Reportage

Écoles de commerce : immersion dans les oraux d'ESCP

Entre stress et décontraction, des centaines d'étudiants ont défilé sur le campus d'ESCP pour passer leur oraux.
Entre stress et décontraction, des centaines d'étudiants ont défilé sur le campus d'ESCP pour passer leur oraux. © Agnès Millet
Par Agnès Millet, publié le 06 juillet 2022
6 min

Pendant trois semaines, le campus d'ESCP à Paris est en effervescence. De fin juin à début juillet, les élèves de classe prépa admissibles à l'école de commerce passent leurs oraux. Un exercice difficile pour lequel l'établissement les accueille au mieux. Reportage.

Dans la cour de l'école parisienne, c'est un mélange de sérieux et de décontraction. Côté candidats : des costumes et des tailleurs et pour les étudiants qui les aident : des t-shirts bleu ciel. Nous sommes en plein milieu des oraux d'admission post-prépa d'ESCP, rituel annuel qui ponctue la vie de l'école.

Ils sont près de 140 étudiants, ce lundi 27 juin. Chacun doit passer quatre épreuves : un entretien de personnalité, deux langues et une épreuve de spécialité. Convoqués à 7 heures pour l'amphi de présentation, certains patienteront pour leur dernier oral jusqu'à 18h.

Tout est mis en place pour les accueillir : une salle de concentration, une salle plus festive avec piano et tables de ping-pong, et pour se détendre, des massages sont proposés. La cinquantaine d'admisseurs sont là pour répondre à toutes les questions ou les conduire à leur salle d'examen. Leur disponibilité semble à toute épreuve.
Le campus d'ESCP a accueilli plus d'une centaine d'étudiants admissibles dans leur établissement.
Le campus d'ESCP a accueilli plus d'une centaine d'étudiants admissibles dans leur établissement. © Agnès Millet

L'oral d'ESCP pour montrer sa personnalité et sa motivation

L'entretien de motivation est la pièce maitresse des quatre oraux d'ESCP. Après que les deux jurys se sont présentés, le candidat a quelques minutes pour raconter son parcours.

S'appuyant sur un questionnaire remis en amont, le jury peut rebondir sur les centres d'intérêt et les expériences professionnelles du candidat ou encore sur sa connaissance d'autres cultures. Un point important pour l'école de commerce implantée à Berlin, Londres, Madrid, Turin et Varsovie.

Pour une des candidates venue de Lyon, la voix est posée et l'expression très soignée. Elle dépeint avec précision son bonheur de confectionner à la main des attentions pour ses proches et, écoutant attentivement le jury, répond prudemment à une question concernant le marché actuel de la papeterie.

Elle rebondit avec aisance lorsque le jury décide de faire une brève incursion dans la langue de Shakespeare. À l'issue de 20 minutes d'échange, la candidate semble avoir réussi son entretien mais un concours reste un exercice dominé par l'incertitude.

Gilles Gouteux, jury depuis 29 ans et conseiller institutionnel de Campus Paris, avance une comparaison… musicale. "Les candidats sont tendus comme une corde à piano. À ESCP, nous avons la consigne de les mettre le plus à l'aise possible. Nous sommes conscients que c'est un moment très compliqué."

Pour lui, les travers principaux tiennent en deux profils : "Celui qui veut en dire le plus possible. Dans ce cas, on l'arrête poliment, car on recherche un échange et non un catalogue". L'autre erreur est de "raconter des 'carabistouilles'. Le jury a une certaine aptitude à entendre lorsque cela sonne faux".

Deux attitudes demeurent rédhibitoires : l'arrogance et le manque de curiosité face à ce qu'il se passe dans le monde.

Des oraux de langues et de spécialité ouverts au public

Dans une grande salle de classe, quelques élèves de première année de prépa attendent leur tour. Sont-ils perdus ? Pas du tout ! L'ESCP propose un dispositif original : les oraux de langue et de spécialité sont ouverts au public, sur la base du volontariat. Si les candidats sont mal à l'aise avec cette idée, ils peuvent refuser d'être observés.

"Ça déstresse d'être là. On voit que les épreuves ressemblent aux colles que l'on fait en prépa", relève Noé, venu de Lyon avec deux camarades, à l'invitation de son lycée.

Essayer de relâcher un peu la pression

Autre espace, autre ambiance. Dans la cour, les candidats aux oraux d'ESCP bavardent avec les admisseurs de l'école de commerce. Certains préfèrent s'isoler, avec ordinateur ou téléphone. Il faut tromper l'attente et ne pas faire monter le stress.

Marc, candidat de Neuilly, trouve l'accueil "très gentil" : "On m'a montré le couloir des associations et donné des infos sur les échanges internationaux et sur les différents masters. C'est un plus pour mon entretien."

À 12h30, c'est le moment de lâcher un peu du lest. Cette fois, les admisseurs prennent la scène pour convaincre les postulants que l'ESCP est faite pour eux, avec des associations riches, des étudiants dynamiques et surtout, une ambiance de feu !

Un Burger Quiz spécial ESCP divise les candidats en deux groupes et les rires fusent. Des vidéos présentent les campus et les associations. Puis, une jeune femme accapare la scène et martèle qu'il faut "déserter" les oraux, à l'instar des diplômés d'AgroParisTech. Après un flottement dans la salle, l'étudiante comédienne met fin à son canular sous les éclats de rire.

Une chorégraphie survitaminée clôt le spectacle. L'amphi se vide au son de Rihanna. Si les admisseurs sont souriants, les candidats gardent une mine concentrée. Octave, candidat parisien, s'enthousiasme : "Cette présentation donnait vraiment envie. Je n'avais pas cette image de l'école !"

Après le déjeuner, l'après-midi va encore s'étirer. Pour rythmer la journée, les candidats pourront déguster des barbes à papa, du pop-corn et des glaces un peu plus tard. Sur les 1.361 élèves de prépa qui passent les épreuves, 420 franchiront la barre d'admission et se verront proposer une place. Résultats le 22 juillet !

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