Décryptage

Prépa éco : comment "aimer" le sujet de culture générale 2022

Avec le thème "aimer" il faut tenter de sortir du registre sentimental et aller vers une réflexion plus générale.
Avec le thème "aimer" il faut tenter de sortir du registre sentimental et aller vers une réflexion plus générale. © Chinnapong / Adobe Stock
Par Agnès Millet, publié le 23 septembre 2021
5 min

Pour le concours 2022, c’est sur un large sujet que les candidats de prépa éco vont plancher cette année : "aimer". La matière pour alimenter la réflexion ne manque pas, mais attention aux écueils. Des professeurs de prépa vous livrent leurs conseils.

Pour la première fois depuis longtemps en prépa éco, le thème de culture générale des concours en école de management est un verbe : "aimer". "C’est un acte, il ne faut pas décrire passivement le phénomène", explique Jean-Baptiste Juillard, professeur agrégé de philosophie et auteur de 100 fiches de culture générale pour les Nuls.

Sortir du registre sentimental pour mener une réflexion globale

Un verbe se conjugue.

Pour Julie Reynaud, professeure de philosophie en prépa EC (économique et commerciale) au lycée Joffre à Montpellier, "au passé, on suggère que l’amour n’est pas éternel, quand les contes alimentent une aspiration d’éternité. À l’impératif, on crée un paradoxe, car on attend de l’amour qu’il soit libre".

Mais le thème n’est pas "l’amour". "Il faut sortir du registre sentimental et aller vers une réflexion plus générale, qui inclut la question des goûts", complète Stéphane Robillard, professeur en deuxième année de prépa éco au lycée Janson de Sailly, à Paris.

Trouver une définition d'aimer

Car on peut aimer son chat, l’argent, l’Europe, Dieu… "Le sens du mot change alors, avec éventuellement une dimension morale", précise Julie Reynaud. Ce qui rend "la définition difficile : quel point commun entre l’amour des frites ou de son conjoint ?"

Pourtant, "il faut toujours partir d’une définition simple, susceptible d’évoluer au cours de la dissertation", rappelle Jean-Baptiste Juillard.

Mobilisez votre corpus philosophique et les sources artistiques

Appuyez-vous sur les références philosophiques vues en cours. Et elles sont nombreuses : de la Métaphysique de l’amour sexuel de Schopenhauer en passant par l’Éthique à Nicomaque d’Aristote ou les réflexions de Saint Augustin sur l’amour de Dieu, vous ferez peut-être aussi un détour sur la notion d’amitié via Montaigne… Sans oublier l’incontournable Banquet de Platon.

Mythes, peinture, cinéma… Les sources abordant l’amour-passion ne manquent pas. Ça tombe bien, puisqu’on attend de vous de recourir à d’autres outils que la philosophie. Vous piocherez allégrement du côté de Shakespeare mais aussi de Choderlos de Laclos, de Proust ou de Zweig. Une liste loin d’être exhaustive !

Ancrer le sujet dans les enjeux actuels

À vous aussi d’ancrer vos références dans l’actualité, avec des œuvres ouvrant une "réflexion sur ce qu’aimer veut dire, au sens large", rappelle Stéphane Robillard, comme le film "Le goût des autres", d’Agnès Jaoui.

On peut s’appuyer sur la sociologie ou la presse, pour parler des enjeux modernes. "Les chroniques de Maia Mazaurette incluent les axes de féminisme, de sexualité", glisse Julie Reynaud, "à une époque où les applis de rencontre interrogent l’articulation entre attente sentimentale et certitude d’amour physique". Et peut-être ouvrir sur les implications scientifiques : peut-on aimer un algorithme (le film "Her", ndlr) ou expliquer biologiquement l’amour ?

Avoir une réflexion personnelle mais sans se confier

Ne vous noyez pas ! Dès le début de l’année, créez et entretenez un corpus de plusieurs œuvres, sans vouloir en faire trop. Mieux vaut bien choisir ses références et bien les maîtriser.

Une chose est sûre, pour Stéphane Robillard, "les sites de dissertations toutes faites donnent de mauvais résultats. Les copies excellentes sont celles qui travaillent la spécificité du sujet et non pas une récitation sur le thème".

Faites-vous confiance… sans creuser l’intime en vous épanchant dans des confessions personnelles. "Il faut rester dans l’analyse conceptuelle, sans céder au romantisme", rappelle Julie Reynaud.

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