IA et santé : avec l'intelligence artificielle, les formations en ingénierie de la santé façonnent la médecine de demain

L’intelligence artificielle au service de la santé ? Du diagnostic des maladies à la chirurgie robotique, en passant par l’analyse massive de données médicales, les avancées en IA ouvrent des perspectives prometteuses.

Dans les cursus d'ingénierie de la santé, de nouveaux programmes, parfois de nouvelles formations, donnent la part belle à l'IA. Pour tirer pleinement parti de ces innovations, les étudiants y développent de nouvelles compétences, alliant expertise en biotechnologie et maîtrise des outils numériques.

Introduite dans les années 50, l’intelligence artificielle a connu une accélération grâce au deep learning et au big data, transformant progressivement le secteur médical. L’IA est désormais utilisée dans de nombreux domaines de la santé : en chirurgie assistée, imagerie médicale, oncologie, radiologie et ophtalmologie, améliorant la précision des diagnostics et des traitements.

Les exemples d'application concrète ne manquent pas et vont de l'assistance administrative à l'analyse médicale. Par exemple, les médecins sont de plus en plus nombreux à utiliser l’IA pour générer leurs comptes-rendus médicaux. Et plus impressionnant, avec les algorithmes en bio-informatique, il est désormais possible de faire des simulations pour vérifier l'efficacité d'une séquence moléculaire.

L'IA pourrait aussi aider à désengorger les hôpitaux. "Grâce à l’intelligence artificielle, on peut prédire les admissions aux urgences afin d’anticiper le déploiement de médecins et infirmiers. On a énormément de données pour avoir une analyse prédictive performante", assure Slim Hammadi, enseignant-chercheur à Centrale Lille (59).

Comment se traduisent ces évolutions dans les formations ? À l’EPITA, une école d’ingénieurs du numérique, une majeure numérique et santé permet aux étudiants de suivre des cours sur l’imagerie médicale, l’intelligence artificielle, la bio-informatique avec une approche juridique et éthique. "On leur apporte aussi des enseignements pluridisciplinaires comme la biologie, pour qu’ils aient une bonne compréhension de leur environnement", explique Sylvain Goussot, directeur général de l'école.

Les étudiants vont mener des projets en développement d’algorithme de deep learning pour l’analyse radiologique d’images médicales 2D et 3D ou en développement de solutions d’analyses de signaux provenant de dispositifs médicaux connectés.

L’établissement lance également à la rentrée prochaine un bachelor intelligence artificielle, biotech et santé, en collaboration avec SupBiotech, école d’ingénieurs en biotechnologies. "Il y a une forte demande aujourd’hui d’avoir des diplômés en IA qui sont spécialisés dans un domaine en particulier. Ici, ce sera la santé", complète le directeur.

Autre exemple à Lille, ou l'université et l'école d'ingénieurs Centrale Lille Institut ont lancé en 2021 le parcours management de l'intelligence artificielle en santé en master ingénierie de la santé, qui forme une vingtaine d'étudiants par promotion. "On leur apprend à préparer des algorithmes de deep learning. On peut faire appel à des industriels pour des études de cas. Les étudiants vont travailler sur des données réelles", confirme Slim Hammadi.

À l’issue de ces formations, les jeunes diplômés pourront se lancer dans une carrière dans l’analyse des données de santé, dans le développement et l’intégration de l’IA, ou bien dans les technologies biomédicales.

Et si l’intelligence artificielle jouera un rôle-clé dans l’organisation des soins, le suivi des patients et la personnalisation des traitements, elle ne remplacera pas les médecins. Elle est aujourd'hui abordée comme un outil d’aide à la décision, libérant du temps pour les professionnels de santé tout en renforçant la qualité des soins.