Reportage

Écoles de commerce : apprendre par les cas concrets d'entreprise

Les écoles de commerce souhaitent impliquer de plus en plus les étudiants dans des problématiques concrètes d'une entreprise.
Les écoles de commerce souhaitent impliquer de plus en plus les étudiants dans des problématiques concrètes d'une entreprise. © Capture d'écran - EM Normandie
Par Agnès Millet, publié le 01 juin 2022
6 min

"Apprendre en faisant", "une pédagogie par l'expérimentation"… Ces expressions reviennent souvent dans les programmes des écoles de commerce. Au-delà des cours fondamentaux et des stages, elles injectent dans l'emploi du temps des études de cas, liées à des problématiques réelles d'entreprise. Zoom sur l'initiative RSE d'EM Normandie.

En flânant à la caisse de votre supermarché, vous tombez sur une carte "box" proposant deux heures de montgolfière. Prestataires, durée de validité, lieux… tout est écrit sur le carton. Avec une nouvelle mention : un critère notant le coût carbone de la prestation. C'est peut-être la prochaine évolution des Smartbox et tout sera parti d'une poignée d'élèves d'EM Normandie, dont fait partie Clémence.

De février à avril, avec six camarades, elle a planché sur le cas de l'entreprise, afin de soumettre des idées pour avancer plus vite dans les transitions environnementales et sociétales. "C'est un projet plus concret que les autres, dans notre cursus. On a pu rencontrer des professionnels, ce que l'on n'avait pas forcément eu avant", sourit l'étudiante.

Impliquer les étudiants d'école de commerce dans des problématiques d'entreprise

Dans les écoles de management, c'est devenu un ingrédient indispensable de la pédagogie : impliquer les étudiants dans des problématiques concrètes d'une entreprise en les mettant dans la peau d'un consultant junior. À l'EM Normandie, depuis deux ans, ce sont ainsi les 850 élèves de 3e année, répartis en 180 groupes, sur les campus de Caen, du Havre, de Paris, d'Oxford et de Dublin qui sont concernés.

En tout, 18 entreprises ont été sélectionnées. "Les entreprises étaient intéressées. Ce n'est pas forcément simple d'intégrer la RSE (responsabilité sociétale des entreprises) et le développement durable dans son cœur de métier. Le regard d'un jeune peut aider à s'approprier cette dimension", explique Magvenn Poupart, chargée de missions développement durable et RSE de l'établissement.

Près de dix groupes d'élèves travaillent sur la même structure. "Les élèves ne choisissent ni leurs camarades, ni leur entreprise : on les met en situation professionnalisante", précise la chargée de mission.

Etudes de cas - EM Normandie
Etudes de cas - EM Normandie © Capture d'écran / EM Normandie

Un accompagnement et beaucoup d'autonomie

À partir d'un cahier des charges et de leurs cours, ils doivent phosphorer pour analyser l'entreprise, son environnement concurrentiel et proposer des recommandations stratégiques intégrant un ou plusieurs objectifs de développement durable de l'ONU. Avec son groupe, Clémence a d'abord eu droit à une session de questions/réponses pour cerner les besoins de Smartbox. Au fil de l'eau, ils pouvaient poser leurs questions à l'entreprise, en distanciel. Côté école de commerce, un encadrement est prévu, puisque chaque groupe passe par trois séances de tutorat.

Au milieu de leurs autres cours et projets, reste aux élèves à trouver le bon rythme de travail. De quoi aussi apprendre à participer et à gérer un projet. "La répartition des tâches s'est faite selon les spécialités, les capacités et les affinités de chacun", détaille Téo, dans le même groupe que Clémence. "On avait un but précis. Mais les méthodes dépendaient de nous. Nous avons choisi d'établir une veille concurrentielle et un sondage. On a aussi utilisé des données de l'entreprise, avec une clause de confidentialité. Il a fallu compter sur nos propres moyens", ajoute son camarade Arnault.

Des cas d'entreprise concrets évalués par les écoles de commerce

Pour tous, le projet écrit est noté : obtenir la moyenne est une condition de passage à l'année suivante. "On veut qu'ils développent des qualités d'analyse et de créativité. Qu'ils puissent mettre les mains dans le cambouis, en se projetant : qu'est-ce que ça représente concrètement de travailler sur de la RSE dans une entreprise ? Et la mise en place de recommandations ? Ce n'est pas simple de prendre la mesure des répercussions sur un service en interne ou sur les prestataires", analyse Magvenn Poupart. "Ce projet complète ce qu'ils étudient en cours. Il y a un échange entre théorie et pratique".

Pour Téo, un autre point émerge : "c'est intéressant de travailler avec une grande entreprise : de proposer des recommandations et de voir que l'équipe marketing semble emballée. Nos idées seront peut-être mises en place. C'est valorisant pour un étudiant !"

Un peu d'esprit de compétition et une pincée de générosité

Et puisque plusieurs groupes travaillent sur un même projet, l'émulation est plus vive… D'autant qu'ils sont mis en compétition. Après sélection du meilleur projet pour chacune des 18 entreprises, une session d'oral s'est tenue, en visioconférence, le 28 avril dernier. Chaque groupe finaliste présente son travail et ses recommandations, devant un jury issu de la Fondation EM Normandie, qui parraine le prix du meilleur projet (750 euros) et le prix coup de cœur (250 euros).

Malgré son enthousiasme, le groupe de Théo, Clémence et Arnault ne sort pas gagnant. La défaite est symbolique : les gains des lauréats seront remis à une association, externe à l'école, de leur choix. À la fin de la cérémonie, le jury fait un rappel, prouvant que le chemin n'est pas fini. "Très peu d'entre vous ont vraiment communiqué avec les entreprises, que ce soit pour le diagnostic ou pour tester la faisabilité. Il faudra développer cela. Les études, c'est bien ; mais le concret sur le terrain, ce sera votre vie de demain", Noelle Bessin Legrand, administratrice de Fondation EM Normandie.

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