Écoles de design : des formations et des étudiants au service de la transition écologique

La notion de développement durable fait aujourd’hui pleinement partie des programmes des écoles de design. Pour l’Etudiant, quatre élèves reviennent sur leur apprentissage centré sur l’écologie et leur volonté de devenir des designers éco-responsables.
Les étudiants en design semblent aujourd’hui plus que conscients des nouveaux enjeux environnementaux. Au travers de leurs projets et de leurs créations, ils cherchent déjà à concevoir des produits et des alternatives durables dans le temps.
La transition écologique au cœur des formations
Les professeurs et intervenants, pour la plupart designers, s’attachent à intégrer les problématiques environnementales dans leur enseignement. "Même si ce n’est pas le sujet prioritaire du cours, chaque enseignant nous sensibilise sur les notions de développement durable et d’impact sur l'environnement" illustre Maud, en master 1 à l'ENSAD. En parallèle, on a aussi des formations sur les nouveaux matériaux, les récentes approches écologiques et l’anthropocène", ajoute Capucine, en design produit à Strate Lyon.
Dans plusieurs écoles, des cursus sont, par ailleurs, entièrement dédiés à ces problématiques environnementales. Dans le master Nature Inspired Design à l'ENSCI,"les étudiants sont formés sur des thématiques telles que le droit de l'environnement et l’éthique", explique Guillian Graves, responsable du master.
Des créations durables et écologiques
Les étudiants doivent également prendre part à des projets de création pendant leur cursus en école de design. "Dès la première année, on nous apprend à penser aux conséquences que peuvent avoir nos créations sur l’avenir, on fait tout pour que ces dernières soient respectueuses de l'environnement", raconte Capucine. "On conçoit des produits pas seulement esthétiques mais aussi et surtout durables et réutilisables dans le temps", complète Omar, étudiant à CY, école de design à Saint-Germain-en-Laye.
Des projets, étudiants certes, mais déjà très ancrés dans le réel. "Sur les deux années de mon master j'avais un projet basé sur la désartificialisation de sols et donc totalement lié aux nouveaux enjeux environnementaux", témoigne Arthur, fraîchement diplômé de l’école Design Nantes Atlantique.
Quant à eux, les élèves de l’ENSCI ont un projet commun avec la brigade des sapeurs pompiers de Paris. "Le but pour les étudiants est de pouvoir designer des solutions visant à prévenir les incendies, en concevant des nouvelles tenues pour les pompiers ou en trouvant de nouvelles façons d’organiser les territoires afin d’éviter les départs de feu", détaille Guillian Graves.
Des étudiants conscients des enjeux environnementaux
Il semblerait que les étudiants en design soient naturellement éveillés sur ces sujets. "Ils se confrontent, de façon spontanée, aux problématiques écologiques et ils sont conscients du rôle qu’ils ont à jouer en tant que concepteurs" affirme Gilles Belley, responsable des diplômes à l’ENSCI. Un ressenti partagé par Maud, étudiante à l’ENSAD. "En tant que designer objet, on intervient au début de la chaîne de conception puis dans le processus de production, on doit donc réfléchir à notre impact écologique à chaque étape de nos créations."
Selon Arthur, "les personnes les plus éveillées sur la question de transition écologique ce sont justement les designers parce qu'on nous force à nous projeter dans le futur avant même de penser à notre projet dans le présent".
Vers un design plus durable ?
"Certains diront que le designer peut être en partie complice d’une industrie en produisant des biens de consommation qui vont participer à une certaine pollution. Mais les écoles amènent les étudiants à voir comment est-ce que, par le design, ils vont pouvoir répondre à ces problématiques", explicitent Gilles Belley et Guillian Graves.
Pour eux, "le design est utile pour explorer le champ des possibles et montrer qu’on peut trouver des alternatives durables".
Un sentiment partagé par les étudiants. "Je pense que le métier de designer est compatible avec l’idée de développement durable" opine Maud. "En tant que designer, c’est à nous de proposer des alternatives eco-friendly et aussi d’éduquer les entreprises" corrobore Arthur.
Pour autant, les étudiants savent que la dimension écologique de leurs futures créations est confrontée à des logiques financières. "J’ai l’impression que la logique économique viendra toujours contrer notre envie de créer des produits 100% durables" confie Capucine. "Il faut que certains changements s’opèrent et c’est notre rôle en tant que designer d'être plus responsables vis-à-vis de ces enjeux environnementaux” ponctue-t-elle.