Vendée Globe : Violette Dorange accueillie en héroïne

Après 90 jours en mer en solitaire, sans escale et sans assistance, Violette Dorange, étudiante ingénieure, a été accueillie en héroïne aux Sables d’Olonne dimanche 9 février. Elle devient la plus jeune navigatrice de l’histoire du Vendée Globe à réaliser cette performance.
Nous l’avions rencontrée le 8 novembre, à deux jours du grand départ. Nous avions pris de ses nouvelles sur Instagram, le jour de Noël (voir vidéo ci-dessous). La voici de retour, après 90 jours, 22 heures, 37 minutes et 9 secondes en mer. À 23 ans, Violette Dorange, la plus jeune navigatrice à prendre le départ du Vendée Globe, a bouclé dimanche son premier tour du monde à la voile en solitaire, sans assistance et sans escale. L’étudiante ingénieure à l'INSA Rennes s'offre une 25e place.
"Je suis allée au bout de mon rêve, a-t-elle réagi à son arrivée. J’ai vécu des choses que je n’aurais jamais imaginées. J’ai traversé des tempêtes avec des vagues de six mètres et des vents violents. J’ai connu des galères, notamment en montant deux fois au mât, mais aussi des moments magiques, comme la découverte de l’île des États, marquant le début de la remontée de l’Atlantique. Le jour du départ et celui de l’arrivée resteront gravés à vie. "
"Cette foule immense, c’est incroyable"
Il faut dire que ses soutiens ont fait les choses en grand. Un virage "Vio", rempli de ses plus fervents supporters et de ses proches, l’attendait dimanche. Vêtus de rouge, une centaine de jeunes et collaborateurs d’Apprentis d’Auteuil, fondation dont Violette est marraine depuis 2020, étaient postés sur les quais des Sables d’Olonne (85) pour accueillir leur championne.
De nombreuses bannières, conçues par les jeunes des différents dispositifs présents, étaient disposées le long du chenal, ainsi qu’une fresque reprenant des dessins venus de tous les établissements. Sans oublier une création pâtissière unique confectionnée par les élèves du lycée professionnel Daniel Brottier de Bouguenais (44), et une chanson composée et écrite spécialement pour Violette, avec le concours des jeunes de l’établissement Notre-Dame de Bon Accueil de Gorges (44).
"Trois mois sans voir un seul visage, et aujourd’hui cette foule immense, c’est incroyable, s’exclame Violette, qui avoue avoir versé sa larme dans le chenal. On m’avait dit que l’arrivée serait une déferlante, mais à ce point-là ! Je tiens à remercier mes copains déguisés en dinosaures, ça m’a beaucoup touchée."

Enthousiasme et persévérance
Si Violette déchaîne les foules, c’est qu’elle a su montrer qu’elle avait tout d’une grande. Alors que la Charentaise a franchi la barre des 600.000 abonnés sur Instagram (en comparaison, Charlie Dalin, vainqueur de cette édition, cumule 71.500 followers, ndlr), elle a conquis le cœur du public par son enthousiasme et sa persévérance face aux nombreux obstacles rencontrés en chemin. Comme ce jour où il a fallu ralentir pour protéger son bateau lorsqu’elle estimait les risques trop élevés, notamment avant les caps de Bonne Espérance et Horn.
"Ce passage au cap Horn, je ne le sentais pas. Une grosse dépression bloquait le passage, comme un barrage. Finalement, elle a été moins forte que prévu. Avec le recul, ce pari n’était peut-être pas le bon, surtout que j’ai ensuite eu des vents forts qui ont fait tomber une voile à l’eau. Mais avec des "si", on referait le monde. J’assume cette décision."
"J’ai tout fait avec des énergies renouvelables"
Forte de son expérience en régate, Violette a dû surmonter plusieurs avaries importantes. Avec courage et détermination, elle a effectué la remontée de l’Atlantique sans moteur. "J’ai tout fait avec des énergies renouvelables. Les hydrogénérateurs et les panneaux solaires ont très bien fonctionné, et je n’ai jamais été en difficulté à cause de ça. Mais j’ai eu d’autres soucis, comme un problème de hook qui a fait tomber une voile à l’eau. J’ai dû la ramener à bord et monter au mât pour la fixer, une première pour moi en solitaire."
Deux jours plus tard, le lashing (arrimage) de la grand-voile a lâché, et est tombée à son tour. Là encore, avec sang-froid et maturité, Violette a dû remonter au mât une deuxième fois, avant de manœuvrer pendant un mois à la manivelle, suite à la cassure de sa colonne de winch (équipement qui permet de démultiplier la traction des cordages).
Alors qu’elle a pu bénéficier d’un parcours aménagé en tant que sportive de haut niveau, l’élève-ingénieure, en spécialité génie physique et matériaux, a pris une césure pour vivre à fond son premier Everest des mers. "Je vais prendre le temps de souffler, de profiter de tout ça, de faire redescendre la pression. Mais bien sûr, je veux continuer la course au large, et participer à une prochaine édition du Vendée Globe." Rendez-vous en 2028 !