Décryptage

Le code source d’APB dévoilé mais... illisible

Sur les réseaux sociaux, les internautes ont vivement réagi quand ils ont appris que le code avait été communiqué... en version papier.
Sur les réseaux sociaux, les internautes ont vivement réagi quand ils ont appris que le code avait été communiqué... en version papier. © twitter/Capture d'écran
Par Paul Conge, publié le 18 octobre 2016
1 min

C'était une demande de longue date de l'association Droits des lycéens : le code d'APB a enfin été dévoilé lundi 17 octobre 2016. Mais le ministère de l'Éducation nationale l'a transmis avec ses signes obscurs, en format papier...

Tous les élèves de terminale retenaient leur souffle. Après près de six mois de négociations et un avis favorable de la Cada (Commission d'accès aux documents administratifs), le ministère de l'Éducation nationale a enfin dévoilé, lundi 17 octobre 2016, le code source du portail APB (Admission-postbac)... ou presque.

Cet algorithme, qui affecte les bacheliers et bac+1 dans l'enseignement supérieur, a longtemps été gardé secret. L'association Droits des lycéens bataillait depuis de longs mois pour le rendre public. Le jour de la date limite, le ministère leur a finalement envoyé le document par la poste, au format papier, comme le révélait hier l'Etudiant.

Lire aussi : APB : comment l'algorithme trie vos vœux

Le document, daté du 12 septembre 2016, est partiel car il ne contient que le code utilisé pour la répartition dans les filières à capacité limitée. Sur la vingtaine de pages, digestes seulement pour les champions du code, se succèdent des commandes en PL/SQL, un langage fréquent quand il est question d'exploiter une base de données. Dès la publication, des informaticiens sur Twitter ont trouvé pour le moins déroutant d'envoyer du code source sur du papier :

"L'envoyer sur du papier, indépendamment des questions techniques, c'est se moquer du monde. Il n'y a pas d'autre mot", s'exaspère Stéphane Bortzmeyer, ingénieur spécialisé dans les réseaux informatiques.

Aux internautes de convertir le document dans une version exploitable sur un ordinateur, comme l'a fait un journaliste de Rue89. Mais les convertisseurs ne sont pas à l'abri d'une faute de retranscription. "S'il y a une erreur dans le numérisation des PDF, ça peut planter le code. Il suffit qu'une lettre sur 1.000 soit fausse. Finalement, ça ne sert qu'à empêcher les gens de travailler dessus", estime l'ingénieur.

Un code illisible

Autre grief, même pour les techniciens, ce code est illisible. Dans sa structure, il utilise en effet des mots obscurs auxquels nul ne sait à quoi ils se réfèrent, comme "o_g_ti_cod" ou "o_c_gp_cod" plutôt que "ville", "note au bac", etc. Ils désignent des noms de colonnes dans une base de données, mais c'est au lecteur de deviner à quoi elles correspondent. Seul un décorticage minutieux du code le permettrait. 

Pour Stéphane Bortzmeyer, cette opacité témoigne des réticences du gouvernement à être transparent. "Normalement, essayer de comprendre un code obscur, cela se fait dans un environnement hostile, par exemple lorsqu'on travaille dans la sécurité, pour comprendre un virus ou un malware (logiciel malveillant)."

Écrit en langage spécifique, avec des fautes d'orthographe

Sitôt le code publié, Droits des lycéens a lancé un système de contributions pour le décoder. Toutefois, le code, écrit en PL/SQL, utilise un langage spécifique qui n'est utilisable que sur un système de base de données répandu mais payant, Oracle. La licence pour l'utiliser coûte au minimum 83 €.

Enfin, un dernier élément a provoqué l'étonnement amusé des internautes : que l'algorithme soit accompagné de commentaires des développeurs... avec des fautes d'orthographe. Un comble pour un code venant du ministère de l'Éducation nationale.

Vous aimerez aussi

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !