Portrait

De jeunes Français inventent les toilettes écolos de luxe

La cabine Bostia d'Ecosec a un design futuriste la nuit.
La cabine Bostia d'Ecosec a un design futuriste la nuit. © Ecosec
Par Delphine Dauvergne, publié le 24 novembre 2016
1 min

LES JEUNES ONT DE L'AVENIR. Benjamin Clouet, Bernard Caille, Léa Egret et Vincent Le Dahéron se sont lancés dans un projet de toilettes sèches "haut de gamme". Leur Scop Ecosec commence à installer ses premières cabines à Montpellier.

Pour limiter le gaspillage d'eau potable lorsqu'on tire la chasse d'eau, l'équipe d'Ecosec a imaginé des toilettes sèches haut de gamme. L'idée a d'abord germé dans la tête de Benjamin Clouet, 37 ans, ingénieur diplômé de l'ESTIC Caen, fort d'une expérience d'une quinzaine d'années dans l'assainissement écologique dans les pays en développement. Si les toilettes sèches existaient déjà en France de manière rustique dans certains festivals, il existait un créneau à prendre sur des modèles plus agréables pour les utilisateurs.

Son ami d'enfance, Bernard Caille, 35 ans, le rejoint dans l'aventure, suivi de Vincent Le Dahéron diplômé de Polytech Montpellier en octobre 2014 et Léa Egret, titulaire d'un master de géographie suivi à l'université de Grenoble-Alpes, en mai 2015.

Engagés pour l'environnement

En se spécialisant dès ses études d'ingénieur en sciences des traitements de l'eau, Vincent, 24 ans, se montrait déjà "passionné de l'assainissement" avec la motivation écologique "d'économiser les ressources énergétiques". Chez Ecosec, le jeune diplômé est chargé de la partie recherche et valorisation de leur "système innovant de trône qui sépare les matières fécales des urines". Les quatre membres de l'équipe sont tous passés par des associations. Greenpeace, réseau d'associations écologiques de Montpellier, associations de quartiers, fab lab... leurs engagements sont multiples mais montrent leur envie commune de vouloir changer les choses.

Ils ont choisi le statut de Scop pour leur projet, lancé en janvier 2014. "Nous voulions un cadre horizontal dans les responsabilités et le partage des gains. C'est aussi important pour nous de garder notre indépendance, d'autant plus que nous souhaitons devenir une entreprise de réinsertion professionnelle", explique Vincent. Limité par ce statut, le modèle de financement se cherche encore, entre prêts personnels pour lancer l'activité, crowdfunding, ou encore soutiens de réseaux d'entrepreneurs.

Plus de 10 cabines déjà vendues

"Chaque jour, chaque personne consomme 30 litres d'eau potable pour faire ses besoins", rappelle Vincent. Toute l'installation des modèles Ecosec est pensée de manière écologique. "Les cabines sont construites par des artisans locaux de Montpellier. Elles sont équipées d'un service de nettoyage et de collecte de résidus. Plutôt que d'avoir des toilettes automatiques, un employé passera en vélo pour les entretenir", décrit Vincent.

Une dizaine de cabines a déjà été vendue et six ont été mises en location pendant l'été 2016. Des collectivités territoriales ont commencé à passer des commandes. Le modèle phare, Bostia, avec cinq toilettes et 16 urinoirs, n'a besoin d'être vidangé que toutes les 50.000 utilisations seulement. Il a été loué pour la Fête de l'Humanité 2016.

La prochaine étape d'Ecosec est de diversifier ses activités en se mettant au compostage. Léa, 24 ans, est chargée de développer cette partie du projet. "Un boîtier donnera à distance les besoins et l'état des composteurs grâce à des capteurs intégrés", explique Vincent. Pour l'heure, les urines des cabines sont utilisées comme activateur de compost sur une parcelle d'aloe vera permettant de fabriquer le gel hydro-alcoolique des toilettes. Rien ne se perd, tout se transforme !

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