Reportage

Concours "Super Mario Maker Academy" : le plombier moustachu débarque aux Gobelins !

Les étudiants des Gobelins ont l’embarras du choix pour créer leur niveau de Mario. L’équipe Water Proof a opté pour un univers aquatique.
Les étudiants des Gobelins ont l’embarras du choix pour créer leur niveau de Mario. L’équipe Water Proof a opté pour un univers aquatique. © Delphine Dauvergne
Par Delphine Dauvergne, publié le 26 octobre 2015
1 min

Des étudiants de l’école des Gobelins ont participé, le 22 octobre 2015, à un concours organisé par Nintendo pour créer un niveau du jeu vidéo "Super Mario Maker". Deux mots d’ordre pour réussir : créativité et esprit d’équipe.

Le ciel est gris, mais un grand panneau jaune égaye la section jeux vidéo de l'école des Gobelins, à Paris, ce 22 octobre 2015. "Super Mario Maker" vient d'investir les lieux à l'occasion d'un concours permettant aux étudiants de créer un niveau du jeu Nintendo sur console Wii U.

Mise en application immédiate du cours

13 h 50 : des élèves patientent déjà sous le préau, devant la salle où aura lieu l'événement. Parmi les impatients, Coralie, 26 ans, en mastère spécialisé IDE (Interactive Digital Experiences), explique qu'elle est "une fan de Mario depuis l'âge de 6 ans". Les yeux qui brillent, l'étudiante piétine avec ses longues bottes noires en attendant que les portes s'ouvrent. Après un mastère design global recherche innovation obtenu à l'école de Condé à Paris, cette étudiante graphiste a voulu se spécialiser dans le transmédias et les jeux vidéo à l'école des Gobelins.

La majorité des participants présents (une vingtaine, sélectionnés selon le principe "premiers inscrits, premiers choisis") sont, comme elle, en mastère IDE. "Ces étudiants ont eu leur cours théorique de level design ce matin même. Ils vont pouvoir le mettre en application", se félicite Pauline Gomy, responsable du cursus game design de l'école des Gobelins.

Un accès à la Paris Games Week

Les étudiants ont enfin l'autorisation d'entrer et passent sous une arche jaune à l'effigie de leur moustachu à salopette préféré. Les consoles Wii U, sur les bornes bleues, sont déjà allumées, avec des sons de sauts en arrière-plan.

Concours Super Mario Maker à l'école des Gobelins jeux vidéo étudiants

22 élèves, de cursus différents, ont pu s'inscrire au concours. // © Delphine Dauvergne

Robin, animateur de l'événement Nintendo, rappelle aux jeunes les règles et l'enjeu de cet après-midi. De 14 h à 18 h, chaque équipe de 2 ou 3 étudiants devra élaborer un niveau de Mario. Ensuite, un vote de chaque équipe permettra de désigner le groupe qui représentera l'école des Gobelins à la Paris Games Week, le week-end du 31 octobre 2015. 4 autres écoles sont dans la course pour la phase finale : ISART Digital, Rubika (ex-Supinfogame), CNAM ENJMIN, ICAN.

Robin délivre quelques conseils précieux avant de commencer : "Ne vous lancez pas dans la création d'un niveau trop dur à jouer : on doit pouvoir le terminer. Pensez plutôt à faire dans l'originalité !" L'animateur montre aux participants toutes les possibilités sur Mario Maker : la version, l'environnement, les obstacles, les récompenses, les bruitages, les effets spéciaux, les tuyaux avec sous-niveaux... "Vos niveaux créés seront forcément tous différents", avance-t-il.

"No limit" dans la création

Après une distribution de tee-shirts collectors pour donner du baume au cœur des étudiants, la session commence enfin. Les groupes se constituent rapidement. Les noms d'équipes se choisissent en fonction de leurs idées de départ. Sneaky Cloaks veut jouer avec des capes. Les Boulets avec des boulets de canon. Les Têtes cassées veulent faire des casse-tête. Quant aux Water Proof, ils ont écouté, comme d'autres, l'une des suggestions de Robin : "Vous êtes la dernière école à créer vos niveaux et, jusque-là, aucune n'a misé sur un environnement aquatique..."

Une phase de test commence dans un brouhaha enthousiaste, à la découverte des outils à leur disposition. La tortue Yoshi, un champignon, une chenille... Les éléments phares du jeu vidéo prennent place. Certains étudiants commencent rapidement à sortir leur papier quadrillé, pour réfléchir au design de leur jeu. Pour l'équipe Ad helcé, ce sera un bateau.

Concours Super Mario Maker à l'école des Gobelins jeux vidéo étudiants

La porte reste ouverte sur la cour pour que la chaleur produite par les machines et le brainstorming des étudiants puisse s'échapper. Des élèves curieux issus d'autres cursus passent par petits groupes pour admirer le travail en cours, un brin jaloux. Robin, avec son tee-shirt rouge illustré d'un grand M (comme Mario), fait le tour des bornes, conseillant et répondant aux questions, tel un super-héros. "Il reste 2 h 30, vous devez déjà avoir votre idée générale !" prévient-il.

Une fin d'épreuve tendue

L'horloge tourne. "Nous nous relayons pour fumer, pour ne pas perdre de temps", confie Mehdi, 26 ans, en mastère IDE. "C'est difficile de se mettre d'accord sur tout, dans un délai aussi court, lorsqu'on est une équipe de 3. Mais au moins, cela permet de pouvoir voter !" continue-t-il. Guillaume Levieux, son professeur de programmation en level design, confirme : "Le level designer doit savoir bien communiquer avec son équipe, c'est une qualité essentielle."

Une heure avant la fin de l'épreuve, les candidats les plus avancés peaufinent leurs bruitages, tandis que d'autres stressent dans cette dernière ligne droite. L'ambiance devient plus silencieuse, tendue. Avant de faire valider leur niveau, les étudiants doivent réussir à le finir en entier. Ce qui n'est pas si facile, même pour des habitués des manettes. "S'il n'y a pas de difficulté, le jeu n'est pas intéressant", commente un membre de l'équipe Ad helcé, sentant les regards pesants de ses camarades sur son écran. Les poissons sont tués, un "ouiiiii" de soulagement fuse. L'équipe des Boulets – celle de Mehdi – a moins de chance. Leur dernière tentative a échoué : ils sont éliminés. "D'une certaine manière, cela nous a donné un petit cachet !" sourit Mehdi, bon perdant.

Concours Super Mario Maker à l'école des Gobelins jeux vidéo étudiants

"Le potentiel créatif des étudiants français"

"Nous avons imaginé ce concours pour montrer que créer un niveau de Mario n'était pas réservé aux "grands" du secteur, mais aussi pour jauger le potentiel créatif des étudiants français", justifie Martin Lefebure, chef de produit chez Nintendo, qui s'est déplacé quelques heures pour observer le déroulement du concours. "Nous avons réussi à finir à temps. Dès le début, nous avons rassemblé rapidement nos idées. Cela a été assez facile et m'a permis de découvrir ce nouveau jeu", débriefe Coleene, 16 ans, en première année de bac pro production imprimée, alors que la phase de test des niveaux des concurrents commence.

Les étudiants déambulent autour des bornes pour essayer les créations des autres, dans une ambiance bon enfant. L'heure des votes et des comptes arrive. Robin procède au dépouillement. "Les niveaux étaient très diversifiés. Les résultats sont très serrés", annonce-t-il. Et c'est l'équipe Puzzle Action qui gagne ! Le duo composé de Magali et Long a misé sur "un niveau très didactique, car nous ne connaissions pas très bien Mario. Nous avons utilisé le système de puzzle pour faire apprendre des choses aux joueurs", explique Magali.

Concours Super Mario Maker à l'école des Gobelins jeux vidéo étudiants

Magali et Long, l'équipe Puzzle Action, représenteront leur école à la Paris Games Week 2015. // © Delphine Dauvergne

Petite compensation : tous les niveaux, même les perdants, sont mis en ligne sur la page Facebook de l'événement. Un vote du public (avec le nombre de likes), permettra de départager les 5 équipes des 5 écoles concurrentes en lice jusqu'au samedi 31 octobre 2015 à la Paris Games Week. L'équipe gagnante recevra une coupe créée spécialement pour l'occasion.

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