Actu

Attentats de Paris : les étudiants de l'ESCP Europe ont été confinés sur leur campus

ESCP Europe - campus de Paris © ESCP Europe.jpg
Ce vendredi 13 novembre, les étudiants de l'ESCP Europe étaient réunis pour une soirée étudiante sur le campus parisien. // © ESCP Europe © ESCP Europe
Par Cécile Peltier, publié le 17 novembre 2015
1 min

À quelques encablures des lieux des attentats du XIe arrondissement, 600 élèves de l'ESCP Europe étaient réunis vendredi 13 novembre pour une soirée étudiante. Confinés une bonne partie de la nuit, ils ont vécu les événements depuis le campus parisien de l'école.

À l'ESCP Europe, les examens ont été reportés et la présence en cours rendue facultative jusqu'à la fin du deuil national, mardi 17 novembre au soir. Pourtant, la veille, la plupart des étudiants étaient animés par le besoin d'être ensemble et de rendre hommage aux victimes. À midi, pour la minute de silence, plus de 800 personnes étaient massées dans le grand amphithéâtre.

Dans son discours, le directeur général de l'école, Frank Bournois, a rendu hommage aux "amis d'autres écoles qui ont perdu des élèves au cours de cette nuit tragique", aux élèves et aux membres de la communauté qui ont perdu des proches. Mais aussi aux personnels du campus et aux étudiants pour leur gestion de la situation.

Près de 600 étudiants participaient à une soirée étudiante sur le campus parisien de l'école, avenue de la République, quand les fusillades ont retenti à proximité, vendredi 13 novembre 2015. "L'information a commencé à circuler sur les réseaux sociaux, certains ont reçu des appels de leurs familles, inquiètes, raconte Irénée, étudiant en M1. En tant que président du BDE et coordonnateur de la soirée, je suis allé prévenir la direction."

"Certains étudiants étaient très angoissés"

Vers 23 h, Bruno Poirel, directeur du campus de Paris, et Frank Bournois, ont décidé de fermer les portes et de confiner les étudiants. "J'ai rallumé la lumière, arrêté la sono, et fait une annonce au micro pour prévenir les étudiants de la situation et leur dire qu'ils n'étaient pas autorisés à sortir tant que le périmètre n'était pas sécurisé", relate Bruno Poirel, en contact tout au long de la soirée avec le commissaire du XIe arrondissement. "Certains étudiants étaient très angoissés, la tension était palpable, mais ils ont gardé leur sang-froid et suivi les consignes, ce qui est assez remarquable vu leur nombre", confie Irénée Vallette.

Les 3 représentants du personnel présents sur les lieux, épaulés par 8 agents de sécurité embauchés pour la soirée, étaient là pour encadrer et rassurer. Vers 2 h, avertie que la zone était sécurisée, la direction a commencé à évacuer l'établissement par petits groupes : "J'ai prévenu que ceux qui résidaient à proximité immédiate ou pouvaient rentrer en voiture étaient autorisés à retourner chez eux", poursuit Bruno Poirel.

Au fur et à mesure, les élèves sont rentrés en taxi. À 4 h 30, il restait une quarantaine d'étudiants. C'est l'heure qu'Isabelle, étudiante de M1 au sein du programme grande école, a attendu pour quitter les lieux : "Mon appartement est à 5 minutes, mais je suis allée chez un ami qui habite en face de chez moi pour ne pas rester seule. Je n'avais pas envie non plus de dormir. On a discuté", confie la jeune fille. Une partie des autres étudiants a préféré passer la nuit à l'école dans les salles mises à leur disposition.

Des messages sur les réseaux sociaux pour rassurer les familles

Tout au long de la soirée, l'école a tenu familles et membres de la communauté au courant de la situation via les réseaux sociaux, afin de les rassurer. Samedi, l'établissement a été fermé, et rouvert dès lundi, avec des conditions de sécurité renforcées.

Une cellule psychologique a été mise en place, et les enseignants qui le souhaitaient ont pu discuter avec des professionnels susceptibles de les aider à aborder la question avec leurs élèves : "Après les attentats de janvier 2015, les étudiants s'étaient massivement tournés vers les équipes pédagogiques. Cette fois, nous avons décidé de leur donner quelques clefs et éléments de langage afin de les accompagner", précise Béatrice Collin, doyen du corps professoral d'ESCP Europe. Lundi matin, Isabelle et ses camarades ont décidé de faire cours normalement : "À l'extérieur, je m'informe énormément, mais dans l'enceinte de l'établissement, j'avais besoin ce matin de parler d'autre chose."

Réfléchir, ensemble

Dans les jours qui viennent, l'établissement prévoit-il d'organiser des conférences afin d'apporter un éclairage plus géopolitique aux attentats ? "Pour l'instant, ce n'est pas prévu, mais nous allons faire remonter les souhaits des étudiants via le BDE, et nous en aviserons en fonction, remarque Bruno Poirel. Nous voulons éviter d'exacerber l'angoisse des étudiants ou d'imposer quoi que ce soit."

De son côté, Irenée estime que dans un tel contexte, "le premier ennemi c'est l'ignorance, et notre meilleure arme, l'éducation. Quand nous aurons passé la phase de choc, il sera important qu'on réfléchisse à ce qu'il s'est passé, et à comment agir dans le futur". Et de conclure : "Au-delà du terrorisme, on a peur aussi des conséquences, l'impact sur les libertés individuelles ou le risque d'une montée du FN."

Lire l'article "L'ESCP Europe au plus près des attentats" sur EducPros.

Vous aimerez aussi

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !