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Écoles d'ingénieurs : des places à prendre pour les bacheliers ES (et même L)

De plus en plus de bacheliers ES ou L rejoignent les écoles d'ingénieurs via des parcours adaptés.
De plus en plus de bacheliers ES ou L rejoignent les écoles d'ingénieurs via des parcours adaptés. © plainpicture/Cultura/Hybrid Images
Par Laura Makary, publié le 06 avril 2018
7 min

Les formations d'ingénieurs ne sont pas réservées uniquement aux titulaires d'un bac S. Les bacheliers ES, surtout ceux ayant fait le choix de suivre une spécialité maths, attirent de plus en plus les écoles. Et même les bac L peuvent s'y frayer un chemin.

Ils ne représentent aujourd'hui que 0,5 % des effectifs des formations d'ingénieurs. Pourtant, progressivement, les portes des écoles s'ouvrent aux bacheliers ES, notamment s'ils ont suivi la spécialité mathématiques au lycée. Les plus motivés peuvent ainsi les intégrer, soit – dans des cas encore rares – directement après le bac, soit à la suite d'un premier diplôme supérieur, comme un DUT (diplôme universitaire de technologie) ou un BTS (brevet de technicien supérieur).

Des cours renforcés pour les bacheliers ES

Plusieurs écoles d'ingénieurs proposent déjà, depuis quelques années, des cursus spécialement pensés pour ces bacheliers. C'est par exemple le cas de l'EFREI Paris qui recrute des bacheliers ES en leur proposant un programme spécifique en prépa intégrée, dite "renforcée", notamment en maths et en physique. HEI, à Lille, s'est également lancée dans l'aventure, en dispensant davantage d'heures de cours aux élèves ayant obtenu un bac ES. Autre exemple : l'ESIEA accueille ces profils en assurant "un accompagnement adapté" et un "soutien individualisé et hebdomadaire".

Les bacheliers ES ont également capté l'attention de l'ICAM, en plein lancement à la rentrée 2018 d'un nouveau programme, appelé "parcours ouvert". "Nous avons constaté que de plus en plus de bacheliers ES spé maths se renseignaient auprès de l'école. Ils représentent aujourd'hui 6 à 7 % de nos prospects. D'où notre volonté d'ouvrir ce nouveau parcours à ces profils. Tous les élèves suivront une première année de préparation, avant d'entrer en cycle préparatoire, durant laquelle ils suivront parallèlement aux enseignements en ingénierie des modules d’harmonisation : des matières scientifiques et de la culture générale pour les S", détaille Carole Marsella, directrice du pôle enseignement supérieur de l'ICAM. Une fois dans le cycle ingénieur, tous les profils seront donc mélangés.

Une remise à niveau adaptée

Autre porte d'entrée en école pour un bachelier ES : une année de remise à niveau scientifique. Une année blanche durant laquelle le futur étudiant travaille en particulier les mathématiques et la physique. Une condition obligatoire pour certaines écoles d'ingénieurs, comme l'ESAIP. "Nous ne recrutons des ES que sous conditions, après une année de remise à niveau. Ils reprennent toutes les bases en sciences car il leur faut des compétences dans ces matières. Mais il ne doivent pas non plus négliger leur dossier au lycée, car nous regardons les notes et les appréciations de ces profils", explique Aurélie Hardouin, responsable promotion et recrutement de l'établissement angevin.

Les terminales ES intéressées par l'ingénierie peuvent également se lancer dans un premier diplôme, comme un DUT ou un BTS, avant de postuler via les admissions parallèles. "Environ 5 % de nos recrutements en bac+2 sont des élèves issus de filière ES. S'ils se dirigent vers un DUT ou un BTS scientifique, et se présentent avec un bon dossier et un projet professionnel, les portes ne sont bien sûr pas fermées", précise Aurélie Hardouin.

C'est le parcours qu'a justement suivi Marouane, désormais étudiant en première année à l'ENSAI. Après un bac ES et une expérience à la fac, qui ne lui a pas convenu, il rejoint un DUT statistiques et informatique décisionnelle. "J'ai adoré mes deux années de DUT. Avoir davantage de liberté qu'au lycée tout en conservant de petites promos et un vrai lien avec mes professeurs, contrairement à la fac, m'a beaucoup plu. J'avais de bonnes notes et j'ai visé l'ENSAI, qui me semblait la meilleure école pour mon projet professionnel, devenir data scientist", raconte Marouane.

L'arrivée en école d'ingénieurs se passe bien pour l'étudiant, même si certaines matières sont plus difficiles que d'autres. "Le plus dur, ce sont les maths, il a fallu beaucoup travailler pour remonter au niveau, notamment sur les éléments les plus abstraits. Mais mes camarades venus de prépas m'ont aidé. En échange, je donnais un coup de main sur l'informatique et la pratique, où je suis plus à l'aise grâce à mon DUT. Le premier semestre était dur, mais le niveau est maintenant plus homogène", se souvient Marouane, qui se déclare ravi de ses études.

Les bacheliers L, également acceptés

Quid des terminales L ? Le parcours ICAM est ouvert à ces profils, mais rares sont les écoles recrutant des bacheliers L tout de suite après le bac. Quelques initiatives, comme le concours du GEIDIC après une prépa littéraire B/L, existent, mais demeurent exceptionnelles. Les profils littéraires peuvent intégrer une école d'ingénieurs, mais cela demande une certaine motivation.

C'est le cas de Lucie, aujourd'hui étudiante à UniLaSalle. Après son bac L, elle se dirige vers une année de préparation, pour suivre un BTS diététique. Après le BTS, elle suit des cours du soir en ingénierie agro-alimentaire au CNAM. "Il me manquait le lien entre l'agro-alimentaire et la santé, ce qu'UniLaSalle propose, d'où mon choix de postuler. Le recrutement était intelligent. Ils ont vérifié que j'avais bien les prérequis et ont compris mon projet et mon profil. Une fois à l'école, j'ai dû travailler un peu plus que les autres en maths et en statistiques, mais ce n'était pas infaisable", déclare l'étudiante.

À ses côtés, Julie, également étudiante à UniLaSalle, n'a pas souhaité non plus s'arrêter après son bac L et son BTS diététique, et a postulé. "Quand on veut vraiment y arriver, c'est une force. Mon conseil aux lycéens littéraires qui veulent suivre ce parcours, c'est d'avoir un fil rouge, de savoir où ils veulent aller. Si on y croit, si on a les capacités et un bon dossier, alors c'est possible. Cela demande plus de travail, certes, mais ce n'est pas incompatible", lance-t-elle. Alors avis aux bacheliers éco et littéraire : avec du travail et de l'investissement, vous avez tout à fait votre place dans une école d'ingénieurs.

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