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Décryptage

Les ruptures de contrat d'apprentissage en hausse depuis la réforme de 2018

Les risques de ruptures de contrat sont plus élevés dans les CFA récents.
Les risques de ruptures de contrat sont plus élevés dans les CFA récents. © mapo / Adobe Stock
Par Charlotte Mauger, publié le 13 septembre 2024
1 min

INFOGRAPHIES. Une récente étude souligne une hausse des ruptures de contrat d’apprentissage, tous secteurs et filières confondus. Explications.

Les ruptures de contrat d'apprentissage sont en hausse. C'est la conclusion principale d'une analyse de la Dares (Direction de l'animation et de la recherche, des études et des statistiques), publiée en juillet dernier. En effet, 21% des contrats débutés en 2022 se terminent dans les neuf premiers mois, contre 19% en 2017 et 16% en 2020.

Les ruptures progressent dans l'enseignement supérieur

Peu importe la filière, les ruptures de contrat d’apprentissage n’ont cessé d’augmenter entre 2020 et 2022. Mais c’est précisément dans l’enseignement supérieur que l’augmentation est la plus importante, passant de 10% des contrats débutés en 2017 à 18% en 2022. C’est également à ces niveaux d'études que l’offre d’apprentissage s’est le plus étendue ces dernières années.

Dans le détail, ce sont principalement les formations de niveau bac+2 qui enregistrent l’augmentation la plus forte de leur taux de rupture. En 2022, 26% des contrats ont été rompus, contre 15 % en 2017.

Les taux de rupture les plus forts dans le secondaire

Mais comme chaque année, les contrats d’apprentissage en CAP enregistrent le plus haut taux de ruptures anticipées, à près de 30% - excepté entre 2019 et 2020, qui correspond à la période de la crise sanitaire. Cette tendance est à l’image de l’apprentissage dans l’enseignement secondaire, qui concentre un taux de rupture stable autour de 26% chaque année.

Et pour cause, dans le secondaire, "les contrats d'apprentissage correspondent à la première entrée dans le monde professionnel. Les codes sont nouveaux, les responsabilités aussi. Cette rencontre demande un accompagnement encore plus important pour ne pas 'noyer' le jeune dans ce nouveau milieu", explique Melpomeni Papadopoulou, chercheuse à l’Université de Tours en sciences de l'éducation.

De nouveaux secteurs touchés

Le scénario se répète du côté des secteurs d’activité : ce sont les moins touchés habituellement par les ruptures de contrat qui enregistrent la plus forte hausse. C’est le cas de l'information-communication, les activités financières et assurances ou le domaine de l’administration publique, enseignement, santé humaine et action sociale.

"Ce sont des secteurs qui ont également connu une forte croissance en termes d'ouverture à l'apprentissage. Il y a donc eu des nouveaux CFA et de nouveaux employeurs dans ces secteurs. Il est possible que ce changement demande un temps d'adaptation", commente Melpomeni Papadopoulou.

En revanche, les taux de rupture restent stables dans les secteurs où elles sont habituellement les plus fortes. C’est le cas de l’hébergement-restauration où 36% des contrats d’apprentissage se terminent après 9 mois, ou encore des activités de coiffure et soins de beauté ou des industries alimentaires.

Des règles plus souples pour rompre un contrat

Derrière cette tendance à la hausse, quelques pistes d’explication se dessinent. Déjà, la loi Avenir Professionnel de 2018 a assoupli les règles en vigueur pour rompre un contrat d’apprentissage avant son terme. Désormais, il est possible pour l’apprenti de démissionner ou pour l’employeur de licencier son apprenti sans passer par le Conseil de prud'hommes.

Selon Melpomeni Papadopoulou, cette évolution peut conduire à faciliter des changements rapides et réguliers de la part des apprentis. "Une situation insatisfaisante est suivie de la rupture du contrat et la recherche d'un nouveau, ou pas", estime la chercheuse.

Des risques de ruptures de contrat plus élevés dans les CFA récents

Avec la loi Avenir Professionnel et les aides du gouvernement pour embaucher des alternants, de nouveaux centres de formation d'apprentis (CFA) ont également vu le jour et de nouvelles entreprises se sont lancées dans le recrutement d’apprentis.

Or d’après l’étude de la Dares, les contrats d’apprentissage associés à des CFA récents ou dans des entreprises qui accueillent des apprentis depuis moins de cinq ans ont tous plus de chances d’être rompus.

"L'ouverture rapide des nouveaux CFA demande un temps d'adaptation aux spécificités de l'apprentissage. Pour bien accompagner les apprentis, il faut faire l'expérience de l'accompagnement", soulève Melpomeni Papadopoulou. Ce que les nouveaux CFA ont moins. Le constat est le même côté entreprises, qui, quand elles viennent de se lancer, peuvent manquer d'expérience dans l'accueil, le recrutement et l'encadrement d'alternants.

La crise du Covid-19 pourrait quant à elle expliquer la hausse des ruptures entre 2020 et 2021. Car les années 2019 et 2020 ont été marquées par un recul des ruptures de contrat qui s’explique peut-être par "des conditions de travail singulières pendant ou entre les confinements (dont l’activité partielle)", expliquent les auteurs de l’étude.

Et après la rupture ?

L’étude évoque également l’après rupture : que font les élèves une fois leur contrat rompu ? La réponse : la plupart du temps, les élèves ou étudiants qui mettent fin à leur alternance ne retournent pas en apprentissage dans les six mois suivant leur rupture. Et cette situation reste stable entre 2017 et 2021, représentant autour de 70% des contrats rompus.

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