Décryptage

Quotas de bacs pro et techno en BTS et DUT : ce que ça change pour vous

Les élèves peuvent être amenés à réparer des voitures clients
Les STS doivent respecter un quota minimal de bacheliers professionnels dans leurs formations. © IDautresme
Par Isabelle Dautresme, publié le 12 avril 2016
1 min

À la rentrée 2016, les STS et IUT devront accueillir un quota minimal de bacheliers professionnels et technologiques, imposé par les recteurs. Concrètement, qu’est-ce que cela va changer ? Décryptage.

Depuis la loi ESR (enseignement supérieur et recherche de 2013, les STS (sections de techniciens supérieurs) et IUT (instituts universitaires de technologie) sont censés accueillir prioritairement des bacheliers professionnels et technologiques.

Trois ans plus tard, certains établissements rechignent toujours à leur ouvrir leurs portes. Pour accélérer le mouvement, la ministre de l'Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, a demandé aux recteurs de fixer des quotas par décret. Une mesure reprise par Manuel Valls le 11 avril 2016 lors de sa rencontre avec la jeunesse dans le cadre de la mobilisation contre la loi Travail. Concrètement, qu'est-ce cela change ? Le point en 4 questions-réponses.

#1. Les bacheliers pro sont-ils prioritaires en BTS ?

Oui... et non

En fait, tout dépend de la filière. Chaque établissement qui dispose d'une STS s'est vu assigner un quota minimal de bacheliers professionnels par le recteur de son académie.

Ce pourcentage varie d'une académie à l'autre et d'une filière à l'autre. Ainsi, dans l'académie de Versailles, par exemple, à partir de la rentrée 2016, 40 % des places en BTS assistant de gestion PME-PMI à référentiel commun européen doivent être réservées aux néobacheliers professionnels, contre seulement 17,1 % en BTS communication et 0 % en BTS analyses de biologie médicale.

Sans surprise, c'est dans les BTS de production que la proportion de bacheliers professionnels est la plus importante. Ainsi, toujours dans l'académie de Versailles, le quota de bacheliers professionnels en BTS maintenance des véhicules (ex-BTS après-vente automobile) est de 80 %, il monte à plus de 85 % pour les métiers de la mode contre seulement 40 % en BTS opticien-lunetier.

De fait, plus le référentiel du BTS est proche de celui du bac pro, plus le quota est élevé. En revanche, quand un BTS fait appel à des compétences qui n'ont pas été vues par les bacheliers pro, il leur reste fermé ou tout au moins très sélectif.

#2. Les bacheliers pro peuvent-ils réussir en BTS ? 

Oui... et non

Parmi les arguments avancés par certains chefs d'établissement et enseignants de BTS pour ne pas élargir leur recrutement aux bacheliers professionnels figurent un taux d'abandon élevé et un plus faible taux de réussite à l'examen. Si ces arguments se vérifient dans les chiffres – le taux de réussite au BTS des étudiants issus de la voie professionnelle plafonne autour de 50 % (51 % en 2014), soit bien en deçà des 82,6 % des autres bacheliers –, les équipes pédagogiques se mobilisent pour permettre à ces élèves de décrocher leur diplôme. Cet accompagnement débute parfois dès le lycée professionnel dans le cadre de l'AP (accompagnement personnalisé) et se poursuit en BTS : pédagogie adaptée, cours de méthodologie...

Au final, "il n'est pas rare que les meilleurs étudiants de BTS soient issus de la voie professionnelle car ils sont souvent très motivés", témoignent de nombreux enseignants.

#3. Les bacheliers techno trouvent-ils tous une place en IUT ?

Non

En théorie, depuis la loi ESR de 2013, les bacheliers technologiques sont prioritaires en IUT. En réalité, on constate que moins de 1 étudiant en IUT sur 3 (30,3 %) est titulaire d'un bac technologique. Une proportion qui varie fortement d'un IUT à l'autre et selon la spécialité.

Parmi les arguments avancés pour justifier de cette faible proportion de bacheliers techno en IUT, figure le manque de candidats. À en croire les directeurs d'IUT, ces lycéens seraient peu nombreux à postuler dans leurs établissements, leur préférant souvent les STS (35,1 % des nouveaux entrants en STS étaient issus de la voie technologique en 2014) par crainte de ne pas réussir en IUT.

Face à la pression des recteurs, les IUT sont nombreux à multiplier les actions dans les lycées (rencontres avec des étudiants et des enseignants, portes ouvertes...) de façon à mieux faire connaître leurs filières et le profil des étudiants susceptibles d'y réussir. Mais il s'avère difficile d'imposer des quotas dans la mesure où les IUT constituent des départements autonomes au sein des universités.

#4. Avec une mention bien ou très bien au bac, les bacheliers pro et techno sont-ils assurés d'avoir une place en BTS ou en DUT ?

Oui

Les candidats ayant obtenu leur bac techno ou leur bac pro avec une mention bien ou très bien sont acceptés d'office en STS, pour la rentrée suivante, dans une "spécialité cohérente avec leur bac"… donc pas nécessairement celle de leur choix, faute de places par exemple. Il en va de même pour les bacheliers technologiques en IUT.

En outre, les 10 % des meilleurs bacheliers professionnels et technologiques de chaque établissement ont droit, comme les autres, à une place dans une filière sélective.

L'objectif de toutes ces mesures ? Permettre aux bacheliers pro et techno, de plus en plus nombreux à souhaiter poursuivre des études supérieures, de pouvoir le faire dans de bonnes conditions, c'est-à-dire dans les filières dans lesquelles ils ont le plus de chances de réussir. En atteste l'annonce de la création de 10.000 places en STS sur 5 ans et la fixation de quotas pour les bacheliers techno en IUT faite par Manuel Valls le 11 avril, en réponse à la mobilisation lycéenne et étudiante dans le cadre de la loi Travail.

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !