Reportage

Une année en prépa : "La colle, c’est surtout un entraînement pour le concours"

Lycée Pothier à Orléans, classe prépa agro-véto.
Hortense présente son sujet sur les membranes, en colle de biologie. © Delphine Dauvergne
Par Delphine Dauvergne, publié le 27 octobre 2017
7 min

IMMERSION EN PRÉPA. Épisode 2. Cette année, l’Etudiant suit les élèves de la classe prépa BCPST, dite "prépa agro-véto", du lycée Pothier d’Orléans. En octobre, ils ont commencé à se familiariser avec l’exercice oral de "la colle". Avec plus de peur que de mal…

Lundi 16 octobre 2017, les élèves de la prépa BCPST (biologie, chimie, physique et sciences de la Terre) du lycée Pothier d’Orléans, sortent avec soulagement de la salle de cours de maths où règne une chaleur étouffante. Il est 16 h, l’heure pour certains de se rendre en "colle", un entraînement à l’oral des concours qu’ils préparent, une épreuve clé et souvent redoutée.

En maths, l’art de la démonstration

Maureen, Juliette et Hugo patientent devant la salle où ils seront interrogés. Feuilles à la main, ils revoient certaines de leurs formules mathématiques, tout en essayant de se rassurer. Le professeur, Monsieur Demoor, arrive, sourire aux lèvres. Il distribue les sujets. Ce sera "la formule de Pascal et sa démonstration" pour Hugo, "le binôme de Newton" pour Maureen, "la somme des premiers entiers et la somme des premiers carrés" pour Juliette.
Lycée Pothier à Orléans, classe prépa agro-véto.
Lycée Pothier à Orléans, classe prépa agro-véto. © Delphine Dauvergne
Chaque élève a un demi-tableau pour mettre en forme son sujet. En silence, les trois étudiants se concentrent et essaient de rassembler tous les éléments qui peuvent les aider. Les feutres Velleda glissent et commencent à remplir de formules les tableaux. L’enseignant passe, regarde les raisonnements en cours et les oriente. "Est-ce tu penses que la formule est bien énoncée ?" Une fois les démonstrations réalisées, les étudiants ont chacun le droit à un exercice et une question de cours.

Des progrès "à chaque fois"

Au bout d’une demi-heure, c’est le moment de la distribution des notes et des appréciations. Un 13/20 pour Juliette : "cours bien présenté à l’oral, exercice bien analysé, mais exécution qui a pris plus de temps que nécessaire". Un point de plus pour Hugo, qui était pourtant tombé sur le sujet d’un cours où il était absent. "Manque encore de rigueur !" Au tour de Maureen, avec un 11/20 nuancé : "Tu essaies plusieurs stratégies, c’est bien", encourage le professeur.
Lycée Pothier à Orléans, classe prépa agro-véto.
Lycée Pothier à Orléans, classe prépa agro-véto. © Delphine Dauvergne
En sortant de la salle de classe, les trois élèves ont un poids en moins sur le cœur. "La colle, c’est toujours impressionnant… Devoir expliquer le cours au prof, avoir le bon vocabulaire pour simplifier…", reconnaît Maureen. Pour Juliette, la grande difficulté au début, c’était l’oral : "Je ne me sentais pas à l’aise, mais comme les profs sont bienveillants, je progresse à chaque fois". Pour s’entraîner à la colle de maths, il faut beaucoup d’exercices, apprendre le cours et le comprendre, mais aussi s’exercer à la présentation orale. "Nous allons bientôt organiser des fausses colles entre nous pour constater nos points faibles et ce qu’on maîtrise", indique Hugo.

Un cours de bio résumé en 5 minutes

Ce jour-là, d’autres élèves avaient une colle de biologie, matière phare pour les étudiants qui veulent passer les concours des écoles vétérinaires. Maxime présente son tableau à l’enseignant, Monsieur Dieumegard, sur le thème de "l’eau dans la cellule". Il a bénéficié de 30 minutes pour construire un plan et répondre à une problématique en cinq minutes. L’enseignant semble satisfait et lui donne la note de 12/20, même s’il pointe quelques détails dans son exposé : "Pas besoin de décrire autant un tableau écrit, cela vous fera économiser du temps… C’est également dommage de finir par "et voilà !"".

Lycée Pothier à Orléans, classe prépa agro-véto.
Lycée Pothier à Orléans, classe prépa agro-véto. © Delphine Dauvergne
C’est ensuite au tour de Juliette d’expliquer sa démonstration sur "les lipides et leurs fonctions biologiques". Elle conclut son exposé en faisant une grimace. "Manifestement, vous n’êtes pas contente de votre conclusion !", souligne le professeur. "Oui, j’avais oublié ce que je voulais dire…", admet l’étudiante. Son oral aura duré neuf minutes au lieu des cinq exigées. "Pensez à sélectionner le plus important !" Elle récolte un 13/20. "C’est le sujet que j’avais le plus travaillé !", confie-t-elle soulagée.
Hortense passe en dernier, sur "la structure et le fonctionnement des membranes". Elle se distingue par un débit rapide. "Vous êtes dynamique, avec une bonne élocution, mais vous parlez plus vite que vous ne pensez, ce qui vous fait notamment faire des erreurs de vocabulaire", constate Monsieur Dieumegard, qui la récompense par un 14. "La colle, c’est surtout un entraînement pour les concours. Même si cela reste stressant, il faut prendre en compte toutes les remarques qu’on nous fait", conseille Hortense.
Lycée Pothier à Orléans, classe prépa agro-véto.
Lycée Pothier à Orléans, classe prépa agro-véto. © Delphine Dauvergne
"Il faut penser à tout en très peu de temps : le plan, l’intro, la conclusion, les schémas à dessiner… Et tout structurer pour que cela soit propre rapidement sur le tableau", explique Juliette. La colle se compliquera ensuite, puisque la présentation d'un sujet en 5 minutes sera complétée dès la rentrée des vacances de la Toussaint avec une étude documentaire, pour se diriger progressivement vers l'épreuve du concours. En biologie, pas de place pour la débrouille comme en maths, il faut connaître son cours sur le bout des doigts. "Mais ce n’est pas une récitation, car il faut souvent reprendre des éléments dans plusieurs chapitres différents", souligne Hortense. Les schémas sont aussi une autre difficulté de la colle de biologie. Ainsi, Hortense et Maxime ont déjà décidé d’investir dans des tableaux pour s’entraîner chez eux !
Une fête d’intégration remise en question

Suite à la soirée d’intégration des élèves de la prépa agro-véto, le jeudi 7 septembre 2017, une mère d’élève a porté plainte. L’objet : "exhibition sexuelle". "Les élèves de deuxième année nous ont invités à faire la danse du Limousin (qui pousse à se dénuder) avec eux, mais nous n’étions pas obligés, moi je l’ai faite seulement à moitié", témoigne une étudiante, qui n’a pas compris pourquoi il y a eu un tel retentissement médiatique. Pour la proviseure du lycée, Pascale Gautrot-Lamoureux, "l’élève concernée a dû être mal à l’aise d’assister à ce spectacle et n’a pas eu l’opportunité de s’en extraire". Des décisions ont été prises rapidement pour que l’Ô-Bural, l’association des étudiants en classe préparatoire aux grandes écoles scientifiques, établisse notamment une charte pour éviter que d’autres accidents malheureux ne se produisent. L’ambiance de la classe n’a pas été impactée : "Nous restons solidaires, il y a une bonne entente avec les deuxième année".
Pour aller plus loin - Livres l'Etudiant Editions

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