Décryptage

Les établissements du supérieur s’engagent pour l’égalité femmes-hommes

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Les écoles et les universités agissent pour faire évoluer les mentalités. © Adobe Stock/Алина Бузунова
Par Dahvia Ouadia, publié le 07 mars 2020
6 min

Les actions se multiplient dans l’enseignement supérieur pour promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes. À la veille de la Journée internationale des droits des femmes, gros plan sur des dispositifs proposés par l'université de Lille et l'école de management Toulouse Business School.

Si le mouvement #MeToo a libéré la parole et que de nombreuses actions sont mises en place en France pour faire évoluer les mentalités, la route est encore longue vers l’égalité femmes-hommes, notamment dans les établissements du supérieur.

Des actions pour plus d’égalité des genres

Pour autant ceux-ci agissent. À l’université de Lille, le mois de mars est dédié à l'égalité. "Nous mettons en place des actions phares. L’idée est d’aborder le sujet par plusieurs entrées : les livres, le théâtre, des ateliers d’écritures, des séries, du sport… Ça va de toutes petites choses comme du baby-foot mixte à des ateliers d’écriture au long cours", annonce Sandrine Rousseau, vice-présidente "vie de campus" à l’université de Lille.
L’université a notamment été pionnière sur le sujet des menstruations : "Nous avons constaté que beaucoup d’étudiantes manquaient des cours ou refuser d’aller au tableau pendant leurs règles. C’est pourquoi nous proposons des protections gratuites tout au long de l’année". Mais ce n’est pas tout. L' établissement propose aussi des programmes sur les luttes contre les violences sexistes et sexuelles, des conférences avec des femmes aux parcours inspirants…
Toulouse Business School (TBS) organise de son côté des actions pédagogiques pour sensibiliser à la question des inégalités. "Nous avons organisé un atelier pour que les étudiants réfléchissent à plusieurs thématiques comme la représentation des femmes dirigeantes dans le cinéma ou leur place dans l’innovation numérique", indique Isabelle Assassi, responsable du programme égalité femme-homme de la business school toulousaine.
L’école mise essentiellement sur la pédagogie avec plusieurs dispositifs proposés pendant les trois années du programme grande école (PGE) pour accompagner les jeunes filles dans leurs projets ou dans l’entrepreneuriat.

Le mentoring pour partager son expérience

L’université de Lille a également mis en place un programme "d’accompagnement des femmes vers l’ambition" avec un dispositif de mentoring dans le monde assez masculin de l’informatique. "Nous allons chercher des jeunes filles dès le collège et le lycée pour les former au codage. Une fois au lycée, nous leur offrons des bourses et elles sont accompagnées par des marraines venant d’entreprises partenaires", explique Sandrine Rousseau.

La vice-présidente réfléchit aussi à l’équivalent pour les hommes et envisage d'ouvrir les filières plus féminines aux jeunes hommes.
C’est aussi un dispositif de mentoring à destination des étudiantes que propose Toulouse Business School. Objectif : réduire les inégalités de trajectoire de carrières et de salaires entre les femmes et les hommes. "Nous sommes partis du constat que les étudiantes de TBS déclaraient des prétentions salariales inférieures de 4.000 € par rapport aux étudiants. Elles ont entériné le fait qu’elles se satisferaient d’un salaire plus bas que les hommes", décrypte Stéphanie Lavigne, directrice générale de l'école toulousaine.
C’est ainsi qu’est né le programme Equal ID en 2017. Initialement centré sur du mentoring, le dispositif s’est étoffé et comprend dorénavant un volet pédagogie et un volet recherche. Depuis quatre ans, ce sont 350 étudiantes de l’école qui ont participé au programme et 320 cadres supérieures d’entreprise qui les ont accompagnées.

Un dialogue de femme à femme

Marine, 24 ans, est diplômée de TBS depuis juin 2019. Elle a suivi le programme Equal ID lors de son année de M2 en contrôle de gestion. "J’ai fait le choix de suivre ce programme parce que j'ai été témoin de comportements choquants en stage de contrôle de gestion : un homme haut placé s'est permis des remarques sexistes envers une collègue, et je n'ai pas su comment réagir. Je me suis aperçue que cela pouvait m’arriver et je devais me préparer à réagir."

Le programme Equal ID était alors orienté sur du mentoring, et Marine assiste donc à une soirée pendant laquelle elle rencontre sa mentor. "On se voyait une fois par trimestre. Elle m’a raconté son parcours et donné confiance pour oser maffirmer et saisir les opportunités. Ensuite, il est vrai que j’étais en stage à ce moment-là, au sein d’une équipe solide qui m’a beaucoup soutenue."

Le mentoring est conçu dans ce dispositif comme un partage d’expérience, un dialogue de femme à femme pour échanger sur son vécu et son ressenti. Le programme Equal ID a aussi permis à Danaé de rencontrer Sophie, DRH chez Actia, alors qu'elle suivait un mastère spécialisé en RH à TBS pour se reconvertir. "On s’est vues quatre ou cinq fois pour échanger sur mes problématiques mais aussi pour me soutenir et travailler sur la confiance en moi. Elle m’a donné des idées pour confirmer mes choix."
Son mastère en poche, et quelques stages plus tard, Danaé a même été embauchée par sa mentor. Si la solidarité entre femmes a un rôle à jouer, encore faut-il que les hommes soient intégrés à la réflexion pour faire véritablement bouger les lignes vers plus d’égalité entre les genres.

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