Décryptage

Les jeunes diplômés d'école de commerce exigeants vis-à-vis des recruteurs

L'une des principales attentes des jeunes diplomés d'école de commerce est l'équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle.
L'une des principales attentes des jeunes diplomés d'école de commerce est l'équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle. © Adobe Stock/Freedomz
Par Amélie Petitdemange, publié le 05 janvier 2023
6 min

Ils osent davantage imposer leurs conditions aux entreprises et n’ont plus les mêmes attentes que leurs aînés.

"Pour mon premier emploi, je serai très exigeante quant à l'entreprise. Une première expérience professionnelle permet de lancer une carrière ou peut au contraire la freiner par la suite", affirme Jeanne, étudiante en dernière année du PGE (programme Grande école) d'emlyon.

Pour Jean-Christophe Hauguel, directeur général de l’école de commerce ISC Paris, la conjoncture économique explique en partie la hausse des attentes des jeunes diplômés : "Le chômage des jeunes a largement diminué. Quand on sait qu’on a plusieurs offres possibles à la sortie, ça vous rend forcément plus exigeant".

Télétravail, management participatif, rémunération…

Les étudiants en école de commerce sont également sensibles à la rémunération, d’autant que les frais d’inscription de ces écoles peuvent atteindre les 50.000 euros annuels pour les plus prestigieuses. "Cela dit, le salaire importe moins qu’il y a 10 ou 15 ans", estime Jean-Christophe Hauguel. "A 1.000 ou 2.000 euros de différence, ils vont préférer l’entreprise la plus flexible, qui leur permet d’avoir un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle", affirme le directeur de l’ISC.

Les diplômés de business schools ont le pouvoir… dans les secteurs en tension

S’ils sont plus exigeants, les jeunes diplômés d’écoles de commerce sont-ils en mesure d’imposer leurs conditions ? Pour Marcus, cela dépend de l’école et du secteur de l’entreprise. Dans son domaine, l’audit et le contrôle de gestion, le nombre de diplômés est insuffisant face aux besoins du marché. "Nous avons donc plus de pouvoir que les diplômés d’autres secteurs, comme le marketing", assure le jeune homme. Selon lui, les jeunes osent de plus en plus imposer leurs conditions aux entreprises depuis la crise sanitaire.

"Je ne pense pas pouvoir imposer mes conditions. Ayant peu d'expérience professionnelle en début de carrière, il est plus difficile de faire la différence et donc de dicter ses conditions aux entreprises qui auraient besoin d'un profil en particulier", nuance Jeanne.

Certains étudiants ont cependant une carte à jouer, pointe Jean-Christophe Hauguel : ils sont de plus en plus nombreux à avoir fait de l’alternance, et ont ainsi un "meilleur profil à vendre" grâce à cette expérience.

Lydie Brunisholz (Page Personnel) : "Les attentes des jeunes diplômés évoluent"

Lydie Brunisholz, directrice senior du cabinet de recrutement Page Personnel, est en charge des relations avec les écoles. Elle est aussi responsable du recrutement interne des jeunes diplômés. Nous lui avons demandé les critères essentiels des jeunes diplômés quant à leur premier emploi.

"Les attentes des jeunes diplômés évoluent. Auparavant, les critères étaient le salaire, les possibilités d’évolution et les missions. Maintenant, ce sont le cadre de travail et l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle qui ressortent en premier.

Ils sont attentifs aux horaires, à la possibilité de télétravailler ou de travailler depuis un autre site que le siège. Cela dit, ils veulent aussi appartenir à un collectif, donc ils ne demandent pas du 100 % télétravail. Ce qu’ils veulent, c’est un mode de travail hybride.

Ce qui vient ensuite, c’est la rémunération. La jeunesse a toujours été très exigeante à ce niveau-là, surtout après une école de commerce. Les écoles ont un rôle à jouer, car parfois, elles indiquent aux étudiants qu’ils ont une valeur sur le marché du travail en désaccord avec la réalité. Cela donne lieu à des déconvenues.

La montée en compétences est aussi un critère important. Les jeunes diplômés veulent des missions à forte valeur ajoutée et de l’autonomie. Paradoxalement, ils tiennent aussi à être bien accompagnés et bien formés.

Enfin, certains jeunes prêtent attention à la RSE [Responsabilité sociétale des entreprises, NDLR]. Les entreprises qui ne prennent pas en considération ce sujet peuvent passer à côté de talents. Tous les jeunes sont différents, leur engagement peut être la diversité et l’inclusion, l’écologie, ou encore le bien-être au travail. Ce qui est essentiel, c’est que l’entreprise s’engage concrètement."

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