Décryptage

Cours et révisions : ne laissez plus les réseaux sociaux vous voler votre attention

Révisions
Révisions © iStockphoto
Par Marc Bonomelli, publié le 12 décembre 2017
6 min

Au cœur des révisions des partiels, la question de la concentration est cruciale. Mais les réseaux sociaux ne cessent de parasiter votre attention. Heureusement, il existe des parades.

"En amphi, il n'y a pas un étudiant qui ne regarde pas son portable en 50 minutes de cours", constate Victoria, en licence 3 de droit à Paris-Assas. À l'heure où chacun d'entre nous cumule plusieurs réseaux sociaux et autres messageries instantanées sur ses outils numériques, maintenir le focus sur les cours est de plus en plus difficile. Le problème se pose davantage pour les étudiants, qui ont, pour la plupart, le droit d'utiliser leurs ordinateurs et leurs smartphones en classe et amphi. Mais les collégiens et lycéens, qui révisent contrôles, brevet et bac à la maison sont aussi concernés.

Un problème générationnel

"C'est très dur de résister à la tentation d'aller sur les réseaux sociaux en cours ou pendant les révisons, continue Victoria, surtout le vendredi quand il s'agit d'organiser ses sorties du week-end !" Un péril renforcé quand on prend ses cours sur son Mac ou PC, et que le Wi-Fi de l'établissement est disponible. Selon un sondage Orange BVA Psychologies, 36 % des répondants témoignent d'une difficulté à se concentrer sur une seule tâche à cause des sollicitations digitales. Les moins de 35 ans seraient d'ailleurs plus touchés par ces moments de flottement.

"Il m'arrivait de faire cours depuis le fond de la salle pour pouvoir regarder ce qu'il passait sur les ordinateurs, se souvient David, professeur de droit pénal à l'université Paris 1. On s'apercevait que certains avait tout devant les yeux sauf un cours de droit !" Selon une étude, les étudiants passeraient environ 40 % du temps de leurs cours occupés en ligne à faire autre chose qu'écouter l'enseignement donné. Des mauvaises habitudes qui ne sont pas sans conséquence sur la réussite scolaire.

Un impact négatif sur la performance

"En général, cela ne me prend jamais plus de une à deux minutes, relativise Ève, étudiante en psychomotricité à Lyon. Mais cela peut arriver une dizaine de fois dans un cours de deux heures, surtout quand j'en ai un peu marre du cours et que je vois que j'ai des messages." Seulement voilà, de telles distractions, mêmes occasionnelles, peuvent impacter la performance de l'étudiant de manière négative. Des études montrent que ceux qui utilisent le plus Internet dans un contexte d'apprentissage ont les notes les plus basses aux examens.

Pour Marion Haza, psychologue et maître de conférence, énormément de temps de travail est perdu à cause du parasitage numérique. Elle accuse notamment notre culture de l’immédiateté de renforcer ce fléau : "On est habitué à l'idée qu'il ne faut jamais attendre, qu'il faut répondre tout de suite aux sollicitations. Par conséquent, les étudiants se calquent sur ce fonctionnement."

Dans le documentaire Hyperconnectés : le cerveau en surcharge, on apprend que si le cerveau est sollicité par deux tâches (par exemple, suivre une leçon et liker une photo sur Instagram), il perd en efficacité. Ce que confirme Victoria : "Quand on regarde son portable on se déconnecte totalement et il nous faut 25 secondes pour se reconnecter à ce que l’on nous dit. Donc on rate forcément des trucs."

Se donner des objectifs réalistes

Heureusement, il y a des parades. Quentin, en prépa à Paris, désactive les notifications sur son téléphone : "Zéro son, zéro distraction", se vante t-il. Une méthode qui n'est pas infaillible, comme le remarque la psychologue Marion Haza : "Cela n’empêche pas que, dans la tête de l'étudiant, il y ait de possibles notifications qui le poussent à consulter son téléphone". D'ailleurs, la seule présence d'un smartphone nuit à la concentration. Tâchez donc de sortir votre appareil de votre champ visuel.

"En TD, maintenant qu’on a le droit aux ordinateurs, confie Victoria, je m’empêche radicalement de me connecter au Wi-Fi, sinon impossible de décrocher de Facebook ou des mails." Hélas, au sein de parcours universitaires de plus en plus nombreux, l'emploi d'Internet, et même des réseaux sociaux (groupes Facebook de promo, accès à l'ENT (environnement numérique de travail), cours et ressources pédagogiques en ligne, recherche Web, etc.) deviennent de plus en plus fréquents. En bref, vous êtes cernés par les tentations !

Mais pas de panique, il est tout à fait possible d'éduquer votre cerveau. La clé, selon Marion Haza, c’est de fractionner les temps d'effort d'étude : "Donnez-vous des temps de concentration effective sur une seule tâche, par exemple 45 minutes." L'important est d'apprendre à connaître ses capacités et ses limites, et de s’organiser en fonction. Avec l'entraînement et l'habitude, le temps de focalisation de votre attention va augmenter.

Très important aussi, ajoute Marion Haza, "offrez-vous des temps de récupération où vous vous autorisez à regarder vos notifications sur les réseaux sociaux". À condition de ne pas trop allonger ces instants de pause, bien sûr. "C'est une méthode de révision plus réaliste, et donc plus atteignable que de vouloir s’isoler d'Internet pendant des heures".

Le bien-être compte !

Dernières recommandations, et non des moindres, une bonne hygiène de vie (sommeil suffisant, activité physique et régime alimentaire équilibré) et des plages horaires accordés à des loisirs ou des activités sociales. Un tel équilibre forgera votre maîtrise de vous-même, qui vous sera utile quand il s'agira de résister à la pulsion de regarder votre fil d'actualités Instagram ! Enfin, une pratique comme la méditation de pleine conscience peut développer votre concentration et votre aptitude à maîtriser la frustration de vous jeter sur les réseaux sociaux pour checker vos notifications.

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