Alternance : deux étudiants sur trois ont des difficultés à trouver un contrat d'apprentissage

EXCLU L'ETUDIANT. D'après une étude de l'Apec révélée ce mardi 4 mars 2025, 67% des étudiants du supérieur déclarent qu'il leur a été difficile de trouver une entreprise d'accueil. Des données qui confirment un contexte de plus en plus concurrentiel pour les aspirants alternants, alors que les aides aux entreprises se réduisent.
À l'approche de la rentrée 2024, Gloria a commencé à faire des nuits blanches. "J'avais beaucoup de stress à l'idée de ne peut-être pas pouvoir commencer l'année", explique cette étudiante en 3e année de bachelor de gestion RH dans une école privée, en recherche d'une alternance depuis le mois de juin. Six mois après la rentrée et malgré une centaine de candidatures envoyées, la jeune femme de 22 ans n'a toujours pas trouvé de contrat pour réaliser son cursus. Le cas de Gloria est loin d'être isolé : dans sa classe de 15, quatre autres étudiants sont concernés.
Même pour ceux qui trouvent un contrat, la démarche peut parfois ressembler à un parcours du combattant. Selon les résultats d'une étude de l'Apec publiée ce mardi 4 mars, 67% des étudiants alternants au niveau bac+3 et plus déclarent avoir rencontré des difficultés à trouver une entreprise pour leur contrat d'apprentissage. Dans le détail, 24% des alternants interrogés ont estimé leur recherche d'un emploi en alternance "très difficile", et 43% "plutôt difficile".
Une période "anxiogène"
Selon l'Apec, la recherche de contrat confronte de nombreux étudiants à une "accumulation de réponses négatives" qui, à l'approche de la rentrée, est vécue comme "anxiogène". Haithem l'a vécu en septembre dernier, lorsque les démarches ont commencé à être "un peu stressantes avec les cours qui s'accumulaient". Faute de contrat, l'étudiant en L3 d'électronique à Paris Sorbonne-Université a finalement choisi de basculer en formation initiale dans son université.
Pour s'assurer un contrat, près de la moitié des étudiants multiplient les candidatures : "47% ont candidaté au moins 20 fois", rapporte l'enquête. Haithem est l'un d'entre eux, avec environ 80 candidatures envoyées en deux mois. "Je candidatais un peu partout : à des offres sur LinkedIn, en spontané en contactant directement les RH, ou en faisant passer mon CV à des connaissances", raconte l'étudiant. De son côté, Gloria s'est régulièrement déplacée "en physique" pour déposer son dossier.
Multiplier les canaux de recherche
Les étudiants en recherche d'un contrat mobilisent plusieurs canaux pour trouver des opportunités. Quatre moyens principaux permettent aux candidats de décrocher un contrat, selon l'étude de l'Apec.
Assouplir ses critères de recherche pour "s'assurer un contrat"
Dans la même logique, 66% des étudiants interrogés par l'Apec déclarent avoir été ouverts sur leurs critères ou précisent qu'ils les ont assouplis au cours de leur recherche.
Haithem raconte avec été assez souple dès le départ. "Je savais à quel point c'était difficile, alors, du moment que le poste était conforme à l'intitulé de mon cursus, ça m'allait", explique-t-il. Mais à mesure que le temps passait, il a élargi ses candidatures pour toucher un plus grand nombre d'entreprises. "Au début, je visais des grosses boites, et après on m'a dit que j'aurais plus de chances avec des petites boites, alors j'ai commencé à réorienter mes candidatures", ajoute-t-il. Même démarche pour Gloria, qui cherchait initialement une entreprise "avec un engagement environnemental fort", mais qui a été forcée de revoir ses objectifs.
Commencer ses recherches plus tôt et "s'investir davantage"
Selon les données de l'Apec, les étudiants entameraient leur recherche d'entreprise en moyenne six mois avant le début de leur formation. C'est d'ailleurs l'un des leviers clés mis en avant par l'étude. "Avec du recul, beaucoup reconnaissent qu’il aurait été préférable de commencer plus tôt ou de s’investir davantage dès le début" pour avoir accès à un plus large choix d'opportunités et éviter le stress de la date butoir, précise l'étude.
Haithem confirme : "Si c'était à refaire, je m'y prendrai beaucoup plus tôt." "Si j'avais su que ce serait aussi dur, je m'y serai prise en février, au moins", abonde Gloria.
Mais attention à ne pas trop anticiper. "Si, fin avril, la majorité des alternants ont déjà eu la confirmation de leur admission en formation et ont entamé des recherches, les entreprises lancent leur campagne de recrutement le plus souvent entre mai et juin", précise l'Apec. Et la fenêtre de tir est plutôt resserrée, puisque "à la mi-juin, plus de la moitié d’entre elles ont déjà retenu une ou un alternant". Et notamment 77% des grandes structures, "dont les processus sont souvent plus organisés".
L'impact de la réduction des aides à l'apprentissage
Ces difficultés dans la recherche de contrat peuvent s'expliquer par le nombre record d'étudiants en alternance, à tous les niveaux de qualification. Et l'avenir pourrait s'annoncer encore plus difficile, après la baisse de l'aide à l'apprentissage pour les entreprises, annoncée en janvier dernier. Associations d'alternants et formateurs craignent en effet que cette mesure soit suivie par une réduction du nombre d'offres pour les étudiants.
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