Reportage

Dans les coulisses de la création d'un jeu vidéo

Par Pauline Bluteau, Valentine Daléas, publié le 09 juin 2023
5 min

Le vendredi, c'est l'effervescence à l'école e-artsup : les étudiants en deuxième année de bachelor game design et jeu vidéo testent leurs créations. Entre lignes de code, dessin, animation et scénario, quelques élèves ont accepté de nous faire entrer dans ce monde parallèle mais bien réel.

"Un zombie trop choupi", c'est ce sur quoi travaille Noémie, en deuxième année de bachelor. Derrière son ordinateur, où elle fait "semblant de travailler", plaisante-t-elle, l'étudiante conçoit un petit personnage à l'œil pendant.

Depuis un mois déjà, Noémie et son équipe s'attellent à la création d'un jeu vidéo. "On est dans un monde apocalyptique, le joueur doit nourrir des zombies : il prépare des burgers, des frites et s'il se trompe dans les commandes, il perd des vies", résume Augustin.

Tester et retester son jeu vidéo

Ce vendredi, les étudiants font tester pour la première fois leurs jeux vidéo dans une ambiance bon enfant. Comme le confirme Wilfried Marcadet, enseignant à e-artsup : "L'objectif des play-test, c'est de se prendre des murs, on corrige jusqu'à atteindre l'idéal."

Un à un, les étudiants empoignent souris, clavier ou manettes et tentent de percer les mystères -et surtout les limites- du jeu, sous les regards perplexes des concepteurs. "Même s'ils n'ont pas fini, c'est important qu'ils puissent voir ce qui marche, ce qu'il faut améliorer. On est obligé de prendre en compte le joueur pour développer un jeu", estime l'enseignant, lui-même créateur de jeux vidéo.

Codage d'un côté, graphisme de l'autre

Ce projet de fin d'année va durer deux mois. Même si les étudiants ne sont qu'en deuxième année, les réflexes semblent acquis. Chaque équipe s'est répartie en binôme : deux étudiants travaillent sur le développement du jeu – tout ce que le joueur ne voit pas - et les deux autres conçoivent les visuels – le décor dans lequel le joueur évolue -.

Thibaut, Marc, Thomas et Lycan travaillent sur un visual novel, un jeu narratif où le joueur fait des choix pour faire avancer l'histoire. Après une semaine de préproduction où ils ont partagé leurs idées, l'équipe a commencé à élaborer un planning bien précis pour rester dans les temps. "C'est important qu'on sache où on va même si on ne travaille pas tous sur les mêmes éléments", explique Thibaut qui a conçu tout le scénario du jeu, avec peu d'heures de sommeil au compteur.

"La partie recherche est très importante aussi : pour les personnages et pour les décors, on s'est inspiré de photos. Tout à son importance", détaille Thomas.

La communication, essentielle dans les métiers du game

Chacun a donc des tâches bien définies à réaliser, selon ses compétences. "Je ne sais pas du tout coder", s'amuse Thomas, "et je dessine très mal", complète Thibaut. Comme lorsqu'ils seront en entreprise, plusieurs corps de métiers seront nécessaires pour concevoir le jeu vidéo mais il est essentiel d'avoir des connaissances techniques et artistiques pour s'entendre. "Savoir communiquer, c'est bien plus important que de savoir dessiner", souligne Thomas.

Construire son jeu vidéo, étape par étape

Après la préproduction, les équipes passent à l'étape "alpha" où ils conçoivent les mécaniques principales du jeu. Dans le groupe de Noémie et Augustin, le steak-frites apparaît encore sous forme de petits blocs rectangulaires de couleurs

La prochaine étape est le "bêta" où ces blocs seront "habillés graphiquement" pour ressembler à un vrai plat de viande et pommes de terre. "Tout devra être visible mais pas encore complètement fini", précise Augustin. D'ici quelques semaines, tous rendront leur projet final, un jeu vidéo "vendable", c'est le "gold".

Être ambitieux mais réaliste pour créer le jeu vidéo idéal

Avant d'en arriver là, beaucoup de travail reste à fournir. "Le jeu vidéo c'est très dur car c'est un art total. Ce que j'essaie de leur apprendre, c'est que seule la qualité compte, avance Wilfried Marcadet. Or, le plus dur pour eux, c'est le fossé entre leur ambition et ce qu'ils peuvent faire. Se donner un challenge par production…c'est déjà très bien. " Car comme beaucoup d'étudiants en art, les élèves peuvent vite se retrouver dans le crunch (travail intensif, ndlr), une pratique assez répandue dans l'industrie du jeu vidéo. "On leur rappelle qu'il ne s'agit pas du jeu de leur vie mais d'un exercice", soutient l'enseignant.

Alors même s'il y a un peu de retard, des ratés et quelques déceptions, les étudiants l'assurent : concevoir un jeu vidéo est une vraie passion, presque plus que d'y jouer. "C'est une ambiance. Quand on a fini, on sort, on se marre et on rage parce qu'il y a plein de trucs qui n'ont pas marché dans la journée et le lendemain on se retrouve… et on recommence !", conclut Augustin.

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