Décryptage

La baisse des effectifs en BTS touche en priorité le privé

bts chute des effectifs
Les BTS voient leurs effectifs baisser, particulièrement ceux des formations privées. © VectorMine/Adobe Stock
Par Valentine Daléas, publié le 24 avril 2023
5 min

Infographies. Les sections de technicien supérieur (STS), qui permettent d’obtenir un brevet de technicien supérieur (BTS), sont confrontées à une baisse de leurs effectifs de près de 10% en un an. Une tendance particulièrement marquée dans le privé.

C'est une baisse qui s'observe pour la deuxième année consécutive. A la rentrée dernière, un peu plus de 220.000 étudiants, hors alternants, préparaient un brevet de technicien supérieur (BTS). Soit une diminution de 9,6% par rapport à 2021, d’après les données du ministère de l’Enseignement supérieur.

La baisse du nombre de bacheliers à la session 2022 (3.000 candidats en moins par rapport à 2021) n'explique pas tout. Car la baisse des effectifs de BTS ne se répercute pas de façon uniforme sur les différents cursus.

14% d’étudiants en moins dans les BTS privés

Les formations privées, qui regroupent à la fois les lycées sous contrat avec l’Etat et les établissements hors contrat, sont les premières touchées par cette baisse entamée en 2020.

A la rentrée 2022, elles comptaient ainsi 14% d’étudiants (hors alternants) en moins par rapport à l’année dernière. Autrement dit, entre 2021 et 2022, les lycées privées accueillent 10.500 étudiants de moins en STS. Cette baisse est deux fois plus importante que dans le public, où les effectifs étudiants ont diminué de 8% en un an.

Les BTS concurrencés par les bachelors

"On a eu autant de dossiers sur Parcoursup mais on a moins recruté d’étudiants", admet Marie-Laure Cario, coordinatrice du BTS CRSA (Conception et réalisation de systèmes automatiques) au lycée privé Saint-Nicolas de Paris (75). Elle pointe la concurrence de nouvelles formations : "Les IUT proposent maintenant un diplôme à bac+3, et des écoles privées proposent des bachelors, que l’on voit sur les gros salons et qui montrent beaucoup de choses."

Caroline Forestier, directrice adjointe du lycée privé Carcado-Saisseval de Paris, souligne elle aussi la "menace" que font planer les écoles privées hors contrat : "Ces écoles garantissent une place aux élèves mais un grand nombre d’entre eux nous rappelle en octobre en découvrant qu’elles vendent des paillettes plutôt qu’un réel programme pédagogique certifiant."

La directrice adjointe du lycée parisien réfute néanmoins l’idée d’une évolution "structurelle" et assure que le nombre de candidatures est de nouveau à la hausse pour la phase d’admission en cours. Pour Caroline Forestier, les chiffres de l’année 2022 sont à mettre sur le compte d’une "baisse qui semble conjoncturelle".

Des frais de scolarité de plusieurs milliers d’euros dans le privé

Si le public baisse moins, cela pourrait être dû au coût des formations. Préparer un BTS dans un lycée public est en effet gratuit, quand dans le privé les frais de scolarité peuvent grimper jusqu’à plusieurs milliers d’euros par an.

Au lycée Saint-Nicolas, les frais de scolarité sont d'environ 2.000 euros. Marie-Laure Cario justifie ces frais par les "atouts" que cela procure à l’établissement, par exemple au niveau du matériel pédagogique : "En comptabilité, chaque élève a son ordinateur portable. Les étudiants du BTS CRSA ont accès à des salles avec des robots et du matériel récent pour mener leurs travaux."

Ces investissements peuvent être "tout le plus" des lycées privés, d’après Caroline Forestier : "Ceux qui postulent chez nous viennent chercher un établissement privé." La directrice adjointe du lycée Carcado-Saisseval souligne que son établissement accueille 30% de boursiers.

A noter que les BTS privés ne représentent que 28% de tous les BTS. Autrement dit, près des trois-quarts des formations qui préparent à un BTS restent dispensées dans des lycées publics.

L'essor des BTS en alternance

Autre tendance de fond : la popularité croissante de l’alternance auprès des étudiants en STS.

Car la baisse des effectifs ne concerne pas les alternants : au contraire, entre 2020 et 2021, la proportion d’alternants en STS a bondi de 43%. Elle avait déjà augmenté de 38% entre 2019 et 2020.

"Les étudiants sont attirés par l’alternance, ils disent avoir envie d’être payés", explique Caroline Forestier. La directrice adjointe met toutefois en garde contre une voie exigeante : "Il faut une grande maturité pour être impliqué en parallèle dans ses études et dans son entreprise, tous les élèves qui sortent du bac ne sont pas prêts pour l’alternance."

Un attrait pour l'alternance qui se traduit plus dans certaines filières que dans d'autres. Dans les BTS du secteur production, la baisse de leurs effectifs non-alternants est ainsi de 13,2% entre 2021 et 2022, contre 8,6% dans les BTS spécialisés dans les services.

Alternance ou pas, les étudiants qui ont décroché leur BTS peuvent ensuite intégrer une licence professionnelle, un bachelor, ou encore des écoles d’ingénieurs.

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