Décryptage

Quand les écoles de commerce forment les étudiants au code informatique

En première, testez une nouveauté : la spécialité "numérique et sciences informatiques".
La programmation, un apprentissage qui tend à se développer en écoles de commerce. © plainpicture/Hero Images
Par Dahvia Ouadia, publié le 18 septembre 2019
6 min

L’Ieseg noue un partenariat avec Le Wagon pour former 3.000 étudiants au code dès cette rentrée 2019. Avant elle, d’autres écoles se sont lancées à l’assaut du code comme ESCP Europe et l’EM Normandie, depuis plusieurs années.

3.000 étudiants du programme grande école formés au code. L’Ieseg s’associe au Wagon, société qui propose une formation intensive au développement web, pour initier les étudiants du PGE au langage informatique et pouvoir dialoguer avec les experts de la programmation.

Mais, l’apprentissage du code dans les business schools n’est pas nouveau. ESCP Europe a créé son cours de coding dès 2015-2016 pour tous les étudiants en prémaster (les étudiants post-prépa). "Ce cours a ensuite été décliné dans sa version obligatoire aux bachelor 2 sur les campus de Paris, Turin et Madrid. Puis il a été décliné en électif pour les masters, ce qui permet à tous les étudiants de faire ce cours de coding", raconte Yannick Meiller, professeur en charge des cours de coding au sein du programme MiM (Master in Management).

Initier les étudiants aux rudiments du code

Ce cours a été conçu pour répondre à la transformation numérique à l’œuvre : "Beaucoup de nos étudiants veulent travailler dans l’économie du numérique (Google, Amazon, etc.). Or les diplômés d’écoles de commerce n’ont souvent du numérique qu’une expérience d’utilisateur. C’est important que nos étudiants voient les dessous du numérique mais aussi son potentiel et ses contraintes", estime le professeur.
Mais il précise aussi que "Ce n’est pas un cours gadget. Il donne les bases et des repères de la programmation informatique. Quel que soit le langage, les étudiants auront des repères".
Maxime Crépet fait partie de la première promotion à avoir suivi le cours de coding à ESCP Europe. "Je n’avais aucune appétence pour le digital et pour le coding. Dans le cours d'apprentissage du code, nous avons réalisé une application mobile pour laquelle nous avons reçu un prix lors d’un concours que l’école organisait alors avec Google. Depuis je me suis tourné vers le management par l’intelligence artificielle."

A l’EM Normandie, le cours de code est réservé aux étudiants du master 2 start-up et développement numérique. Il se déroule sous forme de "SAS Tech-off", soit un cours de 38 heures, dont 7 en e-learning, délivré par des intervenants extérieurs, ingénieurs de chez Orange. "Nous voulons plonger les étudiants en immersion dans l’univers informatique", indique Marie-Hélène Duchemin, responsable du M2.

Le master forme trois types de profil :
  • Un étudiant qui veut créer sa boite dans le numérique ;

  • Un étudiant qui veut accompagner une entreprise dans le numérique ;

  • Un étudiant qui veut manager dans une start-up du numérique.

Savoir coder pour quoi faire ?

Savoir programmer apporte plusieurs compétences aux étudiants. Selon Yannick Meiller, "le code permet par exemple aux étudiants de réaliser une maquette d’application. Cela permet aussi de traiter des informations avec des interfaces de programmation mais aussi de passer d’un mode utilisateur classique à utilisateur avancé. Enfin, l’intérêt peut être d’entretenir de meilleures relations avec les équipes techniques."
En effet, Maxime Crépet rassure "on n’attend pas du tout de nous qu’on devienne des codeurs. ESCP Europe parle de cercle de compétences : certains ont une appétence pour l’écologie, l’entrepreneuriat, etc. Le numérique fait partie de ce champ de compétences à développer".
A l’Ieseg, le module créé a pour objectif de "donner aux étudiants un minimum de langage pour comprendre les experts du code, animer des équipes et comprendre leurs besoins", indique Caroline Roussel, directrice académique de l'école lilloise.
Jannaï Kalla est un étudiant du master 2 start-up et développement numérique de l’EM Normandie. Pour lui, "le SAS tech-off nous donne des bases du code et nous aide à clarifier des choses de la programmation. Il nous permet aussi de faire par nous-mêmes comme notre site internet ou des landing pages."

Des programmes pragmatiques voués à évoluer

ESCP Europe propose un cours de 30 heures réparties en dix séances. Il y a une partie en présentiel et une partie en ligne ; une partie en TD, une autre en amphi.
Le cours va, cependant, être transformé après cinq années d’existence. "Le format va être modifié notamment parce que les cours de pre-master vont aussi évoluer. Nous allons proposer quelque chose de moins classique avec plus de séminaires, plus de happening comme des hakathon. Par ailleurs, nous allons changer de langage informatique et allons sans doute nous orienter vers Python", indique Yannick Meiller.
A l’Ieseg, le programme est construit en quatre modules dont deux sont obligatoires et deux sont en électifs :
  • Un module pour développer un site web et le mettre en ligne ;

  • un module pour concevoir une application web ou mobile et créer un prototype ;

  • un module avancé pour analyser les données et travailler sur des langages informatiques comme SQL ou Python ;

  • un module pour apprendre à automatiser des tâches répétitives par exemple.

Les étudiants seront formés en partie online et auront entre 25 et 30 heures de travail par module.
L’Ieseg et le Wagon travaillent en outre à la construction d’un nouveau programme diplômant coporté et co-diplômé par les deux écoles pour 2020. L’objectif de ce cursus est de former aux compétences de code et de leadership. Ce programme diplômant sera crédité de 180 ECTS.
A l’EM Normandie, le SAS Tech-off est composé d’une partie académique pour comprendre à quoi sert le code et à quoi cela leur sera utile.
Pour le moment ce cours est réservé à une trentaine d’étudiants du master mais Marie-Hélène Duchemin souhaiterait "insuffler l’entrepreneuriat, le numérique et le coding à tous" : "un cours transverse serait l’idéal, quand les étudiants seront dans la vie active ils seront amenés à toucher à tout."

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