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Agressions sexuelles à CentraleSupélec : ouverture d'une enquête par le parquet d'Evry

REA CENTRALE SUPÉLEC
REA CENTRALE SUPÉLEC © Laurent Grandguillot/REA
Par Clément Rocher, mis à jour le 08 octobre 2021
5 min

Les résultats d'une enquête interne mettent en évidence des situations de violences sexistes et sexuelles au sein de l'école d'ingénieurs CentraleSupélec. Le parquet d’Évry a annoncé l'ouverture d'une enquête.

Violences sexuelles à CentraleSupélec : des chiffres accablants

L'association étudiante Çapèse, qui vise à promouvoir l'égalité femmes-hommes au sein du campus, a adressé une enquête anonyme à la fin de l'année académique 2020-2021, à la demande de la direction de l'école. L'objectif : prendre la mesure des violences sexistes et sexuelles (VSS) auprès des élèves de l'école.
Les résultats de cette enquête inédite montrent des chiffres particulièrement accablants. Lors de l’année écoulée, 51 femmes et 23 hommes ont déclaré avoir été victimes de harcèlement sexuel, 46 femmes et 25 hommes avoir subi une agression sexuelle, tandis que 20 femmes et 8 hommes ont déclaré avoir subi un viol.
L'enquête révèle que la grande majorité des faits se seraient déroulés dans le cadre d'activités associatives ou au sein de la résidence étudiante. Près de 9 participants sur 10 ont aussi indiqué que leur agresseur serait un autre élève. "A ce jour, aucun des agissements déclarés dans le cadre de l’enquête n’a fait l’objet d’un signalement auprès des interlocuteurs prévus à cet effet", précise l'école d'ingénieurs dans un communiqué.
"Nous avons été interloqués par l'écart entre ce qu'on percevait avant et ce qu'a révélé l'enquête. Nous avions des agressions très graves sur le campus, des victimes en détresse pour lesquelles nous ne faisions rien et dont nous n'avions pas conscience de l'existence. C'est l'une des raisons pour lesquelles nous avons décidé de mettre l'enquête sur la table", explique Romain Soubeyran, directeur de CentraleSupélec.
"Les résultats de notre questionnaire sont alarmants mais ils nous semblent nécessaires pour que tout le monde prenne conscience de l'ampleur du problème des violences sexistes et sexuelles dans l'enseignement supérieur", indique l'association Çapèse sur son compte facebook.
La ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal n'a pas manqué de réagir sur Twitter. "Je m'exprimerai dans les tous prochains jours pour annoncer un plan national d’action contre les violences sexuelles et sexistes dans l'enseignement supérieur. Ma détermination est sans faille. Tolérance zéro."

Ouverture d'une enquête préliminaire par le parquet d'Evry

Le directeur de l'école, Romain Soubeyran, a pris la décision d'adresser un courrier à la procureure de la République d'Evry, dans le but d'envisager des moyens complémentaires de prévention, d'action et d'accompagnement des victimes, mais également des moyens de sanction des auteurs. Une enquête préliminaire pour "harcèlement sexuel", "agressions sexuelles" et "viols", a été ouverte et confiée à la brigade de recherches de la gendarmerie de Palaiseau.
"C'est un sujet qui est pris au plus haut niveau des responsabilités judiciaires. Au moins symboliquement, cette enquête est importante pour montrer que c'est un sujet extrêmement grave", précise le directeur.

Quels sont les dispositifs de lutte contre les VSS déjà en place ?

CentraleSupélec a mis en place de nombreux dispositifs pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles et aider les victimes à reconnaître plus facilement ces situations. L'établissement a notamment créé une cellule dédiée au recueil des signalements et à l’accompagnement des victimes depuis 2019.
"Nous n’avons reçu aucun signalement et pensions que l’action de notre cellule contre les VSS et des associations étudiantes engagées sur ces questions était suffisante. Cette action est essentielle mais cette enquête nous démontre qu’elle n’est pas suffisante", poursuit le directeur dans le communiqué.
CentraleSupélec a également conclu un partenariat avec la fédération France Victimes. Il s'agit de mettre en place une ligne d'écoute et un accompagnement global des personnes victimes par des professionnels lors d'entretiens notamment psychologiques et juridiques. Le directeur Romain Soubeyran espère que ce partenariat permettra une libération de la parole. "La santé de nos élèves, c'est vraiment la mission de base de notre école", conclut-il.

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