Classe verte pour ces futurs acteurs de la transition écologique
À Toulouse INP, le mastère spécialisé en éco-ingénierie (MSEI) propose à de futurs ingénieurs et à des professionnels en reconversion de se former aux enjeux de la transition écologique. Ce cursus, qui rencontre un succès croissant, démarre par deux jours en montagne.
Ils avancent en silence sur un chemin de randonnée surplombant le village d’Ercé, en Ariège. Chacun est attentif au monde qui l’entoure : le vert éclatant des montagnes, l’odeur du sous-bois humide, le tintement des clochettes d’un troupeau de moutons… Cela n'y ressemble pas, mais cette troupe d'étudiants est en plein atelier d'intégration !
Pour sa rentrée, la nouvelle promotion du mastère spécialisé d’éco-ingénierie (MSEI) de l'école d'ingénieurs Toulouse INP (institut national polytechnique) est allée se réfugier dans les Pyrénées. Dans l’autobus qui s’éloignait de la métropole, le responsable pédagogique, Roman Teisserenc, a formulé un vœu : "Je vous propose de vous déconnecter de vos téléphones. Prenez ces deux jours et vivez-les pleinement."
Démarrer l'année en douceur
Pendant un an, les étudiants du MSEI vont se former aux enjeux de la transition écologique, en commençant par un état des lieux glaçant sur le changement climatique, l’effondrement de la biodiversité, l’épuisement des ressources… "On s’est aperçus que ça réveillait beaucoup de colère, de tristesse et d’angoisse", relate le responsable pédagogique.
Étudiants et professionnels en reconversion
Au début du séjour, chacun se présente à travers des exercices. Âgés de 21 à 57 ans, les profils des élèves sont très variés : une vingtaine sont des étudiants en 3e année d’école d’ingénieurs, une trentaine sont en reconversion professionnelle, issus de divers milieux.
Au gré des discussions et des ateliers, chacun dévoile son parcours et ce qui l'a mené au MSEI. Renaud, 50 ans, construisait des moteurs d’hélicoptère chez Safran et ressentait le besoin de se former à l’écoconception pour "réduire l’impact écologique de [s]on entreprise". Alix, 21 ans, s’est sentie frustrée par sa formation en école d’ingénieurs, pas assez tournée vers l’environnement. Nathalie, 43 ans, était employée d’une grande entreprise de l’industrie biscuitière et a tout lâché à cause d’un "manque de sens, de plaisir et de cohérence dans [s]on travail".
De nombreux débouchés dans la transition écologique
Nombreux sont les étudiants à ne pas avoir d’idée précise sur leur futur job, si ce n’est l’envie d’agir concrètement en faveur de l’écologie. "On est là pour leur ouvrir le champ des possibles", glisse Roman Teisserenc.
Les parcours des anciens élèves peuvent en témoigner. Après vingt ans de métier dans la chaîne logistique, Luc Bidart a passé le MSEI en 2021 et travaille désormais au service environnement du conseil régional d’Occitanie. "C’est là qu’on a un levier d’action", assure-t-il.
Bien avant de trouver le métier qui a du sens pour eux, les étudiants de la promotion 2022 commencent leur formation en apprenant à se reconnecter à eux, aux autres et à la nature. "On a besoin de se sentir bien pour ensuite faire de belles choses", philosophe une étudiante à la fin de la randonnée.