ne passent pas encore d’une tâche à l’autre, elles ne mènent pas (encore) de processus. Là encore, c'est un fonctionnement propre à l’humain.

Enfin, comment gagner en productivité grâce à l’IA ?

Les IA peuvent en revanche être très vertueuses pour réaliser des tâches permettant à l’humain de gagner du temps. On estime entre 30 et 35% le gain de productivité possible chez une personne qui maîtrise très bien les outils.

La maîtrise des outils d’IA est progressive, en les connaissant, en les testant, et en les utilisant. Il y a aussi des techniques pour bien s’en servir selon ses usages : créer sa propre bibliothèque de prompts, adaptée à ses différents usages et centres d’intérêt, développer ses réflexes d’usages, en ciblant ceux qui sont les plus utiles pour son quotidien.

Pour aller plus loin

Vous pouvez consulter le blog IA d'Alain Goudey : https://alain.goudey.eu/side/ 

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