Décryptage

Comment devenir comédien ?

La persévérance et une grande motivation sont des éléments essentiels pour percer dans le milieu artistique.
La persévérance et une grande motivation sont des éléments essentiels pour percer dans le milieu artistique. © Adobe Stock / Blend Images
Par Mersiha Nezic, publié le 15 novembre 2019
8 min

Si vous êtes tenté(e) par le métier de comédien ou d'acteur, il vaut mieux vous accrocher. Et surtout, accéder à une formation qui vous permettra d'acquérir les techniques et de construire votre réseau professionnel. Sélection, profil, cursus, diplômes et débouchés, suivez le guide.

Où étaient Carole Bouquet, Isabelle Huppert ou Pierre Niney avant d’être célébrés pour leurs films ? Au Conservatoire national supérieur d'art dramatique (le CNSAD) de Paris. Avant de se lancer dans le métier, l’écrasante majorité des comédiens ont suivi une formation. Ils ont appris les bases du jeu et ils se sont constitués un réseau au sein d'une école. Un parcours bien loin du mythe de l’acteur prédestiné à devenir une star après avoir été repéré lors d’un casting sauvage !

Interpréter, jouer, raconter. Telles sont les "compétences" du comédien

. Une poignée de chanceux, soit une trentaine d’étudiants accueillis chaque année, apprennent le métier au CNSAD. Ils sont recrutés sur concours après un passage obligé par une prépa, souvent le Cours Florent (Paris 19) ou les conservatoires municipaux ou régionaux. Si choisir une option ou une spécialité théâtre dès le lycée est un plus, cela est largement insuffisant pour préparer les épreuves d’admission. Les candidats présentent quatre scènes, dont une en alexandrin, devant un jury de professionnels.

Comment se distinguer pour intégrer le CNSAD ?

Quels sont les profils des candidats qui séduisent les jurys de cette école prestigieuse ? "Ceux qui arrivent sur le plateau avec un monde, un imaginaire qui n’appartient qu’à eux, indique Grégory Gabriel, directeur des études du CNSAD. Au-delà de critères objectifs, comme la voix, l’utilisation du corps, le rapport au partenaire, la capacité à occuper l’espace, c’est la singularité, l’engagement et la capacité d’évoluer qui sont déterminants".

Les ateliers au cœur de la formation d'un comédien

Le cursus, d’une durée de trois ans, est sanctionné par le Diplôme national supérieur professionnel de comédien (DNSPC). La première année est axée sur des cours hebdomadaires autour des fondamentaux du métier d’acteur : les élèves travaillent sur la voix, le corps et le texte. "Le chant, la danse, le masque, le clown... Tout l’enjeu de l’école, c’est que les jeunes artistes se confrontent à ces disciplines en faisant la synthèse dans les cours d’interprétation", reprend Grégory Gabriel.

"À partir de la deuxième année, on combine cette méthode au choc de la rencontre. C'est à dire un rendez-vous hebdomadaire avec un professeur sur des sujets précis (clown, masque…). Les après-midis sont consacrés à ces master class lors desquelles un artiste vient travailler autour de sa propre esthétique". En troisième année, les étudiants participent à des ateliers de création dirigés par des metteurs en scène invités. Ceux-ci se déroulent dans les conditions d’une production professionnelle. En outre, un atelier ou deux par an sont dirigés par les élèves eux-mêmes.

La clé pour intégrer une école ou un conservatoire : rester motivé(e) !

Cette formation prestigieuse fait rêver mais offre peu de places. Mais il ne faut pas se décourager. "Personne ne dit la messe. Il y a des comédiens qui n'ont pas passé le cap de la sélection chez nous mais qui ont fini par devenir très connus. Le hasard, la rencontre jouent aussi", souligne Grégory Gabriel. Si vous êtes tentés, sachez que vous pouvez aussi vous tourner vers les conservatoires municipaux ou régionaux. Ce sont des formations de qualité et très demandées. La scolarité dure quatre ans.

Il existe également des écoles privées, très cotées, comme le célèbre Cours Florent. Ou l’école Auvray-Nauroy qui existe depuis une dizaine d’années, mais est déjà réputée. L'entrée au sein de l'établissement, fondé par un ancien professeur du Cours Florent, se fait lors d'une audience. Le passage par une prépa n'est pas demandé. Ici, on parle plutôt d’une rencontre entre un candidat et le jury. "Parfois, de grands débutants, fragiles au plateau pourtant, sont dotés d’une profonde motivation. Et c'est ce qui fait la différence, le désir d’être acteur. Même la présence et le charisme s’acquièrent, explique Eram Sobhani, le co-directeur de l’école. Il faut tenir 20, 30, 40 ans de carrière. Et chaque comédien connaît des passages à vide, des moments de doutes, des périodes durant lesquelles il souhaite tout arrêter. Ce qui fait les qualités d’un comédien, c’est d’être en clair de son propre désir chaque jour".

L’objectif de l’école : faire en sorte que chaque étudiant invente sa pédagogie par la création. "Les élèves ne sont pas formatés mais découvrent quel théâtre ils peuvent faire", reprend Eram Sobhani. L’école, située dans un lieu spartiate, un ancien hangar rénové à Saint-Denis (93), dans la banlieue parisienne, souhaite aussi aiguiser la conscience politique de ses élèves. "Il ne s’agit pas de faire travailler les élèves dans une tour dorée où ils seraient enfermés dans leur cocon". L’école collabore avec nombre d’associations, qui s’occupent notamment des SDF. "Les élèves récupèrent des textes écrits par des SDF, les mettent en scène et reviennent les jouer. Ils vont faire la même chose dans une prison", explique le co-directeur.

Comment durer dans le métier de comédien ?

Ces écoles sont surtout des lieux de rencontre. Les étudiants s’y constituent leur futur réseau professionnel. Théâtre, cinéma et télévision sont les principaux débouchés du secteur. Mais pour perdurer, les artistes multiplient les expériences. Se lancent dans le doublage ou les tournages de pub. "Pendant les périodes lors desquelles je ne travaillais pas au théâtre, j’avais la chance de pouvoir faire du doublage, de la radio. J’ai pu rester dans le métier, attendre la bonne occasion de revenir au théâtre et au cinéma. Je n’ai pas été obligée de changer d’orientation", confirme Éric Herson-Macarel, un comédien âgé d’une cinquantaine d’année.

Le talent ne fait pas tout. La persévérance pour enchaîner les castings compte aussi. La concurrence est rude. Et la célébrité, absolument pas garantie. "Ce n’est pas une composante essentielle du métier, reprend le comédien. Certains acteurs parviennent à la célébrité, mais ce ne sont pas forcément les meilleurs ni ceux qui font les choses les plus intéressantes".

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