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Témoignage

Choisir une alternance sur Parcoursup : "Ce n'est pas rien, il faut une certaine maturité"

En 2022, un peu plus de 35% des contrats signés concernaient des apprentis de niveau bac.
En 2022, un peu plus de 35% des contrats signés concernaient des apprentis de niveau bac. © micens / envato
Par Rachel Rodrigues, publié le 24 janvier 2025
1 min

Chaque année, de nombreux bacheliers décident de s'orienter vers l'alternance pour leur première année d'études supérieures. Ils et elles racontent à l'Etudiant comment se passent leurs premiers pas dans le monde professionnel.

Entre les cours en amphi, les examens, les TD, l'entrée dans le monde de l'enseignement supérieur suppose l'appréhension d'un tout nouvel écosystème, totalement différent du lycée. "Si vous ajoutez la découverte du monde de l'entreprise, ça fait beaucoup d'inconnus", pointe Alex, étudiant apprenti en première année de BUT GMP à Orléans.

Pourtant, c'est bien le choix qu'il a fait lorsqu'il s'est orienté vers une formation en alternance sur Parcoursup. "J'avais envie de concret", témoigne-t-il. Comme lui, de nombreux bacheliers se dirigent vers l'apprentissage dès la première année d'études. En 2022, un peu plus de 35% des contrats signés concernaient des apprentis de niveau bac, selon les données de la Dares, un chiffre en constante progression depuis 2019.

Ecole et entreprise : deux processus de sélection

Comme l'ensemble des lycéens en cours d'orientation, le parcours débute en réalité dès la classe de terminale. Au moment des vœux sur Parcoursup, les lycéens qui souhaitent s'orienter vers un cursus en alternance doivent trouver une formation, et une entreprise ! Les candidats doivent donc se préparer à une double sélection.

Du côté de l'IUT d'Orléans, Jean-Vital Peyronnet, chargé de la filière alternance du BUT GMP, sélectionne ses futurs étudiants apprentis sur dossier, puis reçoit "une soixantaine de jeunes pour des entretiens au mois d'avril-mai".

L'important pour les responsables de formation est alors de vérifier que les futurs étudiants aient bien en tête la réalité de l'alternance. "On s'assure qu'ils se soient renseignés sur le type d'entreprises, sur le domaine, affirme l'enseignant agrégé de mécanique. Et qu'ils sachent ce qu'implique un statut d'alternant."

S'y prendre tôt pour trouver une entreprise

Du côté des entreprises, la recherche d'un contrat peut s'avérer être un "vrai parcours du combattant", avertit le chargé de formation. De nombreux étudiants interrogés racontent avoir dû s'armer de courage et de persévérance avant de trouver le fameux sésame. "Je m'y suis pris tôt, autour de février pour avoir le plus de chance de trouver une entreprise", admet Alex.

Malgré des déplacements "en physique" pour "déposer son CV et se présenter", Jules a dû attendre la rentrée de septembre pour recevoir une réponse positive. "Le lycée m'a aidé en me mettant en relation avec des entreprises de leur réseau", explique l'étudiant de 1re année de BTS NDRC à Aurillac.

Léane, en première année de BUT GMP à Orléans, a rencontré les mêmes difficultés. "J'avais souvent des réponses négatives, ou aucune réponse", raconte l'apprentie, qui a dû commencer à chercher une entreprise au plein milieu de l'été, après avoir appris qu'elle n'avait pas validé sa première année de prépa. Elle a finalement trouvé son alternance in extremis , au mois de décembre, grâce au réseau de l'IUT.

Toutes les entreprises ne sont pas ouvertes à l'accueil d'un apprenti qui sort à peine du baccalauréat. "Quand j'ai commencé mes recherches, on me disait que j'étais trop jeune, que je n'avais pas assez d'expérience", admet Léa, étudiante en licence professionnelle assistant juridique à Lyon.

Une première période à l'école pour apprendre les bases

Pour combler le manque d'expérience, de nombreux organismes de formation prévoient une période plus ou moins longue passée à l'école, avant d'entrer en entreprise. "Cela permet d'acquérir des compétences de base, dont ils auront besoin pour appréhender leurs missions", décrit Jean-Vital Peyronnet, qui précise qu'une période de 15 jours à l'école est prévue à l'IUT pour la promotion d'apprentis.

Léa en a fait l'expérience avant de commencer son contrat d'apprentissage dans un cabinet d'avocats. "On a passé un mois à voir les bases en droit, c'était nécessaire pour ne pas être lâché dans la nature et être opérationnel en entreprise, raconte l'étudiante de 18 ans. Ce n'était pas possible de démarrer dans un cabinet sans ces connaissances".

Dans le cadre de son poste d'alternante, l'étudiante travaille aux côtés d'assistantes juridiques au sein du cabinet : "Je les assiste au quotidien dans tout ce qu'elles font, explique-t-elle. J'apprends le métier au fur et à mesure."

Alex a observé le même type de progression. "Au début, je me suis retrouvé dans un domaine que tout le monde maîtrisait et moi, je ne maîtrisais rien du tout", raconte-t-il. Mais à l'école, l'alternant dans une entreprise de mécanique et usinage de haute précision, a vite pu appréhender "plein de choses" sur le fonctionnement des sociétés industrielles. "Plus le temps passe, et plus on est en capacité de travailler sur des sujets plus spécifiques."

"Beaucoup de responsabilités dès le départ"

De manière générale, il faut savoir absorber l'écart de niveau entre le lycée et la formation post-bac. "Le fossé est important", pointe Jean-Vital Peyronnet. Surtout qu'en tant qu'apprenti, la confrontation à la réalité du terrain arrive vite. "Le premier mois, j'avais un peu peur : on nous donne beaucoup de responsabilités dès le départ", raconte Léa.

Léane temporise. "On pourrait croire qu'on est considérés comme un salarié lambda, mais ce n'est pas le cas", assure-t-elle. "C'est normal d'arriver le premier jour et ne savoir rien faire." Et pour cause, dans de nombreuses entreprises, une prise en main du poste en douceur est organisée pour permettre à l'alternant de s'approprier progressivement ses missions.

"Au début, je mettais à jour de la documentation, cela me permettait de découvrir les processus", détaille Lilian, en contrat d'apprentissage au sein d'une entreprise spécialisée dans la fabrique des roulements à billes. "Puis j'ai commencé à faire des modifications, à les expliquer aux opérateurs et à la partie production, j'ai commencé à résoudre des problèmes", se réjouit-il.

"Une maturité" indispensable

Tous les étudiants interrogés admettent avoir découvert un mode d'apprentissage exigeant, dans lequel l'investissement et la motivation sont indispensables. "Ce n'est pas rien, il faut une certaine maturité pour se dire qu'on entre sur le marché du travail à 18 ans", observe Léa.

Lilian est du même avis, et se rappelle encore les premiers entretiens qu'il a passés pour trouver son contrat. "Il faut avoir un minimum confiance en soi et savoir assumer ses capacités pour bien les présenter à l'entreprise", affirme l'apprenti de 19 ans.

Une fois en poste, les savoir-être de l'entreprise sont également de mise. "Nos chefs s'attendent à ce qu'on soit un minimum responsable", assure Laureen, étudiante en BTS comptabilité-gestion à Aurillac. "Il faut être sérieux… et apprendre à gérer son temps", ajoute Jules. En somme : être prêt, un peu plus tôt que les autres, à mettre les pieds dans le grand bain.

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