Découverte

À l'initiative d'étudiants, un master sur l'urgence écologique va voir le jour à Lyon

Le master a vocation à réunir des étudiants en sciences de l’ingénierie, en sciences politiques, ou encore en management.
Le master a vocation à réunir des étudiants en sciences de l’ingénierie, en sciences politiques, ou encore en management. © Adobe Stock/Rawpixel.com
Par Anouk Passelac, publié le 07 juin 2023
6 min

Former une nouvelle génération de décideurs, capables de comprendre les enjeux du changement climatique dans leur globalité : dès 2024, ce rêve d'étudiants lyonnais pourrait devenir une réalité. Leur demande a été entendue par plusieurs grandes écoles de la région, qui préparent la création d'un master commun.

L’initiative est inédite. En mars dernier, onze organismes étudiants de Lyon (69) ont proposé à leurs établissements la création d’un nouveau master intitulé "Politiques de l’urgence écologique". Une proposition saisie au vol par les établissements membres du Collège des hautes études de Lyon Sciences (le CHELS, un regroupement de divers établissements d’enseignement supérieur*), qui planche déjà sur les maquettes de cette nouvelle formation.

À l’heure où l’enseignement supérieur entame sa mue pour mieux intégrer la transition écologique à ses maquettes pédagogiques, cette initiative venue des principaux concernés est donc tombée à pic. Et elle montre l’attente grandissante de la jeunesse sur cette thématique.

Sciences expérimentales, humaines, politiques et de l'ingénieur

Selon un communiqué publié en mars 2023, le cursus imaginé par les étudiants "permettrait de former une nouvelle génération de décideurs et décideuses, doté(e)s d’une diversité d’outils nécessaires à la bonne compréhension des bouleversements écologiques et des réponses à leur apporter".
Autre fait inédit : plutôt que de n’aborder les enjeux environnementaux que sous un seul angle, les étudiants proposent une approche pluridisciplinaire. "L’idée, c’est de mêler les sciences expérimentales, les sciences humaines et sociales, les sciences politiques et celles de l’ingénierie", explique Arthur Boutiab, étudiant à Sciences po Lyon, à l’origine du projet.
"La pluridisciplinarité permet d’avoir une vision systémique de l’urgence climatique", poursuit le jeune homme. Or, aujourd’hui encore, à revers de la vision systémique, c’est la pensée en silo qui prédomine : les politiques publiques pensent l’économie en silo, de manière détachée. Il faut la repositionner dans le cadre des limites planétaires. C’est important d’avoir un socle pluridisciplinaire pour comprendre ces enjeux", illustre-t-il.

"Influer sur la trajectoire nationale"

Le master a vocation à réunir des étudiants en sciences de l’ingénierie, en sciences politiques, ou encore en management, qu’ils soient issus du CHELS ou non. Tous seraient réunis pour pouvoir, une fois sortis de l’enseignement supérieur, mettre à profit leurs compétences et leurs connaissances dans "le monde des décideurs" : dans les administrations publiques, les entreprises, les organisations internationales, la recherche… Le master a donc pour ambition, et non des moindres, "d’influer sur la trajectoire nationale", explique Arthur Boutiab.

"Je trouve que c’est une excellente idée, réagit Anne-Sophie Chambost, enseignante à Sciences po Lyon et référente du CHELS. Un master pluridisciplinaire serait tout à fait nouveau. Et cela montre l’envie d’agir des étudiants."

"Il y a une demande forte des entreprises, ajoute Pascal Ray, directeur de Centrale Lyon. Il faut donc mieux former à la prise de décisions et à la conduite de projets en prenant en compte la dimension écologique."

Constitution d'un groupe de travail

La suggestion des étudiants est survenue au moment où le CHELS entamait une réflexion pour mettre en place une formation initiale dédiée aux enjeux de la transition écologique. Une formation continue à destination de personnes déjà en poste est aussi sur la table.
Comme les grands esprits se rencontrent, un groupe de travail mêlant étudiants, représentants des établissements du CHELS et enseignants doit se réunir en juin pour décider de la forme concrète que prendra cette formation.
"On veut être rapide et efficace dans sa mise en œuvre", explique le directeur de Centrale Lyon. Il propose une formation d’un an avec des cours dispensés par différents établissements membres du Collège et débouchant sur un diplôme d’établissement. Les étudiants, eux, plaident pour un master en deux ans, permettant la délivrance d’un diplôme reconnu par l’État. "On voudrait que ce master soit reproductible ailleurs en France", ajoute Arthur Boutiab.

Ouverture dès 2024 ?

Pour être soutenus dans leur démarche, les étudiants ont sollicité plusieurs personnalités du monde politique, dont quatre députés. Le maire de Lyon a, lui aussi, appuyé la démarche, tout comme son adjointe à la vie étudiante et à la démocratie locale, Chloé Vidal : "Je tiens à les féliciter. On a vraiment besoin de formation de ce type, où l’on croise les regards. Avec ces visions du monde qui s’hybrident, de nouveaux savoirs se créent. D’autant que l’on doit revoir toute la politique à travers le prisme de l’écologie."
Dans un communiqué, le CHELS précise son ambition de mettre en place cette nouvelle formation à la rentrée 2024.
* Le CHELS regroupe divers établissements : l’Ecole Centrale de Lyon, Sciences po Lyon, l’École normale supérieure de Lyon, VetAgro Sup, le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon, Mines Saint-Etienne et est en cours d’élargissement à l’université Jean Moulin Lyon 3 et l’emlyon business school.

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