Oraux des écoles d’ingénieurs : entre le transport et le coût du logement, le casse-tête des candidats

Chaque année, des milliers de candidats se lancent dans un marathon, celui des épreuves orales des concours d’entrée aux écoles d’ingénieurs. Entre réservations d’hébergement, coûts de transport et gestion du stress, ces semaines d’oraux représentent à la fois un défi personnel et un investissement financier conséquent.
Maxence, désormais élève-ingénieur à Centrale Nantes, se souvient de son expérience des concours. "J’étais admissible aux épreuves orales des concours Centrale-Supélec, Mines-Ponts, et CCINP. Je me suis préparé comme si c’était un marathon, ça a duré deux semaines et demie."
Résidant près de la frontière suisse, le jeune étudiant s’est rendu à Paris. "Tous les candidats sont prévenus en même temps de leurs dates de passage des oraux, je n’ai eu que quatre jours pour me préparer, c’était très compliqué au niveau de l’organisation", raconte-t-il.
En effet, si l'organisation des épreuves orales des concours des écoles d’ingénieurs est une mécanique bien huilée pour les établissements, pour les candidats, entre la réservation des hébergements, des transports, et un budget parfois conséquent, c’est une véritable course de fond qui s'engage.
Trouver un hébergement, une épreuve à part entière
Alors que la saison touristique bat son plein, se loger à Paris peut devenir un gouffre financier pour les candidats. D’autant plus que les épreuves orales peuvent s’étaler sur une durée de trois à cinq jours, obligeant certains à rester plusieurs nuits sur place.
"J’ai déboursé 600 euros pour trois nuits dans un hôtel proche du lycée dans lequel j’ai passé les oraux du concours commun INP. Des camarades de prépa ont choisi d’aller plutôt en banlieue pour des raisons budgétaires, mais il y avait plus de temps de transport", explique Maxence.
Cyprien, élève-ingénieur à l’ENSAIT, à Roubaix, a lui aussi rejoint la capitale pour les épreuves orales du concours. "J’ai pu dormir chez un ami de la famille qui habitait dans le centre de Paris, témoigne-t-il. Je n’avais pas d’autre alternative dans un budget raisonnable. Et puis ça s’est fait dans la précipitation car mes oraux débutaient dès la fin juin."
Des solutions d’hébergement proposées par les concours
Sur le plateau de Saclay comme ailleurs, trouver un toit lors des épreuves orales reste un défi. Comme à l'accoutumée, l’école CentraleSupélec cherche à mettre à disposition des candidats des chambres dans les résidences proches du campus.
"On travaille beaucoup avec les résidences pour proposer le choix le plus large possible de logements à nos candidats. On est dans la recherche de partenariats pour des nuitées pas trop cher", explique Alexandrine Urbain, directrice de la vie étudiante et du campus de l'établissement. De plus, le Centre des diversités et de l'inclusion de l’école prend en charge les frais de logement pour les échelons de bourse les plus élevés.
Le logement fourni par l’école d’ingénieurs a coûté 250 euros à Maxence pour cinq nuits. Malgré cette solution d’hébergement, il relève un point négatif. "On devait rendre la chambre le vendredi matin alors que j'avais une épreuve le samedi, j’ai dû prendre une nuit d’hôtel, qui m’a coûté 120 euros", regrette-t-il.
"Pour le concours Mines-Ponts, j’ai réussi à avoir un logement fourni par l’Ecole des Ponts, qui m’a coûté entre 200 et 250 euros pour moins d’une semaine, continue Maxence. Je suppose que l’éloignement géographique a joué en ma faveur. Mais tant que je n’avais pas eu de réponse définitive, je regardais les hôtels et les prix des chambres étaient affolants."
Le transport, une lourde dépense pour les candidats
En plus du logement, le transport vient également alourdir le budget. Anna, désormais élève-ingénieure à Télécom Nancy, a quitté l’île de La Réunion, pour passer les épreuves orales en métropole, comme de nombreux jeunes en outre-mer.
Alors que les prix des billets d’avions grimpent très rapidement durant la période estivale, la jeune étudiante a déboursé près de 800 euros pour s’envoler vers la capitale. "Je ne suis pas boursière donc je n’ai pas pu bénéficier des aides de la région, j’ai financé le vol par mes propres moyens", témoigne-t-elle.
Pour sa part, Cyprien estime avoir dépensé environ 400 euros de transport en train. Un budget qu’il a lui-même pris en charge. "Ma famille avait déjà financé l’inscription aux écrits. Ça représentait une certaine somme mais je faisais de l’arbitrage en basket le week-end", poursuit-il.
Un lourd investissement mais une carrière d'ingénieur à la clé
Les concours des écoles d’ingénieurs représentent une vraie source de dépense pour les candidats. Entre les frais d’inscription, les transports, les hébergements, et l’alimentation sur plusieurs semaines, le budget peut rapidement atteindre plusieurs milliers d’euros.
Maxence a calculé le coût total du budget consacré aux épreuves orales :
350 euros pour le transport (TGV et Pass Navigo),
250 euros pour l’alimentation,
1.370 euros pour le logement
1.530 euros pour les frais d’inscription aux concours, soit un budget total de 3.500 euros.
Malgré ces sommes élevées, les responsables des concours rappellent qu’il faut y voir un investissement sur le long terme. "Après des études d’ingénieurs, les étudiants sont certains d’avoir un emploi bien rémunéré à la sortie. Ils ne mettent pas beaucoup de mois à rembourser leur frais de concours, de scolarité", conclut Anthony Briant, président du concours commun Mines-Ponts.