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Les étudiants des grandes écoles dénoncent le projet EACOP de TotalEnergies

Des banderoles contre le projet EACOP ont été déployées dans les grandes écoles, comme ici à l'École des Ponts ParisTech.
Des banderoles contre le projet EACOP ont été déployées dans les grandes écoles, comme ici à l'École des Ponts ParisTech. © photo fournie le témoin
Par Clément Rocher, publié le 26 avril 2023
5 min

Un collectif regroupant des étudiants de 12 grandes écoles organise ce mercredi 26 avril une journée de sensibilisation simultanée, dans leurs établissements, contre le projet pétrolier EACOP de TotalEnergies. Les élèves manifestent leur refus de travailler dans des entreprises jugées climaticides.

Ils étudient à Polytechnique, HEC, Mines de Paris, CentraleSupélec, AgroParisTech, IMT Atlantique, Sciences Po Paris, Mines Saint-Étienne… Un collectif d'étudiants de grandes écoles organise une journée de sensibilisation ce mercredi 26 avril dans une douzaine d'établissements contre le projet controversé EACOP (East African Crude Oil Pipeline) porté par TotalEnergies.
Ce mégaprojet pétrolier prévoit l'installation d'un oléoduc de 1.443 km en Afrique de l'est, traversant l'Ouganda et la Tanzanie. Critiqué par les organisations de défense de l'environnement, il contribuera à émettre 33 millions de tonnes de CO2.
Le projet a également été condamné par le Parlement européen. Dans une résolution d'urgence publiée en septembre 2022, il dénonce les violations des droits humains et les risques majeurs pour l'environnement et le climat.

Une opération de sensibilisation sur le projet EACOP

Afin de faire entendre leurs voix, les étudiants membres du collectif distribuent depuis ce mercredi matin des tracts et placardent des affiches et des banderoles dans le but de sensibiliser leurs camarades et dénoncer le projet. "Le point départ du projet, c'est vraiment la sensibilisation au sein des écoles", assure Luc, étudiant en master 1 à l'école d'affaires publiques de Sciences po.
"On souhaite marquer notre désapprobation et notre engagement pour lutter contre le projet EACOP, au risque de faire face à la désapprobation de certains camarades, complète Victoria, étudiante en première année à l'École des Mines de Paris. On va sans doute recevoir des critiques, car TotalEnergies est un partenaire de notre bureau des sports. Mais en finançant nos associations, c'est comme s'ils achetaient notre silence."

"Doit-on laisser à TotalEnergies la liberté de flinguer le climat ?"

Les étudiants condamnent aussi plus largement la méthode de greenwashing employée par TotalEnergies, qui continue de consacrer 75% de ses investissements aux énergies fossiles. "Une grande part des investissements qu'ils déclarent comme verts sont en réalité consacrés au gaz. Il ne faut pas se laisser berner", poursuit la jeune élève-ingénieure.
"Nous voulons que les grandes entreprises comme TotalEnergies arrêtent de créer de tels projets et écoutent les recommandations de l'Agence internationale de l'énergie." Cette organisation a notamment appelé à mettre un terme à tout investissement futur dans les énergies fossiles.
"Une grande partie du sentiment de révolte vient du fait qu'il n'y a pas de vrai débat sur ces questions, souligne Luc. Doit-on laisser à TotalEnergies la liberté absolue de flinguer le climat ? L'arbitrage entre liberté d'investissement et priorité à la décarbonation n’est pas posé en ces termes dans l’opinion publique."

Quand les élèves font du "chantage au recrutement"

Cette journée de mobilisation vise également à faire passer un message aux recruteurs des grandes entreprises françaises. "On se dresse contre les entreprises climaticides en exprimant notre volonté de ne pas travailler pour elles, témoigne Victoria, intéressée par le secteur des politiques publiques environnementales. On veut avoir accès à un monde du travail qui a du sens."
"Nous exprimons notre refus de travailler dans les entreprises qui ne respectent pas les Accords de Paris, surtout si elles ne revoient pas leur stratégie et leurs ambitions", ajoute Quentin, étudiant en deuxième année à HEC. "Les choix économiques d'aujourd'hui peuvent compromettre leurs activités de demain. C'est du chantage au recrutement", confirme Luc.

Les élèves attendent mieux de leur école

Cette journée permet également d'interpeller les dirigeants des grandes écoles. "Les écoles de commerce ont beaucoup de contacts avec les banques, car elles les financent. On trouve que c'est un problème, mais on est pieds et poings liés. Elles ont une place importante dans nos forums de recrutement, ainsi que dans les cas qu'on étudie en cours", témoigne Quentin.

Les étudiants de HEC n'en sont d'ailleurs pas leur coup d'essai. Une action avait été menée en novembre dernier lors du forum de recrutement organisé par Hi Paris ! auquel TotalEnergies participait. Les élèves avaient manifesté leur désaccord face à la présence de l'entreprise en faisant un sit-in pacifique sur son stand.
Du côté de Sciences po, ce sont les intervenants choisis pour parler aux étudiants qui interrogent. "Il y a un vrai effort de la direction pour mettre l'écologie au centre de la maquette des formations. Mais on a encore des intervenants qui viennent de TotalEnergies et qui sont en décalage avec la direction que doit prendre la formation aujourd'hui", précise Luc.
Le collectif étudiant, encore sans nom aujourd'hui, réfléchit déjà à la suite de la mobilisation dans le cadre de l'assemblée générale tenue par TotalEnergies le mois prochain. "On va peut-être s'ajouter au mouvement de contestation pour avoir une action de plus grande ampleur. Il faut qu'on soit tous alliés", encourage Victoria.

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