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Reportage

Dans "Avignon, une école", de jeunes étudiants comédiens plongent dans les archives du Festival

Pour leur tout premier Festival d’Avignon, les 15 étudiants de La Manufacture de Lausanne vont jouer six fois en trois jours leur pièce "Avignon, une école".
Pour leur tout premier Festival d’Avignon, les 15 étudiants de La Manufacture de Lausanne vont jouer six fois en trois jours leur pièce "Avignon, une école". © Christophe Raynaud de Lage/Festival d'Avignon
Par Florian Dacheux, publié le 15 juillet 2024
4 min

Lors du Festival d'Avignon, de jeunes comédiens font revivre l’histoire vive du théâtre. En réinterprétant des scènes mythiques du Festival, la pièce "Avignon, une école" livre une expérience mémorielle ludique qui interroge aussi sur la place du théâtre au sein de la société.

Jouer six fois en trois jours dans la cour d’un cloître du XIVe siècle, et ce, pour leur tout premier Festival d’Avignon. Voici le défi relevé par 15 étudiants de La Manufacture – Haute école des arts de la scène de Lausanne (Suisse).

Tout juste diplômés, ils travaillent depuis plusieurs mois sur Avignon, une école, mis en scène par Fanny de Chaillé. Ensemble, ils se sont emparés de l’histoire du Festival d’Avignon dans une pièce truffée de références.

"Pendant six mois, nous avons eu accès à un drive sur lequel étaient stockées plein d’images d’archives, d’enregistrements sonores, de vidéos, raconte Léo, 28 ans. Puis la création a démarré à partir de cette matière, en avril, et pendant sept semaines."

Rejouer des scènes mythiques du Festival d'Avignon

Les étudiants de la Manufacture ont ainsi réalisé un hommage au festival fondé par Jean Vilar en 1947. Pendant 1h45, les jeunes comédiens interrogent les mutations esthétiques de leur art et rejouent certaines scènes mythiques.

La pièce replonge ainsi le public au beau milieu de l'été 1968 quand la troupe américaine Living Theatre fait sensation dans la Cité des papes avec son spectacle Paradise Now. Cette pièce est restée célèbre pour une scène dans laquelle les acteurs énoncent une liste des tabous de la société occidentale contemporaine, tout en se dénudant.

Puis viennent des scènes sur la douleur de l’édition 2003 annulée pour cause de grève des intermittents ou encore les attaques racistes subies l’été dernier par les comédiennes de la pièce Carte noire nommée désir de Rébecca Chaillon.

"Cela nous a ouvert sur plein d’autres formes de théâtre, réagit Luna, 23 ans. Rejouer du Gérard Philippe dans Le Prince de Hombourg en passant par Macbeth, c’est hyper intéressant. L’histoire du Festival d’Avignon, c’est aussi l’histoire du théâtre occidental. En jouant cette pièce, on a l’impression d’avoir tout revisité. On est capables aujourd’hui de converser avec n’importe qui sur telle ou telle période du festival."

Pendant 1h45, les jeunes comédiens interrogent les mutations esthétiques du théâtre.
Pendant 1h45, les jeunes comédiens interrogent les mutations esthétiques du théâtre. © Christophe Raynaud de Lage/Festival d'Avignon

Construire un regard critique autour du théâtre

Mémoire vive du spectacle vivant, cette expérience singulière met en résonance l’histoire de l’art dramatique avec les enjeux politiques et sociaux du moment. Une façon pour les jeunes comédiennes et comédiens de se construire et de poser un regard critique sur leur nouvel écosystème.

"C’est vraiment un zapping avec beaucoup de scènes qui font écho avec notre époque, poursuit Luna. Il y a de plus en plus de jeunes qui postulent dans les écoles, ça prouve que le théâtre a beaucoup à dire. Si on veut toucher les gens, faire un théâtre déconnecté n’a pas grand intérêt."

"Au théâtre, chaque représentation est un moment unique, c’est en cela qu'il est essentiel et irremplaçable, rebondit Léo. Terminer notre cycle de trois ans d’études ici à Avignon par un tel spectacle, avec la possibilité de le jouer ailleurs, c’est formidable. On a conscience de notre chance."

Après le festival, la troupe pourrait se diriger très prochainement vers l’Aquitaine où Fanny de Chaillé vient d’être nommée directrice du Théâtre national de Bordeaux.

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