Décryptage

Cinéfondation : le Festival de Cannes des étudiants

La montée des marches des étudiants-réalisateurs sélectionnés en 2016.
La montée des marches des étudiants-réalisateurs sélectionnés en 2016. © Festival de Cannes
Par Martin Rhodes, publié le 17 mai 2017
1 min

Instance officielle du Festival de Cannes, qui a débuté le 17 mai 2017, la Cinéfondation décerne chaque année le prix du meilleur étudiant-réalisateur au travers une sélection de courts et moyens métrages. Cette année, deux films français sont en lice.

Au mois d'avril 2017, Tommaso, 28 ans, étudiant en quatrième et dernière année à la Fémis, l'une des meilleures écoles de cinéma de France, reçoit un appel de Dimitra Karya, la directrice de la Cinéfondation : "Félicitations Tommaso, ton film est sélectionné. Tu vas à Cannes !". Le jeune réalisateur italien est justement en train de faire le montage son du court métrage de 27 minutes qu'il vient de terminer.

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"Deux égarés sont morts" revisite la tragédie de "Roméo et Juliette" dans la campagne toscane (en Italie) d'aujourd'hui. "J'ai tourné dans mon pays, avec une équipe technique de la Fémis et de jeunes acteurs locaux qui me sont chers, comme mon frère Piero, explique-t-il. Cette fiction très personnelle fait donc la synthèse de mes débuts franco-italiens dans le cinéma." Le Palais des festivals et des congrès de Cannes, le célébrissime tapis rouge, les plus grands réalisateurs du monde entier, et lui, Tommaso, un fou de cinéma arrivé en France il y a tout juste quatre ans. "Je ne sais pas quoi dire... je n'en reviens pas", bredouille-t-il ému.

Un dîner au Carlton et 15.000 €

Sélection créée en 1998 "pour la recherche de nouveaux talents", la Cinéfondation récompense chaque année trois films réalisés par des étudiants en cinéma. Cette année, le comité de sélection a préalablement distingué 14 fictions et deux animations parmi les 2.600 courts et moyens métrages présentés venus du monde entier. Les bandes-annonces sont disponibles sur le site Internet du Festival de Cannes. "Un film techniquement parfait peut ne pas être sélectionné. Nous privilégions les réalisateurs qui ont ce qu'on appelle une patte, un regard et un style bien à eux", confie Dimitra Karya.

En 2017, 14 pays sont représentés à l'issue de cette première étape, dont l'Iran, le Brésil, le Japon et les États-Unis. Tommaso et Léa, 27 ans et étudiante à la Poudrière (une école qui forme à la réalisation de films d'animation), sont les deux représentants français de la 20e édition de la compétition. Léa se rendra à Cannes pour défendre "À perdre haleine", une animation d'une durée de quatre minutes.

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À Cannes, les 16 réalisateurs sélectionnés sont entièrement pris en charge pendant quatre jours. Au programme : rencontre avec le jury de la Cinéfondation, montée des marches, séances photos, remise des prix au Palais des festivals, projection des films primés et enfin "dîner officiel" à l'Hôtel Carlton. Cette année, le réalisateur roumain Cristian Mungiu (Palme d'or 2007 pour "4 mois, 3 semaines, 2 jours") est le président d'un jury composé de l'actrice française Clotilde Hesme et de trois réalisateurs étrangers, dont le très en vogue Barry Jenkins ("Moonlight", Oscar 2017).

La cérémonie de remise des prix est prévue le 26 mai, soit deux jours avant la clôture du Festival de Cannes. Pas de petite statuette : les trois lauréats reçoivent une "dotation" d'un montant de 7.500 à 15.000 €. L'édition 2016 a été remportée par la jeune réalisatrice israélienne Or Sinai (pour "Anna", une fiction de 24 minutes).

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Visibilité et belle ligne sur le CV

Mélody, 25 ans, elle aussi étudiante à la Poudrière, fait le bilan de sa participation à la Cinéfondation 2016. La jeune femme n'a pas rencontré de producteur ni de distributeur sur la Croisette : "Le programme était chargé, et c'était encore un peu tôt pour moi". Toutefois, "Ailleurs", l'animation de six minutes qu'elle a réalisée à l'ENSAD (École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris), a par la suite été sélectionnée dans bon nombre de festivals en Australie, Croatie, Arménie, Italie ou encore Amérique du Nord.

Mais Mélody a surtout gagné en confiance en elle. Quand elle doute, elle se dit : "Puisque ton film a été Cannes, il peut aussi intéresser un producteur et un public". Un mantra pour se remettre au travail et persévérer malgré la difficulté de percer dans le cinéma. D'autant que les exemples encourageants sont là. Lauréat de la Cinéfondation 2003, le metteur en scène hongrois Kornél Mundruczó est cette année en lice pour la Palme d'or avec son film "Jupiter's Moon".

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