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Ecologie, IA, low tech… Les grandes écoles adoptent les disciplines du futur

Pour les grandes écoles, il est essentiel de ne pas se faire dépasser par l’actualité.
Pour les grandes écoles, il est essentiel de ne pas se faire dépasser par l’actualité. © iStock
Par Charlotte Mauger, publié le 16 octobre 2024
6 min

Face aux transitions écologique et numérique, à l’actualité ou aux innovations du monde de la recherche, les grandes écoles doivent adapter le contenu de leurs formations, quitte à en créer de nouvelles. Une mise à jour constante qui permet aux étudiants d’être formés pour répondre aux besoins actuels et futurs des entreprises.

Transition écologique, cybersécurité, intelligence artificielle, ordinateur quantique… Autant d'enjeux d'un futur plus ou moins lointain auxquels les cadres de demain seront confrontés, dans leur vie personnelle comme en entreprise.

En école d’ingénieurs comme en école de commerce, les formations doivent donc être adaptées à ces nouveaux besoins. "Nos élèves ont vocation à être des cadres dirigeants, capables de penser à ce que sera l’entreprise dans 10 ans. Alors, de notre côté, nous devons trouver quelles compétences il est important de donner à nos élèves", prévient Anthony Briant, directeur de l’École nationale des ponts et chaussées.

Une mise à jour du contenu des cours

Pour les grandes écoles, il est essentiel de ne pas se faire dépasser par l’actualité. "Or l’évolution des techniques et technologiques est bien plus rapide qu’avant, en termes de transitions écologique, numérique et industrielle. Cela rend d’autant plus important de faire évoluer les cursus", note Jean-Louis Allard, vice-président de la CTI . Même son de cloche côté écoles de commerce : "Cela va tellement vite : on ne peut pas se permettre de changer nos contenus seulement tous les 5 ans", atteste Charlotte Massa, directrice déléguée programme Grande école à l’EM Strasbourg.

Cela rend de multiples formes : création d’un cours, mise à jour du contenu d’un autre, projets centrés autour de l’une des thématiques du futur, etc. "Par exemple, à CentraleSupélec, on a une liste d’une centaine de cours électifs que l’on peut faire évoluer au besoin. Cela nous permet beaucoup d’agilité", décrit Didier Dumur, directeur des études de l'école d’ingénieurs.

Le développement durable en pointe

La crise climatique et les objectifs du développement durable sont aujourd'hui les questions du futur les plus répandues à travers les écoles. Les écoles d’ingénieurs sont même tenues d'intégrer les questions de RSE dans leurs cursus.

"C’est important que le développement durable soit présenté dans tout ce qu’on demande aux étudiants en école de commerce également", pointe Charlotte Massa. À l’EM Strasbourg, ils ont ainsi fait du développement durable l’un des trois piliers de l'école (avec la diversité et l’éthique). "Et on s’est récemment imposé que chacun de nos cours contribue à l’un ou plusieurs objectifs du développement durable", présente par exemple l’enseignante-chercheuse.

À l’École nationale des ponts et chaussées, la durabilité et la sobriété infusent également dans les enseignements. "On s’interroge sur la façon d'intégrer les limites planétaires, la sobriété et les enjeux sociaux dans tous les cours et dans toutes les formations de l’école. Pour certains cours, c'est plus facile que pour d'autres. C’est un gros travail qui est encore en chemin", annonce Anthony Briant.

Apprendre à concevoir différemment

Dans le sens de cette sobriété, la low tech, c’est-à-dire l’innovation intégrant l’aspect utile, accessible et durable du produit, s’impose de plus en plus dans les cursus ingénieurs. Comme à l’Insa Lyon, dont les étudiants sont sensibilisés à ces questions par un projet de conception. "La force du projet, c’est qu’il n’est pas limité à la salle de conception. Mon collègue Thomas le Guennic, sociologue, en a fait la thématique des cours de sciences humaines. Cela accentue la cohérence", note Romain Colon de Carvajal, qui encadre ce projet.

Ce projet rejoint un autre cours donné dans l’école, celui de la conception sobre, qui permet aux futurs ingénieurs de questionner non plus seulement le "comment faire". "Ici on aborde le 'pourquoi faire' et donc la notion de besoin", explique-t-il.

Objectif transition numérique

Bien qu'elle ne rime pas toujours avec la sobriété, la transition numérique ne reste pas sur le banc de touche. Elle est une source importante de changement dans le paysage des écoles. "Ces dix dernières années, on a vu fleurir beaucoup de formations sur la cybersécurité, l’intelligence artificielle et le numérique", rapporte Élisabeth Crépon, directrice de l'Ensta Paris.

À l’ECE, grande école de l'ingénierie numérique, un centre pédagogique de recherche et d’innovation dédié à l’intelligence artificielle a vu le jour : "L’Intelligence Lab est l’équivalent d’un 'FabLab', un lieu physique avec du matériel et des ressources à disposition des étudiants. L’idée est de leur permettre d’apprendre par la pratique, 'd’ouvrir le capot' de l’IA générative, étape essentielle pour comprendre comment elle fonctionne et s’exercer ", décrit François Stephan, directeur général de l'école.

Mais l’intelligence artificielle et la gestion de données ne sont pas l'apanage des écoles d’ingénieurs. De plus en plus d’écoles de management et de commerce forment leurs étudiants à la gestion de données. "La data et l’IA sont l’un des quatre piliers de notre groupe, expose José Milano, président du groupe Omnes Education. D’ici 2026, nos 40.000 étudiants seront formés à ces enjeux, ce sont des compétences importantes dans un contexte où notre société devient de plus en plus technique."

Se préparer au futur plus lointain

Et puis, comme la transition numérique sera peut-être bouleversée par l’arrivée de l’ordinateur quantique, certaines écoles préparent leurs étudiants aux enjeux de l’informatique quantique. C’est le cas de CentraleSupélec : "On s’est rendu compte d’un besoin d’ingénieurs ayant des compétences en informatique quantique. On a alors estimé que c’était le moment de développer une séquence thématique à ce sujet", présente Didier Dumur.

Mais comment estimer que le moment est propice à un ajout, une modification d’un programme : ni trop tôt, ni trop tard ? Pour cela, les grandes écoles peuvent compter sur les conseils et suggestions d’un panel de personnes : les entreprises partenaires, au courant des besoins du monde du travail ; les alumnis, au fait des contenus de la formation et de ses éventuels manques ; les enseignants-chercheurs intervenant au sein de l’école avec une visibilité sur le paysage scientifique ; les élèves et leurs attentes. "Cela permet à l’école de capter les signaux forts et faibles qui pourraient avoir leur importance", explique Jean-Louis Allard. Pour ainsi mieux se préparer au futur.

Vidéo : A quoi ressemble le job d'ingénieur en intelligence artificielle ?

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