Enseignement supérieur privé lucratif : le gouvernement lance une inspection pour plus de transparence

Sous le feu des critiques, l'enseignement supérieur privé lucratif va faire l'objet d'une inspection lancée par le gouvernement pour "une plus grande transparence du fonctionnement des établissements". L'objectif est d'informer et de protéger les familles des possibles dérives. Un label Qualiopi renforcé est également en préparation.
Est-ce la fin du flou ? Le gouvernement veut faire le tri entre les formations de qualité et celles qui lèsent les élèves. Élisabeth Borne, ministre de l'Éducation nationale et Philippe Baptiste, ministre chargé de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, ont lancé, le 10 mars, une inspection interministérielle, "missionnée pour une plus grande transparence du fonctionnement des établissements d’enseignement supérieur privés à but lucratif".
Objectif : "Mettre la qualité au centre de l’ensemble des formations, y compris par l'apprentissage, et notamment dans le secteur privé à but lucratif". Car si certains de ces établissements peuvent proposer des formations très reconnues, d'autres sont moins exigeants. Mais il n'est pas toujours simple de faire la distinction.
Un livre relance le débat sur l'enseignement supérieur privé lucratif
C'est un livre qui a mis le feu aux poudres. Publié le 5 mars, Le Cube, de la journaliste Claire Marchal, revient sur le fonctionnement de Galileo, un groupe qui se présente comme le "leader mondial de la formation" et revendique 240.000 élèves, répartis sur 91 campus dans le monde. En France, il possède notamment le Cours Florent, enseignant le théâtre ou l'école d'art Penninghen.
Salles surchargées, organisation centrée sur la rentabilité…. "Le livre décrit des conditions de formation et d'enseignement qui donnent l'impression d'être dégradées au sein de certains établissements de Galileo. Certains points mentionnés dans le livre seraient vraiment graves", a indiqué Philippe Baptiste aux Echos, le 9 mars.
Le 10 mars, en amont du lancement de la mission, les deux ministres ont reçu Marc-François Mignot-Mahon, directeur général de Galileo Global Education, "afin d’échanger sur les allégations relatives à des pratiques du groupe".
Des alertes depuis plus de deux ans
L'enquête de la journaliste porte de nouveau à l'attention du grand public la question des possibles dérives de l'enseignement supérieur privé lucratif, en plein essor depuis le développement des aides à l'apprentissage, lié à la loi de 2018 sur la liberté de choisir son avenir professionnel.
Depuis décembre 2022 et l'alerte de la DGCCRF sur les pratiques commerciales trompeuses de certains acteurs, la question occupe les ministères sans avoir trouvé d'issue, du fait notamment des changements de gouvernements.
Le gouvernement actuel s'est d'ailleurs déjà exprimé sur le sujet : en janvier dernier, Philippe Baptiste avait annoncé que les formations jugées frauduleuses pourraient disparaitre de Parcoursup.
Un label Qualiopi renforcé en préparation
Un temps envisagé par le ministère de Sylvie Retailleau, le nouveau label qui devait être créé pour rendre plus lisible l'offre de formations pour les élèves et leurs familles a été abandonné, a révélé Philippe Baptiste aux Echos.
Cependant, les deux ministères travailleront avec Astrid Panosyan-Bouvet, ministre chargée du Travail et de l'Emploi, "au renforcement du dispositif Qualiopi qui conditionne l’obtention des financements de l’apprentissage. Le label sera ainsi, dans sa future version, plus exigeant s'agissant des critères d'évaluation de la qualité des formations". Une mise en place prévue début 2026, selon le ministre.
De plus, les deux ministres indiquent être "très attentifs" aux deux propositions de loi des députés Emmanuel Grégoire et Jean Laussucq, qui visent à "améliorer la régulation de l'enseignement supérieur privé à but lucratif".
Pour faire son choix, des labels peuvent aider à mieux comprendre les cursus. De quoi se repérer et savoir notamment si la formation ciblée garantit une poursuite d'études ou le droit à une bourse.