Décryptage

Les élèves de BTS revendiquent le contrôle continu

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Les étudiants en deuxième année BTS réclament d'être évalués au contrôle continu après une année de travail à distance. © JackF/Adobe Stock
Par Marine Richard, publié le 22 mars 2021
6 min

Les élèves de BTS contestent le passage des examens en présentiel en mai 2021, après avoir passé la majeure partie de leurs deux années d’études à distance.

"Toute l’année en distanciel pour avoir les exams en présentiel ? Inconcevable !" ; "Ces deux années de BTS ont été horribles, j'ai payé 6.000 € pour n’avoir que 4 mois de cours en présentiel..." Depuis le début du mois de mars, les étudiants de BTS s’insurgent via le hashtag #BTSCONTROLECONTINU, qui agite la twittosphère. "Le # est notre arme, notre seul moyen de faire entendre notre voix, nous les parias, les grands oubliés du gouvernement", assure Andréa Masson, en BTS Support à l’action managériale (SAM), dans une école privée, à Troyes.

Les étudiants se sont donc mobilisés sur les réseaux sociaux pour partager leurs revendications. Andréa Masson, l’une des porte-parole du mouvement, a publié sur Facebook une vidéo résumant la situation des étudiants en BTS. Une pétition appelant à l’instauration d’un contrôle continu, qui a récolté plus de 17.000 signatures, circule activement sur Twitter.

Des cours en ligne pendant un an

En cause ? Le passage des examens de BTS qui approchent à grands pas : les épreuves écrites débutent le 10 mai. Les élèves revendiquent le contrôle continu, à l’image de la promotion 2020 : "L’an passé, les étudiants n’ont eu que trois mois de formation à distance. Et là, alors que nous avons suivi des cours en ligne pendant presque un an, on veut nous imposer une double peine en passant des examens en présentiel, parmi une foule d’étudiants, en pleine crise sanitaire !", s’exclame Andréa Masson.

Romain Dussautoir, en BTS SAM au lycée Condorcet, à Lens confirme : "Nous sommes affectés depuis notre première année de BTS", assure-t-il. Étudiant dans un lycée, il a pu suivre des cours en présentiel une semaine sur deux à l’inverse des jeunes en école privée qui suivent pour la plupart leurs cours à distance depuis fin octobre 2020. Il éprouve cependant des difficultés à se concentrer lors de la semaine en distanciel.

Même les examens blancs n’ont pas pu avoir lieu sur site, selon Julia, 22 ans, en BTS profession immobilière dans une école privée. Elle explique avoir passé un oral blanc via Facebook. Quant à Andréa, elle a eu la chance de passer un examen blanc en présentiel mais avoue ne pas être suffisamment préparée au passage d’un examen comme elle a effectué la plupart de ces entraînements chez elle, "un environnement qu’elle connaît".

Un retard dans les programmes

Les jeunes invoquent aussi un retard dans les programmes "Certaines matières, comme la comptabilité, ne se prêtent pas à la visioconférence", explique Julia. "Des étudiants et des professeurs ont dû faire face à des problèmes de connexion, à des difficultés pour partager des documents qui ont ralenti les cours, des professeurs et des élèves ont été touchés de plein fouet par le virus, les empêchant de suivre des cours", énumère Andréa.

Une accumulation de retard touchant aussi les élèves qui suivent des cours par correspondance avec le Cned, d’après Mathilde Plet, en BTS communication. Il n’existe pas de session de rattrapage en BTS, ce qui alarme d’autant plus les étudiants, qui ont manifesté dans de nombreuses villes, le 16 mars dernier.

"Nous devons également rendre des dossiers à l’école. Par exemple, je dois faire une simulation de création d’agence immobilière et pour cela je dois contacter des comptables pour qu’ils me fassent de vrais devis, mais les entreprises étant dépassées par la crise sanitaire, elles n’ont pas le temps de me répondre", ajoute Julia qui craint de ne pas pouvoir rendre le dossier dans les temps.

Réponse du ministère : les examens en présentiel maintenus

Un cri de détresse donc, qui se manifeste également dans une lettre adressée à la ministre de l’Enseignement supérieur. Dans un communiqué de presse datant du 19 mars, le ministère déclare que "sauf reconfinement total", les épreuves se déroulant en mai et juin en présentiel devraient être maintenues. "Cependant, en cas d’évolution des conditions sanitaires, le gouvernement, en concertation avec l’IGESR (Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche), réfléchit à différentes hypothèses permettant d’adapter au mieux les conditions d’examen afin de garantir la valeur du diplôme [...]."

Une décision incomprise par les étudiants en BTS, comme Julia : "La situation sanitaire ne s’est pas améliorée, alors pourquoi les mesures de l’an dernier ne sont-elles pas toutes prolongées ? La demande de contrôle continu est complètement légitime en vue des impacts causés par cette épidémie."

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