"Aucun de mes profs ne m'a encouragée dans mes études" : l'opération Ingénieuses 2025 révèle les femmes dans les sciences

Encore aujourd'hui, moins de 30% des étudiants en école d’ingénieurs sont des femmes. Un chiffre rappelé avec force, jeudi 15 mai, lors de la 15e édition de l'opération Ingénieuses, un événement national dédié à la promotion de la mixité dans les filières scientifiques et technologiques, organisée par la CDEFI .

Ce rendez-vous annuel met à l'honneur les initiatives des écoles d’ingénieurs, des étudiantes et des femmes ingénieures qui œuvrent en faveur de la diversité et de l’égalité dans les études scientifiques.

"Dès le lycée, on m’a mis des barrières, et aucun de mes profs ne m'a encouragée dans mes études, que ce soit en pharmacie ou en ingénierie", témoigne Eva, lauréate du prix de l’élève-ingénieure France 2025.

Étudiante à Chimie ParisTech – PSL, et engagée dans un double cursus en études de pharmacie, Eva a cofondé l’association de tutorat de pharmacie (ATP Paris) et a contribué à la création de cours gratuits pour accompagner les étudiants en pharmacie, avec une attention particulière à l’encouragement des jeunes femmes dans les sciences. Elle est aussi engagée au sein de l’association humanitaire Huma Pharma, où elle participe à des actions de soutien aux personnes sans domicile fixe.

De son côté, Ilham a pu compter sur le soutien de ses parents pour s'engager dans les sciences. "Ma famille m’a toujours encouragée dans cette décision, même s'il y a beaucoup de préjugés", raconte l'élève de l’École nationale supérieure d’informatique d’Alger et lauréate du prix de l'élève-ingénieure Afrique du Nord pour son engagement sur l'égalité des chances. "Ce prix met en valeur toutes les jeunes filles comme moi qui s’engage dans les sciences."

Autant d’exemples concrets qui ont montré aux lycéennes, présentes lors de la cérémonie, qu’elles aussi peuvent avoir leur place dans les sciences. Mélissa, élève de 1re au lycée Paul Éluard de Saint-Denis (93), et membre du jury lycéen, réfléchit à s’orienter vers des études scientifiques. "La spécialité sciences de l’ingénieur m’a attiré. J'ai hésité à la prendre car il n’y a que des garçons. Mais ma mère m’a dit de faire ce que j’avais envie de faire."

L'étude Gender Scan 2025 a révélé que plus de 40% des étudiantes en école d’ingénieurs ont été dissuadées de s’orienter vers les études scientifiques et techniques. "Certaines jeunes filles se retrouvent paralysées non par manque de talents mais par peur de confirmer une image injuste des femmes en général. Nous devons soutenir celles qui s’engagent dans les filières et aller chercher celles qui n’osent pas", s'est exprimé Emmanuel Duflos, président de la CDEFI.

Alors que le gouvernement vient de lancer un plan "Filles et maths", comprenant notamment la sensibilisation de tous les professeurs de l’Éducation nationale aux biais de genre, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur, Philippe Baptiste; a confirmé que "voir plus de femmes dans les sciences, c’est dans notre intérêt collectif. On ne peut pas se passer de ce vivier de talents".