Actu

Écoles de commerce : des cas de fraude lors des concours post-bac à distance

Lors de l'épreuve à distance, les candidats sont pris en photo toutes les cinq secondes et le son enregistré en continu.
Lors de l'épreuve à distance, les candidats sont pris en photo toutes les cinq secondes et le son enregistré en continu. © deagreez / Adobe Stock
Par Agnès Millet, publié le 03 mai 2022
5 min

Certains concours d'accès aux écoles de commerce ont pérennisé le passage d'épreuves écrites en ligne depuis 2020. Si les dispositifs incluent une surveillance à distance, les concours post-bac SESAME et ACCES ont dû faire face à des cas de fraude.

Sur 11.660 candidats, 40 exclusions : c'est le bilan de la session d'écrits à distance

du 13 avril du concours post-bac SESAME regroupant 14 écoles de commerce. Rapporté au nombre de candidats, cela peut paraitre mince. Mais les questions se posent sur le passage d'épreuves à distance, adopté par des établissements de l'enseignement supérieur depuis la crise sanitaire de 2020.

L'an dernier, le concours SESAME avait déjà rencontré une difficulté : des dysfonctionnements empêchaient les prises de rendez-vous pour les oraux et les écoles de commerce les avaient finalement remplacés par un examen du dossier Parcoursup.

Des concours post-bac aux écoles de commerce équipés de dispositifs de sécurité

Cette année, ce sont les cas de fraude qui attirent l'attention, après les révélations du magazine Challenge, le 20 avril. Pourtant, Thomas Lagathu, directeur du concours SESAME assure que l'outil TestWe dispose "d'outils très efficaces pour détecter la fraude". Au début des épreuves, chaque candidat se prend en photo avec sa carte d'identité. Il doit filmer son environnement de travail (bureau et pièce entière) et ses oreilles pour montrer l'absence d'écouteurs.

En cours d'épreuve, le candidat est pris en photo toutes les cinq secondes et le son enregistré en continu. À l'issue du concours, ces 60.000 vidéos, 3.000 jours de son et 52 millions de photos sont contrôlés pendant 10 jours, avant la proclamation des résultats, le 26 avril.

Une première équipe de 200 personnes, assistées d'un outil d'aide à la détection de fraude, effectue une vérification. "Tout est visionné par un humain", assure le directeur du concours. Les données problématiques sont ensuite traitées par TestWe, qui a transmis, après analyse, 1.000 cas à une équipe resserrée de SESAME, qui repasse les données au peigne fin. "Il faut écouter attentivement, car beaucoup candidats se parlent tout seul lors des épreuves", note Thomas Lagathu.

Sur 73 cas problématiques, 40 candidats exclus de SESAME

À l'issue de ce tamis, "73 cas problématiques sont passés en conseil de discipline et 40 ont été exclus du concours, pour cette session", soit 0,34% des inscrits. Il s'agissait, le plus souvent, de candidats ayant utilisé leur téléphone.

Les sanctions auraient pu aller plus loin : exclusion pour cinq ans du concours, voire interdiction pour cinq ans de passer tout examen national, ce qui implique l'impossibilité de décrocher son bac ou le permis de conduire.

"Certains se sont pourtant entrainés et trichent pour gagner quelques points. Peut-être que le distanciel donne l'impression à certains qu'ils ne seront pas pris. Mais c'est un très mauvais calcul", avertit Thomas Lagathu.

Le concours ACCES également concerné

Autre concours pour des écoles de commerce dont les écrits se passent à distance, ACCES a rassemblé 7.000 candidats, le 7 avril. Bilan : 27 candidats exclus du concours pour fraude, soit 0,4%. Les organisateurs relèvent que "80% d’entre eux n’avaient d’ailleurs pas de résultats suffisants pour accéder aux oraux".

Du côté d'ACCES, la télésurveillance se fait en en temps réel par 400 personnes. La plateforme est sécurisée et un système de reconnaissance faciale s'assure de la correspondance avec le candidat. Une fois entré dans l’espace d’examen, l'ordinateur du candidat est verrouillé, empêchant toute connexion vers des sites extérieurs. Comme pour SESAME, les épreuves écrites sont des QCM présentées de manière aléatoire.

Le présentiel plus équitable que les concours à distance ?

Thomas Lagathu n'exclut pas que des cas de fraude n'aient pas été repérés mais il rappelle que le problème se pose aussi en présentiel. "Nous retrouvions parfois des dictionnaires dans les toilettes sans savoir qui les avait utilisés." Fataliste, il lance : "il est difficile de quantifier l'évolution de la fraude. Les tricheurs existent et existeront toujours".

Des réflexions sont en cours pour renforcer la sécurité. Sans exclure un retour au présentiel, il explique que l'arbitrage n'est pas financier car l'organisation à distance ne représente pas une baisse du coût significative.

De plus, le distanciel présente l'avantage de réduire à 0,5% la part des candidats qui ne se présente pas aux écrits, à cause d'empêchements, contre 5 à 6%, en présentiel. Par ailleurs, cela évite aux candidats d'engager des frais.

Les décisions seront prises au début de l'été. Du côté d'ACCES, le bilan complet de l’édition 2022 sera élaboré durant l’été.

Vous aimerez aussi

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !