Décryptage

Les métiers du patrimoine : l’émotion de préserver et de transmettre

Les Journées européennes du patrimoine sont notamment l'occasion de découvrir des métiers.
Les Journées européennes du patrimoine sont notamment l'occasion de découvrir des métiers. © Adobe Stock / Contrastwerkstatt
Par Mersiha Nezic, publié le 20 septembre 2019
6 min

Vous aimez l’art, les monuments, les hauts lieux historiques… Et si vous optiez pour les métiers du patrimoine ? Comment devenir restaurateur, conservateur… suivez le guide !

Elle a restauré des tableaux et dépoussiéré des statues au palais princier de Monaco, dans un monastère bouddhiste tibétain, à la cathédrale Notre-Dame… C’est un mastère conservation-restauration du patrimoine obtenu à l’École de Condé à Paris, qui a ouvert toutes les portes à la restauratrice Estelle Brunet, 27 ans. Restaurateur, conservateurtous ces professionnels partagent la même passion pour la préservation et la transmission du patrimoine. Sachez, si vous êtes tenté, qu’ils sont avant tout, comme Estelle, des passionnés d’histoire de l’art.

"Les restaurateurs sont confrontés à de grandes émotions"

La jeune femme répare actuellement des œuvres endommagées sur un chantier à Bordeaux, mais elle peut aussi exercer dans des ateliers. Elle y déploie des trésors de patience : "actuellement, je suis en train de restaurer une œuvre qui mesure 75 mètres carrés. Et pour nettoyer 10 mètres carrés, il faut compter une journée de travail", explique-t-elle.

Estelle savait exactement à quoi s'attendre en sortant de formation. "A l’école de Condé, dès la première année, les étudiants s’exercent à restaurer des peintures, des tableaux de céramique, des documents confiés par des archives ou des musées… ", explique Marguerite Szyc, la directrice des études de l'école parisienne. L’établissement privé dispense en cinq ans un mastère conservation-restauration du patrimoine. Au programme, peinture, arts graphiques et céramique. Les élèves sont recrutés à niveau bac. Leurs notes, leurs parcours mais également le dossier artistique qu’ils fournissent sont scrutés. Pour mettre toutes les chances de son côté, il vaut donc mieux être bon en dessin.

Des métiers de passion

Et avoir "le feu sacré". Car restaurateur, c’est un métier de passion. "Il faut être curieux et sensible. Parfois nous sommes confrontés à de grandes émotions. On travaille sur des chefs-d’œuvre, précise Marguerite Szyc. En quarante ans de carrière, je ne me suis jamais ennuyée. Dans ce métier, tout est mouvement et expérimentation. Toujours émergent un nouveau support, de nouvelles peintures, des ingrédients inédits… J’ai déjà été confrontée à des peintures contenant du sable. Allez restaurer le sable !".

Si vous êtes convaincu, sachez que de son côté, l’INP (l’institut national du patrimoine), une grande école publique, forme aussi à Aubervilliers (93) une vingtaine de restaurateurs par an. Et en cinq ans après le bac, les heureux élus obtiennent un diplôme conférant le grade de master.

Mais ces écoles très sélectives ne constituent pas la seule passerelle possible vers ces métiers. Vous pouvez aussi opter pour l’université.Paris 1 Panthéon-Sorbonne

propose un master de conservation-restauration des biens culturels. En amont, choisissez une licence d’histoire de l’art, parcours préservation des biens culturels.

Autre métier du patrimoine qui fait rêver : celui de conservateur. Ce professionnel œuvre dans les musées, choisissant et étudiant les œuvres à exposer. L’INP forme aussi à ce métier, en dix-huit mois après un concours. Pour vous y présenter, vous devez être titulaire d’un bac +3. Une trentaine d’étudiants sont admis, sur plusieurs centaines de candidatures chaque année.

Une formation de généraliste du patrimoine à l'université

Connaissez-vous d'autres métiers du patrimoine ? Sachez que l’université Paul Valéry de Montpellier propose un master professionnel en deux ans intitulé "Valorisation et médiation des patrimoine". Vingt-cinq étudiants sont accueillis chaque année au sein de ce cursus pluridisciplinaire, proposant des cours d’histoire de l’art, de géographie, de biologie environnementale, d’ethnologie. "Les diplômés ont des profils de généralistes. Ils peuvent travailler ensuite dans les institutions muséales et culturelles, explique Vincent Chalellet, le responsable du cursus. Mais aussi dans les parcs naturels régionaux."

Ils deviennent animateurs et médiateurs du patrimoine. Certains passent le concours d’attaché de patrimoine. Ils obtiennent également à la fin de la formation une carte de guide conférencier. "Notre approche n’est pas seulement théorique. Nos étudiants montent des événements autour du patrimoine, font des visites guidées, réalisent des livrets de jeu… Des professionnels interviennent pour les former", reprend Vincent Chalellet. Bref, si vous êtes tenté par les métiers du patrimoine, comme Estelle, allez au bout de vos rêves, tout est toujours possible !

Comment Estelle Brunet est-elle devenue restauratrice ?
Elle a obtenu son mastère conservation-restauration du patrimoine à l’École de Condé à Paris, en 2015. Sa spécialité : la restauration de peinture de chevalet. C’est à l’école qu’elle a eu le déclic qui lui a permis de trouver sa voie. "En cinquième année, nous devions restaurer une œuvre de mémoire, prêtée par un musée. J’ai toujours été attirée par l’Asie. Alors j’ai travaillé sur une peinture tibétaine, en provenance de l’Himalaya. C’est ainsi que je me suis spécialisée dans la restauration de l'art himalayen", raconte la jeune femme.
Si vous intégrez une formation, Estelle vous conseille de choisir vos stages avec soin. C’est la clé de l’insertion professionnelle. "J’ai fait un stage dans une maison de vente qui m’a ensuite proposée un contrat de 6 mois. Un autre effectué au sein d’un monastère bouddhiste dans l’Himalaya a débouché plus tard sur trois ans de travail." Le réseau professionnel, c'est la clé !

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