Futur ingénieur, Clément a mis en pause son alternance pour une mobilité en Norvège

Seul 1% des alternants français tentent l'aventure de la mobilité pendant leur contrat. C'est le cas de Clément, 23 ans. Il raconte à l'Etudiant ses quelques mois passés en Norvège, et ses démarches pour y arriver.
C'était son premier séjour à l'étranger. "En l'espace de quelques mois, j'ai complètement changé de philosophie sur le travail", affirme Clément, étudiant ingénieur en dernière année et alternant à RTE, le gestionnaire du réseau public de transport d'électricité en France.
L'an dernier, entre juin et octobre, l'étudiant de l'Ecam La Salle a mis sur pause son contrat d'apprentissage à RTE pour effectuer une mobilité en Norvège, où il avait toujours rêvé d'aller. Il raconte à l'Etudiant ses quelques mois passé à Oslo et dans les équipes de Nexans, une entreprise spécialisée dans la fabrication de câbles électriques.
"Il faut savoir valoriser ce qu'on fait"
Au sein de son école lyonnaise, la mobilité internationale est obligatoire pour les alternants, comme pour les autres étudiants. "Même si j'avais eu le choix, je serai parti pour l'opportunité", affirme l'étudiant de 23 ans.
Pour trouver un contrat, Clément s'est appuyé sur le réseau d'anciens de l'école, qui dispose déjà de nombreux liens avec des sociétés à l'étranger. "Beaucoup d'étudiants partent dans une entreprise déjà connue d'élèves des années précédentes", explique-t-il. Et pour cause, le fonctionnement de l'alternance n'est pas toujours très bien connu des entreprises à l'étranger : "Il faut savoir valoriser ce qu'on fait, et montrer en quoi notre statut est intéressant."
Mais contre toute attente, Clément n'a pas rencontré beaucoup de difficultés à trouver une entreprise d'accueil : "J'ai eu de la chance. Mon tuteur connaissait quelqu'un qui travaillait chez Nexans, on a échangé et il m'a mis en relation", raconte l'alternant, qui n'a même pas eu besoin d'envoyer d'autres CV, ni de démarcher d'autres entreprises.
Mise en veille du contrat en France
Avant de partir, Clément a dû "mettre en veille" son contrat d'apprentissage entamé en France. Cela implique qu'il n'avait plus de salaire français pendant la période passée à l'étranger. "Je n'étais plus couvert par mon entreprise en France", explique l'alternant, qui a par ailleurs signé un contrat de travail en CDD avec son entreprise d'accueil norvégienne.
L'option de la mise à disposition du contrat
Depuis début 2024, la mise en veille de votre contrat n'est plus obligatoire. Que vous envisagiez un séjour court ou long (plus ou moins de quatre semaines), vous aurez la possibilité de maintenir votre contrat d'apprentissage, dans le cadre d'une "mise à disposition".
Parfois, les négociations avec l'employeur pour partir dans le cadre d'une mobilité peuvent s'avérer difficiles pour les alternants. Ce ne fut cependant pas le cas de Clément. "Mon entreprise était au courant de ma mobilité à l'étranger dès le début", assure-t-il. Il raconte qu'une discussion avec l'entreprise française a été de mise, avant le départ, pour s'assurer que la destination et l'entreprise de mobilité leur convenaient. "Il peut parfois y avoir des clauses pour certains pays, ou des enjeux de concurrence qui peuvent jouer", précise-t-il.
Le choix de la destination s'est ensuite fait naturellement. "Les activités de l'entreprise collaient parfaitement au cadre de ma formation, et à ce que je faisais déjà en France pour RTE", se réjouit Clément, qui explique avoir choisi cette branche de Nexans pour son département en lien avec les câbles électriques offshore.
"3.500 à 4.000 euros par mois"
Plusieurs démarches administratives se sont alors enchaînées : "Un processus de validation a été enclenché par l'école et le CFA, puis derrière on a signé une convention qui appliquerait la mise en veille du contrat d'apprentissage", détaille Clément. Et c'est à l'alternant de faire le lien entre l'école et les deux entreprises. "J'ai envoyé la convention à l'entreprise à l'étranger, puis à mon entreprise française, et c'est finalement l'école qui l'a rempli en bout de course."
Selon les situations, les apprentis qui souhaitent faire une mobilité peuvent être éligibles à plusieurs aides, de la part d'Erasmus (sous conditions de ressources), des régions ou des OPCO . Clément, lui, a pu toucher 1.600 euros au titre de sa mobilité. "Je gagnais à peu près 3.500 à 4.000 euros par mois : avec ce salaire plus les aides, je n'avais pas trop de problèmes pour vivre", confie-t-il.

La coloc pour s'ouvrir culturellement
Côté logement, Clément déboursait 900 euros par mois "tout compris, avec les charges". Le jeune Lyonnais s'est tourné vers la solution de la colocation : "Les étudiants partis les années précédentes me l'avaient conseillé, pour éviter la solitude."
À ce titre, partager son appartement avec cinq jeunes Norvégiens et Norvégiennes lui a donné l'occasion de découvrir la culture du pays : "Je me suis adapté à leur mode de vie et cela m'a aidé à sociabiliser", ajoute le jeune homme, qui raconte avoir trouvé "assez rapidement" sa chambre, sur un site norvégien de petites annonces.
Au sein de son entreprise d'accueil, l'alternant a côtoyé des collègues de différents pays. "Il y avait des Norvégiens, mais aussi des Ukrainiens, des Australiens... Cela permettait une bonne mixité culturelle", se réjouit-il. Un melting-pot dans lequel Clément a su trouver ses repères : "Je ne me suis jamais senti perdu."
Progresser en anglais
En termes de compétences, Clément se réjouit particulièrement de s'être amélioré en anglais. "En partant, j'avais quand même beaucoup de lacunes, et le fait de travailler, discuter, entendre parler en anglais, et baigner dans cet univers en anglais m'a fait progresser de manière exponentielle", affirme-t-il.
Cinq mois après son retour, le futur ingénieur ne retient "que du positif" de son expérience norvégienne et ressort grandi. Il espère réitérer l'expérience et "découvrir d'autres cultures, d'autres sociétés".
Cette première expérience à l'étranger a par ailleurs donné naissance à un nouveau projet pour lui : pourquoi pas commencer sa carrière à l'étranger, "en Norvège", ou ailleurs, pendant quelques années avant de revenir en France, une fois le diplôme obtenu.