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La loi sur le renseignement sous l’œil d’étudiants en informatique

Big Data - Réseaux informatique
Certains parmi les étudiants en informatique redoutent la mise en place d'un système qui permettrait de "ficher et de surveiller" les citoyens et de "réprimer la population" en cas de "dérives totalitaires". © Fotolia
Par Martin Besson, publié le 28 avril 2015
1 min

Le projet de loi sur le renseignement, soumis au vote de l’Assemblée nationale le 5 mai 2015, ne laisse pas les jeunes indifférents. Selon un récent sondage (1), 63 % des 18-24 ans ont répondu que "oui", cette loi pouvait porter atteinte à leur vie privée. Placés aux premières loges, des étudiants d’écoles d’informatique expriment leur point de vue.

Les attentats meurtriers de janvier en France, ceux commis au musée du Bardo en Tunisie et au Danemark, l'attentat récemment déjoué à Villejuif... En réponse à la menace terroriste, le gouvernement français a proposé un projet de loi sur le renseignement. Le texte, qui donne plus de moyens aux services de renseignement français, divise la population. Beaucoup estiment qu'il risque de porter atteinte aux libertés fondamentales. L'inquiétude est particulièrement perceptible dans les écoles d'informatique. Alexis, étudiant à Epitech, à Paris, s'inquiète de la mise en place d'un système qui permettrait de "ficher et de surveiller" les citoyens et de "réprimer la population" en cas de "dérives totalitaires".

Un "Patriot Act" à la française

De son côté, Laurent, son camarade d'école, explique que la récupération de données ouvrirait la possibilité de les stocker et de les agglomérer dans le cadre de regroupement de statistiques. Cela permettrait "d'établir des scores de dangerosité et de commencer une enquête physique sur les personnes. C'est exactement ce que font les États-Unis grâce au Patriot Act, avec des résultats très mitigés", détaille-t-il. En effet, quelques mois après les attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis avaient voté une loi permettant aux autorités d'agir sans l'aval d'un juge, si un risque d'attentat était décelé.

"Une réaction à chaud"

Pour les étudiants en informatique, ce projet de loi manque de réflexion sur "le long terme". Elle est jugée comme une "réaction à chaud et disproportionnée". Suliac, étudiant à l'école 42, va plus loin en affirmant que "c'est une réaction opportuniste pour montrer qu'ils [les hommes politiques] font quelque chose". Selon Laurent, cela "nous pendait au nez. Le cyberespace est devenu un champ de bataille, il fallait le réguler."

De son côté, Bernard Cazeneuve, le ministre de l'Intérieur, a assuré "qu'il n'y avait aucune disposition dans ce texte de loi qui soit attentatoire aux libertés". Mais il a également admis "qu'il y a des dispositions qui peuvent être considérées comme remettant en cause la vie privée et le droit à la vie privée." Alexis n'a rien à cacher mais il insiste : "J'ai ma vie privée et j'ai le droit à ce qu'elle ce ne soit pas diffusée."

(1) Sondage Odoxa pour "Le Parisien" - "Aujourd'hui en France". Enquête réalisée auprès d'un échantillon de 1.003 Français (méthode des quotas) interrogés par Internet les 16 et 17 avril 2015.

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