Le nombre d’apprentis a augmenté de 8,4% sur un an après une hausse de 7,4% en 2018. Au 30 juin 2019 vous étiez 458.000 apprentis selon le dernier comptage du ministère du Travail. En y incluant les contrats de professionnalisation, la barre des 700.000 personnes suivant une formation en alternance a même été franchie. Un record et un retour en grâce pour cette voie de formation, longtemps méprisée comme voie de garage.
Les 12 millions d’élèves qui effectuent leur rentrée ne doivent pas faire oublier les centaines de milliers d’apprentis qui eux aussi reprennent le chemin des cours et du travail en entreprise. L’apprentissage est une modalité pédagogique de formation que de plus en plus de jeunes plébiscitent : que ce soit après la troisième pour préparer un CAP ou un bac professionnel, ou après le bac au cours de vos études supérieures ou même après une première expérience pour changer complètement de métier, vous êtes de plus en plus nombreux à emprunter le chemin des études en alternance.
"Sur 2 ans, les vœux sur Affelnet pour des formations ont progressé de 45%", se réjouit Muriel Pénicaud, ministre du Travail qui fête l’anniversaire de la promulgation de sa loi réformant l’apprentissage : la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel (loi Avenir pro). Même engouement côté enseignement supérieur au niveau post bac : en 2019 la plateforme Parcoursup a enregistré 20.000 vœux pour des formations en apprentissage, en hausse de +20% sur un an. Enfin, l’apprentissage étant désormais possible jusqu’à 30 ans, les entrées en apprentissage des 25–29 ans ont bondi de 51% sur un an. Bref, la demande de nombreux jeunes est là.
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De nombreux CFA en cours d'ouverture
Côté offre, la réforme de l’apprentissage qui entrera pleinement en vigueur le 1er janvier 2020 devrait permettre d’accompagner le mouvement : 554 nouveaux centres de formations d’apprentis (CFA) ont déjà été enregistrés en plus du millier déjà existant, selon un pointage du ministère du Travail. Désormais, les entreprises ou les collectivités locales peuvent en effet créer des CFA.
Parmi les projets en cours, les entreprises de restauration collective comme Accor, Korian ou Sodexo prévoient d’ouvrir des CFA pour se former aux métiers de la cuisine. Le groupe Safran prépare l’ouverture d’un CFA pour se former aux métiers de l’aéronautique, de l’espace et de la défense. Le groupe Nicollin ouvre déjà deux CFA en cette rentrée 2019 : l’un, créé avec le club de foot de Montpellier pour permettre à 12 jeunes de préparer un BPJEPS dédié aux métiers du sport. L'autre est dédié aux métiers de la gestion des déchets et accueille 16 jeunes venus préparer un BTS Métiers des services à l’environnement.
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Une image à revaloriser auprès des parents… et des enseignants !
Des freins financiers, administratifs et juridiques ont certes été levés par la récente loi. Mais le frein psychologique n’est pas complètement desserré. Le regard sur l’apprentissage n’a pas complètement changé et les mentalités ont du mal à évoluer. "Beaucoup de familles freinent sur l’apprentissage", déplore Christelle Morançais présidente de la région Pays de la Loire, une des régions les plus dynamiques en termes de progression de l'apprentissage. "Et j’entends encore des enseignants de lycée déclarer qu'ils sont contre l'apprentissage !".
La ministre du Travail ne cache pas elle non plus qu'il y a encore beaucoup de travail pour faire évaluer les mentalités auprès des adultes. "Il nous faut également rapprocher l'offre de la demande", ajoute Muriel Pénicaud. "Beaucoup de jeunes peinent à trouver une entreprise et beaucoup d'entreprises ont encore des difficultés à trouver des candidats". La ministre compte ouvrir un nouveau chantier pour créer une plateforme numérique commune. Aujourd'hui, les offres d'apprentissage sont dispersées chez de très nombreux acteurs de la formation.