Enquête

Coronavirus : l’enseignement supérieur se prépare au stade 3

REA
L'université de Corse est la première université française à avoir suspendu ses activités en présentiel. © Ian HANNING/ REA
Par Amélie Petitdemange, publié le 11 mars 2020
6 min

Cours en ligne, rapatriement d'étudiants à l'étranger, annulation de manifestations culturelles et sportives... Les établissements d'enseignement supérieur doivent s'adapter rapidement à l'évolution de l'épidémie de coronavirus.

Ecoles et universités à travers la France se préparent au passage de la France au stade 3 de l’épidémie de coronavirus. "On échange tous les jours avec le ministère de l’Enseignement supérieur. Nous sommes prêts à passer au stade 3, ce qui n’induit pas forcément la fermeture de l’établissement", explique Jean-Pierre Astruc, président de l’université Sorbonne Paris Nord (ex-Paris 13). L'université de Corse, à Corte, a de son côté pris la décision de fermer son établissement tout comme l'IUT de l'Oise, sur son campus de Creil.

Priorité à la continuité pédagogique

Le ministère a demandé à tous les établissements d’établir un plan de continuité d'activité (PCA) en cas de fermeture, totale ou partielle. "Notre plan est finalisé. Pour assurer la continuité pédagogique, il faut que le travail administratif soit maintenu. Nous allons donc développer le télétravail pour le personnel, avec 100 nouveaux postes", affirme Jean-Pierre Astruc.

Un certain nombre de cours seront enregistrés et mis en ligne, mais cette solution "ne sera pas viable au-delà de quelques semaines", souligne le président. Une autre limite réside dans la recherche en laboratoire, pour la physique ou la biologie par exemple. "On ne lance plus de manipulations à long terme, on risque de devoir les arrêter du jour au lendemain". Les Journées Portes ouvertes ont quant à elle été annulées, laissant place à une "visite virtuelle".

Concours commun de Sciences po menacé

Du côté de Sciences po Lille, on réfléchit à retransmettre les cours plutôt que de les enregistrer. Mais il faudrait pour cela que l’établissement reste ouvert, même sans accueillir d’étudiants. "Le prof donnerait cours devant une salle vide, comme les matchs à huis clos", avance Pierre Mathiot, directeur de l’institution. Les directeurs des sept Sciences po du réseau se réuniront en visio-conférence la semaine prochaine pour trouver des solutions.

Le concours commun du 18 avril risque notamment d’être annulé. "Les concours sont autorisés pendant l’épidémie, sauf que nous avons des candidats qui viennent de zones confinées et ne pourront pas se déplacer. Maintenir le concours induirait une inégalité de traitement", explique Pierre Mathiot, qui préfère donc "anticiper" une telle éventualité. "L’idéal serait de décaler les dates, mais cela demande un accord du ministère pour déroger aux dates de Parcoursup".

A Rennes School of Business, tous les cours seront accessibles à distance à partir du 23 mars "afin d'assurer la continuité pédagogique jusqu'à la fin du semestre". Les cours seront interrompus du 12 au 23 mars afin de déployer la plateforme.

L’université de Strasbourg diffuse également en ligne les cours de première année de médecine "pour éviter toute propagation supplémentaire du virus". Les autres facultés ne sont pas concernées pour l’instant mais une cellule de crise s’est réunie lundi 9 mars pour réfléchir à un plan d’action.

Mobilité internationale à l'arrêt

Cette digitalisation à marche forcée est accompagnée d’autres mesures, notamment l’arrêt de la mobilité internationale. Sciences Po Paris, qui a 1.600 étudiants à l’étranger, est "en mode gestion de crise depuis deux mois", raconte Bénédicte Durand, directrice des études. "Une cinquantaine de nos étudiants étaient en Chine pendant la césure de Noël. Ils sont tous rentrés, comme les étudiants qui étaient en Italie". Les étudiants et professeurs venant de pays à risque restent chez eux pendant deux semaines et suivent des cours en ligne. Ils peuvent ensuite reprendre les cours à Paris ou être envoyés dans un autre pays.

A l’université Sorbonne Paris-Nord, les mesures sont plus strictes : tous les départs ont été annulés, quelle que soit la destination. "Nous avons stoppé la mobilité, même vers les pays où il n’y a pas de cas. La situation évolue très rapidement et c’est ensuite très compliqué de faire un rapatriement sanitaire.

Nous faisons des exceptions au cas par cas pour quelques pays d’Europe", explique Jean-Pierre Astruc. Concernant les étudiants déjà à l’étranger, un certain nombre ont été rapatriés, depuis la Corée du Sud par exemple, mais d’autres étudiants aux Etats-Unis ou au Canada sont restés. Les professeurs et étudiants venant de zone à risque sont également placés en confinement. Ils sont environ 65, notamment venant de l’Oise.

Événements étudiants annulés

La vie étudiante est aussi à l’arrêt, avec l’annulation des événements internationaux et nationaux. Ainsi la simulation WorldMUN qui devait rassembler plus de 2.000 étudiants en provenance de plus de 110 pays à Tokyo cette année sera reporté à 2021. Le CRIT, une rencontre sportive annuelle entre les 10 Sciences po de France, sera également annulé. D’autres mesures pourraient être prises dans les semaines à venir, les établissements recevant quotidiennement des consignes par mail de la part du ministère.

Vous aimerez aussi

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !