Décryptage

Écoles d'ingénieurs en réseau : quels atouts pour les étudiants ?

Par Sylvie Lecherbonnier, publié le 06 décembre 2011
1 min

Regroupement des concours d’entrée, multiplication des partenariats avec les entreprises, création d’ateliers communs à plusieurs établissements, doubles diplômes à l’international… Les réseaux d’écoles d’ingénieurs apportent de sérieux avantages aux étudiants.

Face à la compétition internationale accrue, une école d’ingénieurs ne peut plus être isolée. La plupart des établissements l’ont compris et nouent des partenariats tous azimuts, offrant ainsi des perspectives nouvelles à leurs étudiants.

 
Une sélection commune

 
Concours Mines-Ponts, Centrale-Supélec, CCP (concours communs polytechniques)… Les concours communs après prépa existent depuis plusieurs décennies. La formule plaît et se décline désormais pour tous les niveaux d’admission. Les concours Avenir, Puissance 11, GEIPI-Polytech ou Advance pour les bacheliers sont nés au cours des dernières années. Pour les admissions parallèles, les écoles mutualisent aussi leurs procédures, comme le prouve la montée en puissance du concours CASTing des écoles centrales ou la banque d’épreuves BTS-DUT. Les avantages pour les candi­dats : une plus grande lisibilité de l’offre de formations, des inscriptions simplifiées et un coût réduit.

Autre dispositif en vogue : les classes préparatoires intégrées communes. Le principe ? Des établissements se regroupent pour proposer un premier cycle commun. À l’issue de ces 2 années de prépa intégrée, l’étudiant entre dans l’école de son choix, en fonction de ses résultats. Les INP (instituts nationaux polytechniques) et les écoles de chimie de la fédération Gay-Lussac proposent, entre autres, ce type de cursus. L’étudiant évite ainsi le stress du concours en fin de prépa et se laisse tout de même le choix entre plusieurs écoles.

 
Une offre pédagogique plus large

 
De plus en plus d’établissements offrent la possibilité à leurs étudiants d’aller suivre leur option de dernière année chez l’un de leurs partenaires. Citons les écoles des mines ou de l’Institut Télécom, entre autres. D’autres vont plus loin et proposent des options communes. Dans le cadre de leur alliance stratégique, Centrale Paris et Supélec ont construit une option conjointe dans le domaine de l’énergie, dispensée par des enseignants des deux établissements pour des élèves des deux écoles.

De leur côté, les 7 écoles du réseau Polyméca (l’ENSMM Besançon, l’ENSMA Poitiers, Supméca Saint-Ouen, l’ENSCI Limoges, l’ENSTA Bretagne, l’ENSIAME Valenciennes et l’ENSI Bourges) mettent en place des cursus bidiplômants en 4 ans : l’élève ingénieur effectue les deux 1res années de son cursus dans l’école où il a été admis, puis il suit une seconde 2e année et une 3e année dans une autre école du réseau. Il est alors diplômé des deux écoles et “peut faire valoir des compétences élargies”, selon les termes du réseau.

L’alternative extrême consiste à changer d’établissement. Cette opportunité, offerte notamment par les 3 écoles du collegium d’Île-de-France (ENSEA Cergy, EISTI Cergy, Supméca), séduit encore peu d’étudiants.

 
Des relations facilitées avec les entreprises

 
Plus étonnant, les écoles en réseau peuvent également mutualiser une partie de leurs relations avec les entreprises, ces dernières appréciant d’avoir un interlocuteur unique. Au sein de ParisTech, il est fréquent qu’une chaire d’enseignement et de recherche soit signée entre plusieurs écoles et entreprises. Exemple parmi tant d’autres : la chaire “éco-conception des ensembles bâtis et des infrastructures” entre Vinci, AgroParisTech, l’École des ponts et l’École des mines.

Pouvoir se rassembler a permis aux 10 écoles d’ingénieurs d’Alsace Tech de créer un forum entreprises d’envergure. Plus de 350 professionnels y prennent part. À la clé : des offres de stages et d’emplois, ainsi que des conseils en matière d’embauche pour les jeunes diplômés de ces établissements.

Autre initiative : celle du réseau GENI (Grandes écoles du Nord incubation), qui rassemble 5 grandes écoles de la région Nord-Pas-de-Calais (ENSAIT Roubaix, Centrale Lille, Arts et Métiers Lille, les Mines de Douai et SKEMA) dans l’objectif de développer l’esprit d’entreprendre de leurs élèves.

 
L’ouverture à d’autres disciplineset au double diplôme

 
Mais les écoles d’ingénieurs ne nouent pas uniquement des partenariats entre elles. Elles signent volontiers des accords avec des facultés de médecine, des écoles de commerce, d’architecture, de design, voire des écoles d’art. Avec l’objectif d’ouvrir les étudiants à d’autres disciplines. Les établissements partent en effet du principe qu’au sein d’une entreprise, un ingénieur doit savoir discuter avec les commerciaux, les designers, les marketeurs, etc. Le double diplôme reste l’outil privilégié de ce type de rapprochement.

Certains établissements optent pour des dispositifs plus originaux. L’exemple le plus abouti se situe à Nancy avec Artem, une alliance qui réunit l’École des mines de Nancy, l’école de commerce ICN et l’École nationale supérieure d’art de Nancy. Chaque vendredi, des étudiants des 3 établissements participent en groupe de 4 à 6 aux ateliers Artem. Ils conduisent un projet pluridisciplinaire proposé par une entreprise, un laboratoire de recherche ou une collectivité. De quoi confronter les élèves ingénieurs à d’autres sensibilités. Prochaine étape de cette convergence : le déménagement des 3 établissements sur un campus commun à partir de 2012.

Atelier Artem à Nancy
Lors d’un atelier Artem à Nancy. Ce dispositif original permet aux étudiants de l’École des mines nancéienne de travailler sur des projets pluridisciplinaires avec des élèves de l’école de commerce ICN et des étudiants de l’École nationale supérieure d’art de Nancy. © DR.

 
Encore plus de choix à l’international

 
Les écoles d’ingénieurs cherchent également à nouer des alliances à l’extérieur de nos frontières. Là encore, le double diplôme est un outil privilégié. Avec un effet démultiplicateur pour les écoles en réseau. Ainsi, le groupe des écoles centrales a signé conjointement plus d’une trentaine d’accords de double diplôme avec des universités sur les cinq continents.

De son côté, ParisTech fait partie du réseau d’excellence IDEA League, qui réunit l’Imperial College de Londres en Grande-Bretagne et les universités de technologie de Delft au Pays-Bas, de Zurich (ETHZ) en Suisse et d’Aix-la-Chapelle (RWTH) en Allemagne. Au programme : des échanges d’étudiants, des “summer schools” ou l’octroi de bourses pour des stages scientifiques effectués au sein des laboratoires de recherche des partenaires. On l’aura compris, les alliances en tout genre augmentent les opportunités… mais également la créativité.

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