Portrait

Licence de musicologie : "On mange de la musique toute la journée"

La harpe pour Anouck, le chant pour Marine et le violon pour Ambrine : de véritables passionnées de musique.
La harpe pour Anouck, le chant pour Marine et le violon pour Ambrine : de véritables passionnées de musique. © Photos fournies par les témoins
Par Pauline Bluteau, publié le 18 juin 2021
6 min

À quelques jours de la fête de la musique, trois étudiantes en licence de musicologie ont accepté de dévoiler leur parcours. Entre le conservatoire, les cours théoriques, la pratique de leur instrument et les révisions, les journées des futures musiciennes sont bien remplies.

Ambrine, Anouck et Marine sont plongées dans la musique depuis l’enfance. Pour ces trois étudiantes, entrer en licence de musicologie est apparue comme une évidence pour pouvoir exercer leur passion. En France, les universités proposent 3.450 places en musicologie : les promos varient d’une dizaine d’étudiants à plusieurs centaines, comme c’est le cas à la Sorbonne Universités ou à Lyon 2. Mais contrairement aux idées reçues, les élèves en licence de musicologie sont bien plus que des musiciens en herbe…

Une licence de musicologie pour allier passion et avenir professionnel

Piano, violon, guitare et même lyre, à 18 ans, Ambrine est une véritable mordue de musique. "J’hésitais à entrer en licence de musicologie, mais comme je veux en faire mon métier, c’était le meilleur choix pour moi." Ce qui la passionne : mélanger les sciences et la musique. "La musique, ce sont des fréquences, on a trouvé des formules pour les comprendre, je trouve ça magique, fascinant !", détaille celle qui pourrait "parler musique pendant des heures". C’est à l’occasion d’une fête de la musique, lorsqu’elle a entendu un violoniste jouer qu’elle a su ce qu’elle voulait faire plus tard. "J’ai envie de créer ma propre musique, créer un répertoire de musique savante (classique). En parallèle, je pense devenir professeure de musique parce que j’ai envie d’enseigner mon savoir."

Marine, 20 ans, vient de valider sa troisième année de licence à l’université de Rouen (76). "J’ai eu des super profs de musique au collège, elles m’ont donné envie de transmettre. Je leur ai donc demandé comment on devenait prof… J’aurais pu choisir le conservatoire mais j’ai préféré choisir la licence pour sa pluridisciplinarité."

Une formation artistique très exigeante

À l’inverse, Anouck, 23 ans, n’a pas voulu choisir entre sa passion, la musique, et son goût pour les sciences. "J’ai fait le choix d’une double licence physique-musicologie à l’université Grenoble-Alpes (38). Le matin, on fait des sciences et l’après-midi, c’est la musique !", détaille l’étudiante tout juste diplômée. Selon elle, la licence de musicologie est particulièrement exigeante. "C’est assez rude, il faut se discipliner parce que ce n’est pas toujours facile. En double licence, on a toutes les matières principales de chaque discipline, sans oublier le conservatoire."

En effet, comme Anouck, Ambrine et Marine prennent aussi des cours au conservatoire en parallèle de leur licence. "J’ai commencé assez tard, en L2, j’avais une peur bleue du conservatoire que j’assimilais à une prépa avec beaucoup de compétition. Comme tout le monde dans ma promo en parlait, je me suis renseignée. Finalement, c’est une grande école de musique !", estime Marine.

Autant de cours supplémentaires qu’il faut caler à leur emploi du temps déjà bien chargé. Chaque semaine, les étudiantes ont une vingtaine de cours, à la fois magistraux en amphi et des travaux dirigés. "On a des cours de culture musicale (jazz, blues, rock, baroque…), des cours de formation de l’oreille, d’écriture de partition, des cours de chœur et des cours de pratique vocale, d’analyse de la musique, des commentaires d’écoute…", résume Marine. Plus les années passent, plus le niveau de pratique instrumentale et vocale augmente, tout comme les cours qui se spécialisent de plus en plus et permettent d’entrer dans le vif du sujet. "En début d’année de L1, on passe une sorte de test pour créer des groupes de niveau", poursuit Anouck. Mais pour certains étudiants, le rythme reste tout de même dur à tenir. "On est passé de 160 en début de L1 à 17 en L2 : on mange de la musique tout le temps, cela ne correspond pas à tout le monde", estime Marine.

"On n’est pas que des artistes !"

Car comme le dit si bien Ambrine, les étudiants en licence de musicologie "ne sont pas que des artistes". "On n’est pas juste derrière un instrument toute la journée ou à écrire des partitions. La musique, c’est aussi de la recherche, c’est une science. Je pense que beaucoup lâchent parce qu’ils ne sont pas suffisamment informés sur ce sujet", affirme l’étudiante qui vient de valider sa première année de licence à l’université de Tours (37).

Les parcours proposés en licence de musicologie sont multiples et mènent donc à des carrières très différentes les unes des autres. Avec sa double licence, Anouck se destine à entrer en école d’ingénieurs en acoustique. "Il faut parfois savoir créer son propre métier quand on fait de la musique !" Celle qui joue de la harpe va donc devoir s’en éloigner un peu au profit des sciences mais en gardant précieusement son oreille musicale. Plusieurs masters permettent aussi de continuer à étudier la musique d’un point de vue historique et culturel pour travailler à terme dans le domaine du patrimoine ou la communication. La recherche est aussi très demandée par les étudiants. "Cette année, dans ma promo, on est seulement 5 sur 17 à entrer dans un master MEEF pour devenir prof", renchérit Marine.

Pour les trois jeunes femmes, leur licence de musicologie leur a surtout permis de partager leur passion avec d’autres personnes. "On n’est pas toujours pris au sérieux par les autres étudiants ou même par nos proches. Le principal avantage de cette licence, c’est qu’elle permet de rencontrer des gens qui ne nous dénigrent pas !"

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