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Reportage

Dans le Doubs, des étudiants de BTS agricole aménagent un jardin classé à l'Unesco

Thomas et Thomas agencent les pierres qui serviront de marches dans une future mare, avec, au loin, le bâtiment de la Saline Royale.
Thomas et Thomas agencent les pierres qui serviront de marches dans une future mare, avec, au loin, le bâtiment de la Saline Royale. © Camille Jourdan
Par Camille Jourdan, publié le 25 avril 2025
5 min

Chaque année, le site classé au patrimoine de l’Unesco de la Saline Royale d’Arc-et-Senans dans le Doubs fait appel à des étudiants en conception et en aménagement paysagers afin de préparer ses jardins.

Accroupis dans un trou circulaire, Thomas D. et Thomas R., tous deux étudiants en BTS agricole aménagements paysagers, empilent de grosses pierres : elles serviront de marches pour traverser la mare qu’ils ont eux-mêmes creusée, au cœur de l’un des futurs jardins de la Saline Royale d’Arc-et-Senans (25).

Pour son chantier d’école de première année, cette classe du lycée horticole Terre d’Horizon, à Romans-sur-Isère (26), est chargée de la mise en place de l’une des neuf parcelles du Festival des Jardins, organisé chaque année au sein de ce site classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Entre février et mai, une quinzaine d’établissements – collèges, lycées, centres de formation des apprentis, centres de formation professionnelle et de promotion agricole –, qui proposent pour la plupart des formations dans le secteur agricole ou horticole, contribueront à la réalisation de ces jardins.

Pour la conception, les équipes de la Saline font également appel à des étudiants ou des jeunes diplômés d’écoles d’aménagement paysagers, à travers un concours. "Nous voulons faire de la Saline un laboratoire des métiers du paysage, note Denis Duquet, responsable jardins et biodiversité au sein du site. Ces étudiants sont forces de propositions, ils apportent des idées que nous n’aurions pas forcément. C’est une façon de nous renouveler."

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Le chantier est un travail d'équipe : ici, Laurie et Walid tressent des branches de saule sur une palissade en brande de bruyère./© Camille Jourdan.

Construction sur le tas

Pour les futurs paysagistes, la Saline est un terrain d’apprentissage qui diffère des autres : "Il y a un seul chantier d’école par an, le reste du temps, ils s’exercent au sein du lycée, détaille Jean-Bernard Brulon, enseignant à Terre d’Horizon. Ici, ils sont dans un contexte professionnel."

"Ce qu’on fait au lycée, on doit souvent le défaire, alors qu’ici, ça va rester, remarque Gaëtan. C’est du concret !" Le jeune homme de 18 ans est en train d'arroser l'arbre qu'il vient de planter. Le jardin sur lequel lui et ses 11 camarades travaillent a été conçu par deux jeunes diplômés de l’École nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille (59), Edouard et Elisa, âgés tous deux de 25 ans.

La Saline a récemment tissé un partenariat avec neuf écoles d’architecture paysagère, en France, en Belgique et en Suisse. À partir de l’année prochaine, ce seront uniquement des étudiants de ces établissements qui pourront proposer leurs projets, sur le thème imposé. Pour cette édition 2025, c’est sur le thème de l'école buissonnière qu’ont planché Edouard et Elisa. "Nous avons imaginé un couloir de toiles blanches, dont les portes s’ouvriront sur des salles dans lesquelles dominera une couleur, symbole d’une émotion", décrit Elisa.

Hugo, Mallaury et Evan, du lycée Terre d’Horizon, sont justement en train de peindre ces portes en bois. "C’est nous qui les avons fabriquées, et qui avons eu l’idée de faire des motifs différents pour chacune d’entre elles", précise Evan, un pinceau dans la main. "Le jardin a beaucoup bougé depuis le début de la mise en place, souligne Edouard, car nous prenons en compte les remarques des équipes, on construit sur le tas. Pour la mare, on a tracé à la bombe un cercle pour qu’ils creusent, mais ce sont eux qui sont en train de décider seuls de l’agencement des pierres", note-t-il.

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Evan et Mallaury, étudiants en 1ère année de BTS Aménagements Paysagers, peignent des structures en bois qui seront installées dans le jardin. /© Camille Jourdan.

Terrain d’évaluation

Ce sont également les étudiants de BTS qui ont eu l’idée d’enrouler des branches de saules autour des fils de fer qui tiennent les palissades construites en brandes de bruyère, et qui délimiteront les différentes salles du jardin. Laurie s’applique à tresser ces tiges : "Ça rend déjà bien !" se réjouit-elle. Le jardin prend en effet forme sous les coups de pelle et de sécateurs : des graminées ont été plantées au fond, la mare a été creusée pour être ensuite recouverte de sciure et d’une bâche…

"On a plus de responsabilités ici que dans un autre stage, on fait davantage ce qu’on veut", s’accordent à dire les étudiants. La Saline est pourtant aussi un terrain d’évaluation : "Cela sert de base à deux contrôles certificatifs", remarque Jean-Bernard Brulon. Rangement du matériel, respect des règles de sécurité, organisation, qualité du travail…

Les professeurs observent, durant ces cinq jours, différents aspects du travail des étudiants, pour leur donner une note qui comptera pour leur examen final. "C’est mieux que d’être évalués derrière une feuille", estime Gaëtan. Laurie n’est d’ailleurs pas inquiète : "On travaille bien, donc la note devrait suivre !" Bonne note ou non, c’est surtout le regard des plus de 100.000 visiteurs annuels qui servira de récompense pour ces futurs paysagistes.

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