Reportage

Défilés, spectacles... Quand les étudiants en écoles d'art découvrent le monde professionnel

Les étudiants de l'International Fashion Academy ont pu présenter leurs créations lors d'un défilé en fin d'année scolaire.
Les étudiants de l'International Fashion Academy ont pu présenter leurs créations lors d'un défilé en fin d'année scolaire. © Photos Fabrice Malard
Par Sarah Nafti, publié le 20 juillet 2021
6 min

Concours, défilés, spectacles... en école d'arts, les étudiants sont amenés à se confronter aux situations réelles et à mettre en application les techniques apprises en cours. L'occasion pour eux d'exprimer leur créativité mais aussi de se faire connaître.

En coulisses, le stress est palpable. Assis par terre, fil et aiguille à la main, des étudiants s'appliquent aux dernières retouches. Ils participent au défilé de fin d'année organisé par les étudiants de l'International Fashion Academy (IFA), le jeudi 8 juillet dernier. La moitié de la promotion a été sélectionnée pour présenter ses collections personnelles.

Répétition générale avant le monde professionnel

Chengru, munie de son fer à repasser, finit de préparer l'une des robes qui sera présentée une heure plus tard. L'étudiante venue de Chine a obtenu une bourse pour venir à Paris. "Présenter la collection sur laquelle on travaille depuis un an est une grande chance, c'est très excitant. Un défilé, c'est un moment où il faut organiser, diriger les autres et pour moi qui aimerait un jour lancer ma propre marque, c'est une très bonne expérience."

Au théâtre du Hangar, à Montpellier (34), c'est aussi une répétition de ce qu'ils seront amenés à faire dans le monde professionnel sur laquelle travaillent les étudiants de l'ENSAD (école nationale supérieure d'art dramatique). Ils répètent actuellement trois "cartes blanches", qui seront présentées au public au mois d'octobre. "C'est un moment particulier, détaille Fanny. Nous vivons en vase clos depuis près d'un an. Dans notre projet, on a voulu travailler sur les rêves de nos camarades." Avec Stan, ils ont laissé libre court à "l'écriture de plateau", et "à l'improvisation autour de certains thèmes". "On apprend vraiment à travailler, explique-t-il. On n'est pas sous la tutelle d'un comédien ou d'un metteur en scène, comme ça a été le cas jusque-là. On est accompagnés, mais c'est notre œuvre." Ce qui, pour Fanny, est à la fois "effrayant" mais "passionnant" : "C'est la première fois que l'on va se confronter au public".

Regard des pairs

Pour les étudiants de l’IFA, le stress monte aussi d’un cran à l’idée de présenter leurs collections. Linda, étudiante cambodgienne de l'école de mode, s'est inspirée de tissus traditionnels, remis au goût du jour pour sa collection présentée au défilé de fin d'année. Pour elle, cet événement est une façon de "gagner de la confiance" : "Je suis mon propre manager, je peux voir ce que donne mon travail sur de vraies personnes et comment il est perçu par les autres." De même, Hayley, une Américaine qui a travaillé pour Tommy Hilfiger, présentait son propre travail pour la première fois. "En France, on s'intéresse davantage au processus de production, on est moins dans la 'fast fashion' et je trouve ça très bien de découvrir de nouvelles façons de faire."

Léonard a reçu un prix lors de la 12e édition des "Verallia design award".
Léonard a reçu un prix lors de la 12e édition des "Verallia design award". © studioartphotographe

Le regard et les conseils de ses pairs ont également été importants pour Léonard (voir photo ci-dessus), diplômé du DSAA design produit de l'ESDMAA (Ecole supérieure de design et métiers d'art d'Auvergne). Il a été récompensé lors de la 12e édition des Verallia Design Awards, organisé par le 3e producteur mondial d'emballage en verre pour sa bouteille de rosé en forme de flûte renversée. "Le verre est un matériau que je connaissais mais ce type de concours, assez libre, permet d'expérimenter beaucoup de choses avec ce matériau incroyable, et apporte du concret", estime le jeune homme. Le concours lui a permis "d'avoir un retour de professionnels, de savoir ce qui a plu ou pas, mais aussi de se situer par rapport aux autres propositions".

Se faire un nom dans le milieu

Les étudiants en écoles d'art feront face à une concurrence importante lors de leur arrivée sur le marché du travail. Alors les événements publics sont une manière de commencer à se faire un nom. "C'est la première fois que je participe à un défilé, c'est à la fois stressant et passionnant", raconte Martina, qui y voit aussi "une très bonne opportunité pour réseauter". L'étudiante tchèque a aussi voulu faire passer un message politique dans sa collection, avec une ceinture qui se détache au fur et à mesure des modèles, symbolisant "l'accession à davantage de liberté depuis le communisme". La durabilité, le souci de l'environnement l'ont aussi inspirée pour sa collection entièrement en laine, "issue de récupération, chez [sa] grand-mère notamment".

Arnaud sait que sa récompense aux "Verallia design award" sera un plus pour postuler aux masters dans quelques années.
Arnaud sait que sa récompense aux "Verallia design award" sera un plus pour postuler aux masters dans quelques années. © studioartphotographe

Comme Léonard, Arnaud (voir photo ci-dessus), étudiant en deuxième année du DSAA design produit à l'ESAAT (école supérieure d'arts appliqués et de textile) de Roubaix (59), a été récompensé aux Verallia Design Awards pour son prototype de bouteille de whisky en format individuel, regroupant l'alcool et le verre. "Je n'avais jamais travaillé le verre auparavant, c'est une vraie découverte", raconte l'étudiant qui apprécie "le savoir-faire artisanal et le fait de fabriquer mes propres objets". Sa récompense va intégrer son portfolio, "et c'est un plus pour postuler aux masters par la suite".

Bénéficier des infrastructures

Mais surtout, les étudiants apprécient de bénéficier de conseils techniques, de collaboration et d'infrastructures qui leur permettent de se concentrer sur leur créativité. "J'avais déjà monté des pièces, en bidouillant comme je pouvais, sans trop de moyen, relate Etienne, l'un des porteurs de projet de Carte Blanche de l'ENSAD. Là, je profite d'un super lieu et de moyens techniques, ce qui me permet de me concentrer sur l'histoire, la mise en scène, la traduction des émotions que je veux transmettre. Même si les temps de répétition sont très courts, le projet évolue avec nous et permet une vraie rencontre avec le public en octobre."

Les "cartes blanches" des étudiants de l'ENSAD sont ensuite présentées aux printemps des comédiens, qui a lieu chaque mois de juin à Montpellier.

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