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Décryptage

Budget 2025 : quels impacts possibles sur l'apprentissage ?

Le gouvernement a annoncé plusieurs pistes pour réduire le coût de l'apprentissage.
Le gouvernement a annoncé plusieurs pistes pour réduire le coût de l'apprentissage. © Atelier 211 / Adobe stock
Par Rachel Rodrigues, publié le 23 octobre 2024
1 min

Le gouvernement a annoncé plusieurs pistes pour réduire le coût de l'apprentissage. Au programme : des réductions de la prime à l'embauche et la fin d'exonérations pour certains niveaux de salaire. On vous explique ce que ces mesures pourraient impliquer pour les entreprises et pour vous en tant qu'apprentis.

Le couperet était attendu. Dans le cadre d'un projet de plan d'économies de plus d'un milliard d'euros sur l'apprentissage, le ministère du Travail a annoncé une série de mesures lors de la présentation du budget, jeudi 10 octobre. Parmi elles, la réduction de la prime à l'embauche de 6.000 euros pour les employeurs et la fin de l'exonération de cotisations salariales des apprentis pour les revenus supérieurs à 50% du SMIC.

Réduction de 6.000 à 4.500 euros pour toutes les entreprises, modulation selon la taille de l'entreprise ou selon le niveau de qualification de l'apprenti… Plusieurs pistes sont encore à l'étude sur la forme que prendra ce premier ajustement. On vous explique ce que cela pourrait changer concrètement pour les entreprises employeurs d'alternants et donc pour vous indirectement en tant qu'apprentis.

Prime à l'embauche d'alternants : une aide dans le viseur du gouvernement

Concernant la prime à l'embauche, "on s'y attendait depuis quelque temps", assure Aurélien Cadiou, président de l'ANAF , rappelant notamment que cette prime a initialement été mise en place pendant la crise du Covid-19, en tant que coup de pouce temporaire

De 2020 à 2022, ces aides à l’embauche de jeunes en contrat d’apprentissage ou de professionnalisation différaient selon l’âge : les employeurs recevaient une aide de 5.000 euros pour un apprenti mineur et de 8.000 euros pour un apprenti majeur.

Mais en décembre 2022, le ministre du Travail de l'époque, Olivier Dussopt, a annoncé les remplacer par une aide unique d'un montant de 6.000 euros à compter du début de l'année 2023. Plus récemment, cette aide unique à l'embauche a été dans le viseur du gouvernement, qui l'a supprimée au printemps pour les contrats de professionnalisation.

L'augmentation du coût pour l'employeur d'apprentis

Le problème, selon plusieurs acteurs du secteur, réside dans l'impact que cette première décision pourrait avoir sur les employeurs. Si la piste d'une réduction des aides pour toutes les entreprises - quelle que soit leur taille - n'est pas encore complétement arrêtée, il s’agit de l’option la plus probable. De quoi inquiéter les PME, qui représentent la majorité des contrats d'apprentissage signés.

"Envisager un coup de rabot pour tout le monde, qu'on parle des TPE de 10 personnes ou des grandes entreprises de plusieurs centaines d'employés, c'est injuste. On espérait que les entreprises de moins de 250 salariés soient épargnées, étant donné que les PME sont celles qui ont le plus besoin de ces aides", réagit Stéphane Heït, vice-président de la CPME en charge de la formation et de l'éducation.

Pour former les apprentis qu'ils accueillent, les entreprises doivent mobiliser des ressources humaines et financières. Un coût que tous les employeurs ne peuvent pas se permettre. "Un boulanger sait bien que son apprenti ne sera pas opérationnel la première année. Il a besoin de ces 6.000 euros, c'est le minimum pour couvrir les surcoûts qu'il déclenche pour accompagner son apprenti", estime-t-il.

Plus de concurrence et moins d'opportunités de postes en alternance ?

Selon plusieurs acteurs interrogés, l'augmentation du coût pour l'employeur pourrait éloigner certaines entreprises de l'apprentissage. "Les TPE et PME risquent de réfléchir à deux fois avant d'engager un apprenti", met en garde Stéphane Heït. "S'ils font leurs calculs, et qu'ils n'ont pas les moyens, il n'y aura pas d'embauche", ajoute-t-il. Une inquiétude telle que la situation économique actuelle pousse déjà de nombreuses entreprises à mettre sur pause leurs recrutements et leurs investissements.

Dans un contexte où le nombre d'apprentis ne cesse d'augmenter ces dernières années, ces annonces pourraient, à terme, réduire la quantité d'offres de postes en apprentissage. "L'augmentation du coût pour l'employeur conduira certaines petites entreprises à n'embaucher qu'un seul apprenti quand auparavant, ils en avaient deux", réduisant ainsi les opportunités, explique Alban Margueritat, délégué général à la Fnadir .

À terme, cela pourrait densifier la concurrence et compliquer les recherches pour les étudiants. "Les jeunes rencontreront plus de difficultés à trouver un contrat", projette Alban Margueritat. Une crainte émerge sur l'éventualité que demain, "il y ait autant de jeunes en apprentissage en bac+5, qu'ils ne prévoient pas de plan B si jamais ils ne trouvent pas d'entreprise, pensant que la dynamique est toujours là, et se retrouvent en septembre-octobre sans avoir d'entreprise", pointe Aurélien Cadiou.

La fin des exonérations pour certains niveaux de revenus

Le PLFSS propose par ailleurs de recentrer l'exonération de cotisations salariales des apprentis. Actuellement, l'apprenti est dispensé de la totalité des cotisations salariales dans la limite de 79% du SMIC. Ce seuil sera amené à 50% du SMIC, concernant ainsi une plus large partie des effectifs d'apprentis.

Selon un rapport de l'IGAS et de l'IGF remis en mars 2024 et rendu public en septembre, la fin d'exonérations de cotisations sociales annoncée "se traduirait par un niveau de revenu net inférieur de 19 euros par mois en comparaison de celui de 2023", en moyenne, pour les apprentis. Les apprentis paieront donc davantage de cotisations et verront leur rémunération nette diminuée.

Des impacts possibles sur les salaires des apprentis

Pour compenser ces éventuelles pertes de revenu, le gouvernement prévoit d'augmenter le barème référentiel de rémunération minimale, sans donner plus de précisions. Cela pourrait induire une augmentation du coût pour l'employeur. "Il faut avoir en tête que les employeurs vont devoir payer plus leurs apprentis, sans qu'eux ne touchent nécessairement plus dans leur poche", explique Aurélien Cadiou.

D'après lui, une inquiétude se porte sur l'application de l'éventuelle augmentation du barème référentiel et les conséquences qu'elle pourrait induire. "Il faudra a minima faire des avenants pour tous les contrats en cours", avertit le président de l'ANAF. Pour rappel, le revenu d'un apprenti varie selon son âge et son niveau de qualification, et peut représenter entre 27% et 100% du SMIC. 

S'il s'agit ici de la grille de rémunération minimale, de nombreux cas spécifiques existent. "Certaines branches peuvent revaloriser les rémunérations, pour attirer les apprentis dans des secteurs en tension, par exemple", illustre Aurélien Cadiou. Il arrive également que certains jeunes négocient au cas par cas leur rémunération avec leur employeur. 

Dans ces cas précis, il se peut que les branches décident de ne pas maintenir les majorations initialement mises en place, "pour que le coût final ne soit pas trop élevé pour les employeurs", estime Aurélien Cadiou. Même constat du côté des employeurs directement, qui pourraient décider de revenir sur les salaires proposés. Selon lui, si cette hypothèse se confirme, "rien ne nous assure que tous les apprentis soient épargnés d'une perte de revenus".

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