Sur les pas de Noah, apprenti doreur au château de Versailles
Journées européennes du patrimoine 2022. Il apprend un métier exceptionnel dans un lieu exceptionnel : Noah, 17 ans, est apprenti doreur-ornemaniste au château de Versailles. Une formation qui lui permet d'allier l'histoire et le travail manuel, ses deux passions.
Avant même de savoir ce qu'il voulait faire plus tard, Noah savait surtout ce qu'il ne voulait pas : travailler toute la journée derrière un bureau. C'est donc par hasard qu'il découvre le métier de doreur. "C'était à la fois lié à l'art et à l'histoire, alors, après la troisième, je me suis lancé", relate-il.
Un apprentissage au Château de Versailles, un "coup de poker"
Or, il n'existe en France que deux centres de formation d'apprentis (CFA), à Paris et à Lyon, qui délivrent le CAP de doreur à la feuille ornemaniste. En 2020, Noah, originaire de la Sarthe, intègre finalement le CFA parisien La Bonne Graine.
"Le plus compliqué a été de trouver un patron pour réaliser mon apprentissage car les entreprises cherchent des profils particuliers et la crise sanitaire m'a fermé beaucoup de portes", poursuit le jeune homme.
Là encore, le hasard fait bien les choses : Noah apprend que le château de Versailles cherche des apprentis. "C'était un coup de poker, je me suis dit 'pourquoi ne pas tenter !' et ça a marché. J'avais 15 ans, aucune expérience, je ne m'y attendais pas."
Le coup de foudre pour la dorure
Depuis, Noah alterne entre une semaine à l'école, où il a quelques cours en atelier et des cours plus théoriques d'histoire du style ou de dessin d'art, et deux semaines au château de Versailles.
"Mes professeurs au collège m'ont donné le goût pour l'histoire et j'ai toujours aimé travailler avec mes mains. Je savais que ça me plairait mais j'ai vraiment eu un coup de foudre quand j'ai commencé la formation", admet-il.
La plupart du temps, le jeune apprenti travaille sur la restauration de cadres et parfois de mobilier. Des missions loin d'être rébarbatives selon lui. "Le métier de doreur-ornemaniste est bien plus complet qu'on ne le pense : on a tout un travail à faire sur le support avec le nettoyage, la reparure, le rebouchage, le travail des volumes, l'apprêt, 'l'assiette', puis la pose de la feuille d'or… qui ne représente en fait que 10% du travail !", s'exclame-t-il.
Autonomie et maturité au programme du CAP
Noah le dit lui-même, manier la feuille d'or est d'ailleurs presque devenu "banal". Même s'il l'avoue, cela reste quand même ce qu'il y a "de plus magique" dans son métier. "C'est un métal rare et précieux, c'est assez exceptionnel de pouvoir faire ça", confie-t-il, le sourire aux lèvres.
Et même après deux années passées dans le château le plus visité de France, la vedette est loin de lui monter à la tête. Sa plus grande fierté : avoir gagné en maturité et en autonomie. "Je vois qu'on me fait confiance, c'est très différent du collège."
Rigueur, précision et surtout passion
Si son maître d'apprentissage veille au grain, Noah est désormais capable de mener, seul, une restauration du début à la fin. "C'est un métier qui demande de la minutie, de la rigueur, de la précision et surtout de la passion : sans passion, on ne voit pas la beauté de ce que l'on réalise", assure-t-il.