Reportage

Classe verte pour ces futurs acteurs de la transition écologique

rando de rentrée mastère en éco-ingénierie (MSEI)
Pour les étudiants du mastère spécialisé d'éco-ingénierie (MSEI), la formation a commencé par... deux jours de randonnée dans les Pyrénées. © Anouk Passelac
Par Anouk Passelac, publié le 07 octobre 2022
5 min

À Toulouse INP, le mastère spécialisé en éco-ingénierie (MSEI) propose à de futurs ingénieurs et à des professionnels en reconversion de se former aux enjeux de la transition écologique. Ce cursus, qui rencontre un succès croissant, démarre par deux jours en montagne.

Ils avancent en silence sur un chemin de randonnée surplombant le village d’Ercé, en Ariège. Chacun est attentif au monde qui l’entoure : le vert éclatant des montagnes, l’odeur du sous-bois humide, le tintement des clochettes d’un troupeau de moutons… Cela n'y ressemble pas, mais cette troupe d'étudiants est en plein atelier d'intégration !

Pour sa rentrée, la nouvelle promotion du mastère spécialisé d’éco-ingénierie (MSEI) de l'école d'ingénieurs Toulouse INP (institut national polytechnique) est allée se réfugier dans les Pyrénées. Dans l’autobus qui s’éloignait de la métropole, le responsable pédagogique, Roman Teisserenc, a formulé un vœu : "Je vous propose de vous déconnecter de vos téléphones. Prenez ces deux jours et vivez-les pleinement."

Démarrer l'année en douceur

Pendant un an, les étudiants du MSEI vont se former aux enjeux de la transition écologique, en commençant par un état des lieux glaçant sur le changement climatique, l’effondrement de la biodiversité, l’épuisement des ressources… "On s’est aperçus que ça réveillait beaucoup de colère, de tristesse et d’angoisse", relate le responsable pédagogique.

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rando de rentrée mastère en éco-ingénierie (MSEI) © Anouk Passelac
D’où l’idée de se rendre en pleine nature afin de démarrer en douceur cette formation par des cercles de parole et des ateliers de méditation. Ces deux jours servent aussi à développer l’esprit de groupe et d’entraide, indispensables pour mener leurs futurs projets écologiques.
Créé en 2014, le mastère attire de plus en plus. Entre 2020 et 2021, les effectifs ont doublé pour plafonner à 50 personnes. L’année suivante, le responsable pédagogique a reçu environ 200 candidatures. "Les étudiants sont très satisfaits de leur formation et on a de très bons retours des entreprises qui ont accueilli des stagiaires", analyse Roman Teisserenc. Preuve qu’elle répondait à un réel besoin.

Étudiants et professionnels en reconversion

L’ambition du cursus est de proposer une approche systémique et globale de la transition écologique, à travers un mélange de sciences humaines (sociologie, éthique, etc.) et de matières techniques (modélisation informatique, simulation spatiale, etc.). L’étudiant doit devenir un "chef d’orchestre", capable de mener à bien un projet en conciliant tous les aspects.
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Au début du séjour, chacun se présente à travers des exercices. Âgés de 21 à 57 ans, les profils des élèves sont très variés : une vingtaine sont des étudiants en 3e année d’école d’ingénieurs, une trentaine sont en reconversion professionnelle, issus de divers milieux.

Au gré des discussions et des ateliers, chacun dévoile son parcours et ce qui l'a mené au MSEI. Renaud, 50 ans, construisait des moteurs d’hélicoptère chez Safran et ressentait le besoin de se former à l’écoconception pour "réduire l’impact écologique de [s]on entreprise". Alix, 21 ans, s’est sentie frustrée par sa formation en école d’ingénieurs, pas assez tournée vers l’environnement. Nathalie, 43 ans, était employée d’une grande entreprise de l’industrie biscuitière et a tout lâché à cause d’un "manque de sens, de plaisir et de cohérence dans [s]on travail".

De nombreux débouchés dans la transition écologique

Nombreux sont les étudiants à ne pas avoir d’idée précise sur leur futur job, si ce n’est l’envie d’agir concrètement en faveur de l’écologie. "On est là pour leur ouvrir le champ des possibles", glisse Roman Teisserenc.

Les parcours des anciens élèves peuvent en témoigner. Après vingt ans de métier dans la chaîne logistique, Luc Bidart a passé le MSEI en 2021 et travaille désormais au service environnement du conseil régional d’Occitanie. "C’est là qu’on a un levier d’action", assure-t-il.

Estelle Baguéna, ex-employée de banque, a suivi la même promotion et s’épanouit désormais dans une association de lutte contre le gaspillage alimentaire : "C’est passionnant, je me sens encore plus à ma place", savoure-t-elle. D’autres deviennent paysans ou intègrent de grandes entreprises pour "lutter de l’intérieur"... Les parcours sont nombreux.

Bien avant de trouver le métier qui a du sens pour eux, les étudiants de la promotion 2022 commencent leur formation en apprenant à se reconnecter à eux, aux autres et à la nature. "On a besoin de se sentir bien pour ensuite faire de belles choses", philosophe une étudiante à la fin de la randonnée.

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